« Tout est prêt », affirma, le 17 juillet 1870, le maréchal Le Boeuf, ministre français de la Guerre, « j 'entends par être prêt, que si la guerre devait durer un an, nous n'aurions pas besoin d'acheter un bouton de guêtre... ».

Le 19 juillet, la France déclara la guerre à la Prusse. Un mois plus tard, le 1 septembre, Napoléon III capitula honteusement à Sedan. Le 4 septembre, la République fut proclamée à Paris. En Avignon, le soir même, la proclamation fut officiellement faite et la sonnerie de Jacquemart ne cessa pas de toute la soirée et elle reprit le lendemain matin (1).

Comment en était-on arrivé là ? Dans une société à bout de souffle, l'empereur, pour sauver son trône, se lança dans une dernière aventure militaire. Alors que le pouvoir était dominé par des « ... pillards, intrigants, fourbes [et] des crétins... » (2), et par « la bourse [qui était] devenue pour cette génération ce qu'était la cathédrale au Moyen Âge (3) ». À l'opposé, Victor Hugo protestait contre ce pouvoir défaillant. Il défendait ceux qui n'avaient que leurs mains pour vivre : «... la famille pauvre expire sur la paille, sans porte ni volet, Le père en frémissant va mendier dans l'ombre ; la mère, n'ayant plus de pain, dûment sombre ; L'enfant n'a plus de lait... » (4).


I. L'EMPIRE À BOUT DE SOUFFLE


La vie économique et sociale

Vers la fin des années 1860, la montée du mécontentement s'accentua à l'égard de la politique intérieure de l'Empire. Une de ses sources fut la crise économique quasi universelle. Elle prit naissance aux États-Unis, gagna l'Angleterre, puis la France où elle se fit cruellement sentir. Elle se traduisit par un ralentissement de la production, de la consommation, par une grave rupture d'équilibre de la Bourse, par la diminution des profits et des salaires. Elle atteignit son point culminant dans la seconde moitié de 1867. Louis Reybaud (5) écrivait en décembre 1867 dans le journal des Économistes : « ... voici plusieurs mois déjà que l'industrie traverse une crise dont l'intensité donne à réfléchir... Il faut dire que les proportions de la crise laissaient un rôle à peine perceptible aux petits palliatifs. Ce qui distingue en effet celle-ci des crises antérieures, c'est un caractère de généralité dont il y a peu d'exemples... » (6). Le mécontentement croissant des Français inspirait de sérieuses appréhensions au gouvernement. La crise industrielle et la mauvaise récolte de 1867 avaient pour résultat une aggravation du chômage. La hausse ininterrompue du prix du pain créait une agitation constante au sein de la population ouvrière. À Lyon la Croix-Rousse, comme dans les faubourgs de Paris, la police découvrit des placards antigouvernementaux ; dans l'un d'eux, on pouvait lire « ... Depuis quinze ans qu'un intrus a usurpé le pouvoir, vous gémissez dans la plus grande misère. Néanmoins, vous fiant aux promesses mensongères du bâtard, vous êtes restés calmes jusqu'à ce jour. Mais aujourd'hui, son despotisme n'a plus de bornes, et l'infâme tyran n'a pas craint... de faire égorger vos fils dans les guerres lointaines ....réveille-toi, peuple... souviens-toi qu'il ne faut qu'une vague pour engloutir la barque... » (7).

En 1868, à Sorgues, devant l'impéritie de l'exécutif et son absence de volonté de prendre les problèmes à bras-le-corps, la colère grondait. Elle s'exprima publiquement au café Guinas. Touron, ancien agent de police, insulta Bédoin, adjoint au maire, et le Maire en ces termes : «... Bédoin, votre adjoint, Monsieur le Maire et ses conseillers municipaux... étaient tous des canailles, des gens de rien que la République allait éclater dans 8 jours, qu'il fallait qu'il coupe 350 têtes dans le département... » (8).


La politique extérieure

Au mois de juillet 1866, au cours de la guerre austro-prussienne à Sadowa, la neutralité de Napoléon III permit à la Prusse d'écraser l'armée autrichienne. Elle assura au petit royaume de seize millions d'habitants d'être à la tête de la Confédération d'Allemagne du Nord de trente millions de sujets.

D'avoir laissé égorger l'Autriche, selon le mot de la reine Sophie de Hollande (9), fut une faute, l'opinion publique hexagonale en ressentit la honte. Bismarck, stupéfait de la manière dont la politique étrangère était menée, déclara : « Napoléon III est... d'une incapacité jusqu'ici méconnue... » (11).

En février 1867, nos dernières troupes évacuèrent le Mexique. Le 19 juin, Maximilien' était exécuté à Querétaro mettant un point final à la tragique expédition. Cette aventure, commencée au cours de l'automne 1862, visait à créer un empire colonial français en Amérique. Elle avait exigé de la France d'énormes dépenses pour l'entretien d'une armée d'occupation de près de 40 000 hommes.
Auguste Blanqui constatait : « les affaires d'Allemagne et du Mexique sont accablantes pour le pouvoir [il estimait que] la France y avait perdu la moitié de sa puissance morale... » (12).

À Rome, après avoir retiré le corps expéditionnaire que le gouvernement entretenait depuis 1864, le pouvoir impérial renvoya d'urgence la division du général de Failly (13), pour s'opposer à une tentative garibaldienne d'occupation. Cette unité militaire remporta la bataille de Mentana. Cet officier général rédigea un rapport maladroit [où il indiquait que] « les chassepots firent merveille ».

Du guêpier mexicain en piège italien, le prestige impérial s'effritait rapidement, la diplomatie fut la cible de critiques très âpres du Corps législatif, de la presse et de la population.

Pour sauver son trône, Napoléon et son ministre Émile Olivier (14) choisirent le terrain du plébiscite, pensant se refaire une virginité durable et battre l'opposition.

Un sénatus-consulte (15) laissait la possibilité à l'empereur de faire appel au peuple. Utilisant ce droit, Napoléon organisa le 8 mai un référendum sur le texte suivant : « Le peuple approuve les réformes libérales opérées dans la Constitution depuis 1860 par l'empereur avec le concours des grands corps :d'État, et ratifie le sénatus-consulte du 20 avril 1870 ». C'était une question piège. Comment refuser les améliorations sans risquer de conforter les adversaires d'un assouplissement du régime et comment accepter et encourager les évolutions sans plébisciter celui qui était présenté comme leur auteur ? Au cours d'une campagne électorale ardente où s'affrontèrent les « comités du oui » qui en appelaient à l'ordre et les « comités du non » formés d'irréconciliables qui réclamaient la justice et la morale, l'opposition se divisa : les modérés rejoignirent le clan gouvernemental tandis que les radicaux campèrent sur leurs positions. Sur 10 535 000 électeurs, on dénombra 7 336 000 oui (69,90 %) et 1 560 000 non (14,8 %). Le département de Vaucluse vota oui à 64 %. (16)

Après le plébiscite aux palais des Tuileries (17), la maison impériale se disait : « Nous voilà fortifiés au-dedans ; un peu de gloire militaire par là-dessus, et nous avons un bail de vingt ans... » (18). Le contraire se produisit, ce fut la débandade complète de nos armées.

La France en guerre

Le 19 juillet, le ministre des Affaires étrangères remit à l'ambassadeur de Prusse à Paris une note dans laquelle la France se considérait comme en état de guerre.

L'empereur, par décret, réveilla la garde nationale mobile créée par la loi du ter février 1868, en sommeil depuis cette date. À la hâte, des bataillons furent mis en place.

La mobilisation générale se fit dans le plus grand désordre. Un important nombre de gardes nationaux mobiles, d'anciens militaires ou de militaires appelés vaguaient et séjournaient dans les gares ou dans les villes et autres localités avec ou sans destination connue. (19) Le ministre, comte de Palikao, ajoutait «À cet effet, des mesures devront être prises pour que les hommes dont il s'agit soient conduits devant l'autorité militaire » (20).

Le 6 août se déroula la bataille de Frœschwiller-Woerth, dite aussi de Reichshoffen, qui fut un désastre pour l'armée française. Courageusement, les Français se battirent à un contre quatre et les fameux « cuirassiers de Reichshoffen » (de la brigade Michel) se sacrifièrent héroïquement lors de grandes charges contre les Prussiens qui les piégèrent et qui les abattirent presque à bout portant. Cette défaite fut un effondrement au gouvernement. Ludovic Halévy s'exclama : «A moins d'un miracle nous sommes perdus. Cela a tout l'air du Sadowa français... Voici la fin de l'Empire... » (21). Le Corps législatif, après ce funeste événement, vota la loi qui autorisait le ministre de la Guerre à réunir sous les armes les gardes mobiles non encore incorporés, parmi lesquels ceux de Vaucluse. Une loi du 10 août appela à l'activité tous les anciens militaires non mariés au-dessous de 35 ans.

L'épiscopat, dans un élan patriotique, priait pour le succès de nos armées. Il s'adressait égalèment à Dieu pour le Souverain qui commandait l'ensemble des forces militaires, pour le Prince impérial qui servait dans les rangs et pour l'Impératrice qui partageait toutes les sollicitudes des mères. Le 15 août, en considération des graves circonstances qui se produisaient, emprunta un caractère particulier : l'ensemble des évêques, pensant entrer dans le sentiment intime des Français, ordonna qu'un TE DEUM solennel, suivi de la prière à l'Empereur, soit chanté le jour de l'Assomption dans toutes les églises de France. (22)

II. LE VAUCLUSE S'ORGANISE

Le 14 août, le préfet, se conformant aux directives gouvernementales, chargea les maires de chaque commune de la réorganisation de la Garde nationale. (23) Dans les bataillons constitués, les officiers élus étaient choisis parmi d'anciens militaires.

Deux unités se formèrent : l'une comprenait les hommes des arrondissements de Carpentras et d'Orange, l'autre, les appelés du reste du département. Elles étaient composées d'individus non mariés des cinq classes antérieures qui, par leurs numéros de tirage, n'avaient pas été versés dans la troupe active.

Dans un mouvement enflammé de patriotisme, des dames et des demoiselles de Vaucluse demandèrent à être dirigées sur l'armée du Rhin pour donner des soins aux blessés.

Le 5 août, le ministre de la Guerre faisait savoir que le service des ambulances de l'armée était exclusivement assuré par des infirmiers militaires. (24)

Le 22 août, deux mille recrues arrivèrent à Avignon. Elles composaient les deux bataillons des gardes mobiles de Vaucluse. Elles furent logées, une partie dans la caserne Napoléon, en bas de l'avenue de la gare [actuellement, cité administrative, cours Jean Jaurès], d'autres caserne des Passagers, quelques-unes chez l'habitant. Elles reçurent en fait d'équipement une blouse en coton bleu, une casquette de même couleur, un ceinturon accompagné d'une giberne (25) et un fusil modèle 1852 de qualité médiocre. Sans attendre, l'instruction militaire commença sur-le-champ. Les hommes recevaient une solde d'un franc par jour, les sous-officiers, un franc vingt-cinq, tous étaient autorisés à se nourrir où bon leur semblait.

Le 4 septembre, naissance de la république Le 4 septembre, le gouvernement de la défense nationale décréta une amnistie pleine et entière à tous les condamnés pour crimes et délits politiques et pour délits de presse depuis le 3 décembre 1852 jusqu'au 3 septembre 1870. (26)

Manifestations de joie

Avignon apprit, dès le matin du 4 septembre, les évènements arrivés à l'armée du Rhin la veille et l'avant-veille.

Le premier septembre, Mac-Mahon, après de multiples accrochages, pensa trouver refuge à Sedan. Pratiquement encerclé, il tenta une percée et fut grièvement blessé dès le début de l'action. Le général de Wimpffen, protégé du nouveau premier ministre (le général Cousin-Montauban, comte de Palikao) réclama le commandement auquel il pouvait prétendre. Il annula la tactique du général Ducrot et permit ainsi à l'ennemi de consolider l'investissement de l'indéfendable « cuvette » de Sedan. Le 2 septembre, il ne resta à l'armée allemande qu'à dénombrer le butin : 1 empereur, 1 maréchal, 39 généraux, 82 000 hommes valides, 600 canons... (27) L'empereur s'étant constitué prisonnier, n'ayant plus de commandement, ce fut au général Wimpffen de signer le traité de capitulation dont la mise à exécution fut immédiate. (28)

Les événements advenus à l'armée jetèrent la consternation sur tous les visages. Cependant les Avignonnais, ayant eu vent de la capitulation de Sedan, des groupes d'hommes hostiles au gouvernement, au milieu desquels se distinguaient Gustave Gent, le frère cadet d'Alphonse et Bordone, ancien chef d'état-major de Garibaldi, manifestèrent publiquement leur joie. Dans cette période de passation de pouvoir entre l'ancien régime et la République qui s'installait, le désarroi était total dans les milieux bonapartistes et royalistes.

Les officiers reçurent l'ordre de passer la nuit aux corps de garde, notamment celui de la caserne Napoléon pour parer à toutes scènes de désordre qui pourraient se produire.

À 8 heures du soir, la caserne Napoléon, du côté de l'avenue de la gare, fut entourée par 4 à 500 ouvriers ou « voyous » (29), jugement plein de mépris porté par une caste aristocratique face à des républicains. À cette époque, bien peu d'officiers supérieurs se rallièrent à la République, ils demeurèrent bonapartistes, orléanistes ou carlistes. Les manifestants se firent ouvrir les portes de la caserne, « elle fut soumise à un pillage général des armes dans l'armurerie ».(30)

Des manifestations de joie éclatèrent spontanément, des mobiles des environs de Pertuis et Cavaillon, drapeau en tête, désertèrent en « hurlant » [sic] le chant du départ. Ils imaginaient les lois de l'Empire abolies et être dégagés de toute obligation. Ce fut le commandant de Merles (31), fidèle au maître qui dirigeait hier, qui arrêta la démonstration bruyante.

Pour maintenir l'ordre, de fortes patrouilles et piquets en armes étaient fournis pour la garde de la ville et la protection de l'archevêché et des établissements religieux. Dans l'après-midi du 6 septembre, une émeute éclata à la caserne Napoléon. Des républicains [de Faucher dans son livre les nommait des forcenés] appartenant tant « ... à l'élément civil le plus bas de la ville, qu'aux deux bataillons de mobiles [tentèrent] d'assassiner le cantinier qui voulait s'opposer à leurs déprédations... » (32). Ils le ligotèrent et s'apprêtaient peut-être à le molester. Il dut son salut à la présence d'un sous-officier d'active qui, en compagnie de six hommes et un caporal, l'escorta jusqu'au poste de l'hôtel de ville. Le munitionnaire, gardien de la caserne, s'opposa à ce que des partisans du nouveau régime escaladent les toitures pour renverser les aigles de pierres qui en ornaient les angles ; plusieurs furent précipitées au sol et brisées (33).

Un grand nombre de volontaires enrôlés à Marseille, notamment des zouaves, arrivèrent dans la nuit à Avignon. Des patrouilles composées de compagnies entières avec leurs officiers furent chargées de maintenir l'ordre dans la ville dans certains quartiers suspects, plus particulièrement devant les couvents et autres établissements religieux. Les trois premières brigades du bataillon, sous les ordres d'un officier, partirent pour tenir garnison à Carpentras. La grande caserne Napoléon fut évacuée par les mobiles et cédée aux zouaves.

Comité de défense du département de Vaucluse

Dès le 6 septembre, Cyprien Poujade, médecin à Carpentras, connu pour son opposition à l'Empire, occupa le poste de préfet de la défense nationale nommé par le gouvernement Gambetta'. L'ancienne classe dirigeante, seigneuriale, militariste, propriétaire foncière tentait de faire obstacle par une politique désorganisatrice à l'action ministérielle. Ce courant conservateur « ... tenait tête aux républicains, il dominait un comité de défense... » et il refusait de s'entendre avec la gauche vauclusienne. (35)

Mais, pour les républicains, le plus pressé fut de former des francs-tireurs parce qu'ils n'avaient guère les moyens de lever une armée régulière. Paris faisait face à une situation difficile : le siège par les Prussiens. La volonté du département était de venir en aide à la capitale par l'envoi de partisans afin de frapper par-derrière le plus possible les assiégeants. Il fallait aller très vite, le comité manquait d'armes. Un ingénieur mécanicien, Joseph Perre, pour les besoins de la défense nationale, proposa de transformer les vieux fusils à silex (36), restés sans emploi dans les magasins du palais des papes, en fusils à aiguille.(37)-(38) D'après ce technicien, l'arme ainsi convertie deviendrait « une sorte de chassepot simplifié ». Le 6 octobre, au champ de tir des Angles une première expérience fut concluante. Elle avait besoin d'un réglage convenable de la hausse. Le tir était régulier sans ratés, mais sa justesse n'avait pas tous les résultats désirables. L'irrégularité des coups tirés provenait des canons des fusils à pierre. Ils étaient occasionnés soit par une négligence totale dans leur entretien, soit par une irrégularité dans la fabrication. Joseph Perre promit d'apporter des améliorations et il annonça que son atelier de transformation des fusils était opérant. Il était en mesure de transformer en fusils à aiguille 20 000 vieux fusils. Pour approvisionner ces armes, le comité demanda au Gouvernement la reconnaissance d'une cartoucherie à Avignon, avec l'allocation des crédits nécessaires.(39) Au 10 décembre, l'ingénieur mécanicien fut en mesure de livrer 3 000 fusils et, dans le courant du mois, 4 à 5 mille supplémentaires. Le comité envisagea de réduire de moitié la commande et de rétrocéder 10 000 fusils non transformés au gouvernement.

Le gouvernement qui avait traité avec PERRÉ pour la transformation des fusils à silex déposés dans les magasins de l'état à Avignon, invita les maires (disposant de flingots supérieurs au nombre de mobilisables) à vouloir bien retourner l'excédant. Ensuite, il rendait les communes responsables de leurs armes, toutes réparations et dégradations seraient mises à leur charge. (40)

La préfecture, débordée par le travail accablant de la mobilisation de la Garde nationale du département, rendue considérable par un décret du 2 novembre qui appelait tous les hommes valides de 20 à 40 ans, sans exception, chargea le comité de suivre l'achat des équipements et habillements de ces milices destinées à combattre au front. Chaque département était tenu de mettre sur pied, avant deux mois, une batterie d'artillerie avec son personnel, par 100 000 habitants. C'était une demande exorbitante, qui exigeait du département la fourniture d'au moins deux batteries et demie d'artillerie plus le personnel.

Cela représentait d'énormes charges financières. Malgré tout, le comité mandata deux dessinateurs à Bourges pour y relever les types de canons et d'affûts (41) Joseph Perre fut chargé par le comité de fabriquer et livrer rapidement les canons nécessaires.

Création des corps francs

Le 12 octobre, une première compagnie de francs-tireurs de cent hommes organisée sur des bases concertées entre eux voyait le jour. Elle était divisée en quatre groupes dont l'encadrement avait été élu par l'ensemble des recrues. Ce mode s'inspirait de la constitution de 1793, qui ne fut jamais appliquée, qui affirmait : « Tous les Français sont soldats. Chaque citoyen a un droit égal à concourir à la formation de la Loi et à la nomination de ses mandataires et agents. » Ces combattants qui ne faisaient pas partie d'une armée régulière étaient organisés avec le concours de souscriptions communales et particulières de tout le département. (42) Ainsi messieurs Contesse, opticien, et Protin avaient souscrit pour les frais d'équipement d'un franc-tireur, soit la somme de 110 francs. Contesse continua en offrant deux lunettes et deux boussoles destinées à la marche des miliciens, pour un montant de 102 francs.

Les corps francs décidèrent de porter le même costume, officiers et hommes de troupe. Les marques distinctives de leur grade consistaient en de simples petits galons d'or mat d'environ deux millimètres de largeur. Le commandement fut armé de sabres provenant du dépôt du palais des Papes.(43)

La mobilisation des volontaires permit de créer une seconde compagnie ; en tout, trois cents hommes furent incorporés. Le 21 octobre, le comité reçut une dépêche du général Garibaldi qui demandait le départ le plus prochain des francs-tireurs. Ce révolutionnaire s'était mis à la disposition de la jeune république et livrait un combat contre les Prussiens dans les Vosges où il organisait l'armée en compagnie de ses deux fils Ricciotti et Menotti. Le 29 octobre, les deux compagnies partaient pour Dôle, avec la volonté de faire honneur à l'héroïque devise inscrite sur leur drapeau « Vaincre ou mourir ». (44)

Le comité se chargeait, à la demande des bataillons, d'une solde nette de 1 franc 50 par jour, pour chaque engagé, plus les frais d'habillement et d'équipement. Il soutenait financièrement les familles des enrôlés dans le besoin. Les francs-tireurs blessés rentrant dans leurs foyers pour s'y faire soigner percevaient leurs soldes jusqu'au retour dans leur corps.

Le 1er décembre, la première compagnie se débanda complètement lors du bombardement de la ville d'Autun (Saône et Loire) et vingt-quatre de ses membres fuirent jusqu'à Lyon et Avignon. L'effet produit dans le Vaucluse fut désastreux, les dons en argent baissèrent immédiatement. Le comité décida de réorganiser l'unité : au 27 décembre, elle ne comptait plus que 95 hommes. Ces francs-tireurs, qui avaient pour la plupart quitté leur foyer et leur emploi, avaient tout à apprendre du métier de militaire. Ils eurent à affronter une armée aguerrie, ce qui pourrait expliquer la défaillance de certains par manque de formation.

Le 2 janvier 1871 à Chanceaux (Côte-d'Or), les miliciens, vraisemblablement épurés des défaillants, affrontèrent l'ennemi avec courage. Le lieutenant-colonel Loste, qui les commandait, signala leurs excellentes conduites. Cette déclaration fut confirmée par le général Menotti Garibaldi qui, le 11 janvier, rendit hommage à l'intelligence et à la bravoure déployées par les deux compagnies vauclusiennes. Il soulignait que les faits regrettables incriminés à Autun étaient dus à des exceptions.

Au cours du mois d'octobre 1870, à l'invitation du comité de défense de Vaucluse, le maire de Sorgues ouvrit une souscription en vue d'offrir au général Garibaldi un cheval d'honneur. Les donateurs verraient leurs noms inscrits dans les journaux.(45)

La guerre terminée au mois de mars 1871, les deux groupes de francs-tireurs rentrèrent dans leurs foyers.

Dans sa séance du 23 mai 1871, le comité examina le cas de cinq francs-tireurs blessés ou malades par suite de la campagne. Il est important de les signaler car, du conflit franco-prussien, rares sont les informations sur les participants « Morts pour La Patrie ou blessés au cours des combats ».

Le lieutenant Faïsse fut gravement blessé à la main le ler décembre à Autun. Il était dans l'impossibilité temporaire de travailler, le comité lui alloua un secours journalier de 1 franc 50.

À François Talangran, caporal-fourrier, gravement malade depuis le 5 janvier, après avoir courageusement fait campagne, ayant eu les pieds gelés. Il était menacé d'être estropié pour la vie, amputé du gros orteil du pied droit, et restant en traitement à ses frais. Le comité lui alloua 300 francs, ensuite il lui fut alloué un secours de 120 francs, pour atteindre en tout 1 000 francs.

À Jean-Baptiste Devèze, de Saint-Laurent des Arbres (Gard), franc-tireur de la lere compagnie, blessé par une balle à la poitrine, devant Talant près de Dijon, le 20 janvier. Trop faible pour exercer sa profession de cultivateur, le comité lui accorda une indemnité de 65 francs, jointe aux 35 francs déjà perçus, ce qui constitua un secours total de 100 francs.

À Alban Picard, de L'Isle-sur-la-Sorgue, franc-tireur de la 2e compagnie, gravement blessé à la main gauche, en traitement, sans possibilité de travailler pour l'instant. Le comité lui accorda un secours journalier de 1 franc payable chaque mois, sans engagement de la part dudit comité.

À Hippolyte Lejean, de Sorgues, franc-tireur de la deuxième compagnie, blessé à la main, il lui fut alloué un dernier secours de 100 francs.

Pêcheurs de lune

Les Vauclusiens mirent rapidement en cause l'état de délabrement des structures militaires et leur impuissance face à l'ennemi. En peu de temps, de nombreux administrés départementaux, animés par un sentiment patriotique, proposèrent au Comité des armes de leur invention. Il faut le souligner, leurs auteurs très honnêtes étaient de doux rêveurs. Nous allons en évoquer quelques-unes parmi les plus curieuses.

Le premier, un certain M.A. Beaume, présenta une étude sur les aérostats et la manière de les utiliser comme messagers et comme moyen de stratégie, en omettant un composant : la façon dont la nacelle pourrait se diriger avec efficacité.

Ensuite, le comité examina en détail un modèle de mitrailleuse en bois. Le système proposé semblait bien lourd et très inférieur à celui des armes à feu jusqu'ici employées avec succès. Les examinateurs refusèrent le trait de génie d'autant qu'il n'y avait aucun des éléments à leur disposition pour juger.

Messieurs Audouard et Palun de Pernes annonçaient l'invention d'une bombe particulièrement capable de rendre les plus grands services à la Patrie, mais l'information n'était pas accompagnée d'indications sur la nature de la fabrication. Même démarche de Pons, menuisier à Beaumes de Venise qui pouvait vendre une certaine quantité de poudre, au prix de 5 francs le kilogramme, mais en oubliant de donner la qualité de la substance. (46)

Roubaud de Lapalud transmit au comité un mémoire sur la défense nationale qui répétait des idées déjà émises. Il envisageait, simultanément, la façon de réaliser des ressources pécuniaires, d'abord par des dons patriotiques, des emprunts plus ou moins forcés et un impôt d'un milliard sur tous les fonctionnaires, y compris les sénateurs, les députés, les tribunaux et les corporations religieuses. Le comité refusa.

Sorbière apporta, selon lui, un moyen infaillible pour détruire l'état-major prussien et même des corps entiers de troupes. Il glissait, dans une bombe, un petit mécanisme d'horlogerie qui faisait agir sur la détente au bout d'un temps déterminé. Pour que cette invention soit utilisable, il aurait fallu connaître le temps- à la minute près du passage de l'ennemi.

III. SORGUES

Au mois d'août, Antoine Isnard, maire, recensa les futures recrues destinées à la garde mobile sédentaire. Pour l'année 1865, quarante-quatre conscrits, dont onze ne savaient ni lire ni écrire, un seul était apte de signer, tous parlaient le « patois », certains le français, mais habituellement ils s'exprimaient dans leur langue maternelle, trois étaient exemptés pour leur taille inférieure à un mètre soixante. L'année 1866, l'édile lista quarante-huit « bleus », dont trente-six étaient classés s'exprimant à peine en français, peu capables de rédiger un texte, six étaient illettrés, et vingt et un libérés pour insuffisance physique.

L'année 1867, la conscription totalisa quarante-six appelés, cinq analphabètes et douze exemptés pour faiblesse de constitution. (47)

Le 4 septembre, ce fut Hippolyte Bédoin qui, du balcon de la mairie, déclara que la France était de redevenue républicaine. Le 16 septembre, il annonçait triomphalement que la milice était organisée avec simples « pierrots» (48) et encadrement complet ; il demandait la mise à la disposition de 700 fusils nécessaires à l'armer. C'était irréaliste, d'autant que les fusils indispensables au contingent face à l'ennemi faisaient défaut. En attendant, on se structurait, la préparation militaire s'exerçait pendant la semaine et le dimanche. De nombreux Sorguais prenaient part à l'effort de guerre, cinq comités virent le jour, chacun avec un rôle spécifique. Voici le répertoire de ces assemblées : Les « Dames de Sorgues », qui s'occupaient des oeuvres paroissiales, réunirent un nombre appréciable de dons en linge et en argent.à destination des blessés,
• Un comité de secours pour les soutiens de famille à l'armée, créé depuis le mois de septembre, assurait des dons en papier-monnaie. Chaque foyer recevait en moyenne un franc par jour. L'afflux de versements lui permit de fonctionner plusieurs mois.
• Un comité provisoire en peu de jours recueillit l'argent nécessaire pour fournir à la compagnie mobilisable deux chemises de flanelle et des chaussettes de laine pour chacun des enrôlés.
• Un comité de secours aux blessés qui, à peine organisé, put réunir les ressources suffisantes pour mettre sur pied une ambulance pour 25 blessés [organisée par Henri Leenhardt (49) et l'offre de recevoir dix blessés chez des particuliers. Les membres du comité attendaient d'accueillir sous peu trente blessés promis par l'intendance.

Pour finir, une société, dont les « Dames de Sorgues » faisaient partie, avait pour mission de réunir des aides en argent et en linge de corps chaud pour les malheureux soixante-deux prisonniers [la liste nominative se trouve en fin d'article] et un peu de numéraires et de fournir des secours équivalents aux mobiles de Sorgues appartenant à des familles nécessiteuses.
Ces mêmes « Dames » emballèrent, le 11 janvier suivant, deux paquets de vêtements chauds qu'elles avaient recueillis et confectionnés pour les mobiles de Sorgues. Ils comprenaient dans l'un, cent gilets de flanelle, dans l'autre, cent paires de gants, cent trente-deux paires de chaussettes, trente-six paires de manchettes en laine. Elles exprimèrent le voeu que ces effets aient été plus spécialement distribués aux Sorguais, sans en faire une règle absolue. En dehors de ces organisations, le bureau de bienfaisance et la Société des Dames de Charité s'activaient dans le même but. George Sand écrivait douloureusement : « ... une armée sans armes, sans pain, sans chaussures, sans vêtements et sans abri ne peut pas résister à une armée pourvue de tout et bien commandée... ».(50)

Auguste Durand, chef de bataillon, envisageait de fonder une Société de Secours pour venir en aide aux militaires les plus nécessiteux. Ce à quoi, Baptistin Bernard, un des fondateurs de la Société de Secours mutuel de Sorgues (51), lui fit remémorer les obstacles qu'il avait eu à vaincre pour la créer. À chaque instant, il était arrêté par des pensées routinières : « la peine que l'on a eue pour inculquer dans la tête des ouvriers que cette société était tout à leur avantage et non à celui qui se chargeait de la conduire... » (52), ajoutait-il par lettre du 7 décembre. De plus, le climat moral sorguais était morose : depuis trois ou quatre mois, il circulait de nombreuses listes de souscriptions et les gens commençaient à en être fatigués. La mairie reçut de la délégation italienne, traitant du soutien aux volontaires garibaldiens, 500 billets de loterie afin de leur apporter une assistance financière.

Gardes mobiles blessés au combat ou malades

Le 16 décembre, la préfecture avisa maître Brunel, notaire, de préparer l'ambulance afin de recevoir vingt-cinq hommes et six chez monsieur Verdet. Le pli ajoutait : « davantage si cela était possible ». Il se pouvait qu'il s'agisse d'une maison de soins improvisée dans un immeuble sorguais ou d'un hôpital mobile de ceux qui suivaient les armées en campagne.

La garde mobile sédentaire

Les gardes civiles sédentaires furent organisées en cinq compagnies avec, à leur tête, Auguste Durand, chef de bataillon, en dessous des officiers subalternes, des sous-officiers, des caporaux et des hommes de troupe. L'autorité de tutelle était le maire. C'était un corps armé mais non rattaché à l'armée de métier. Une compagnie était vedénaise.

Le lieu de rendez-vous

Le lieu de rassemblement était au rez-de-chaussée de l'Hôtel de Ville. Il était vétuste, un officier déclarait le 7 décembre 1870: «Je n'ai pu faire manoeuvrer le cadre de ma Cie, lundi soir, faute de local et d'éclairage, il serait bien de s'entendre de nouveau à ce sujet, si nous devons donner suite à notre projet d'instruire les cours le soir, ce qui me paraît difficile à cause des rigueurs de la saison dans laquelle nous rentrons et de la bonne volonté plus qu'incertaine de ceux qui doivent recevoir cette instruction ». Une autre fois, le poste de police était imparfaitement éclairé par des bougies, le gaz avait fait défaut. Le factionnaire chargé de la surveillance des armes demeura dans l'obscurité la plus complète, souligna le rapport. Les petits objets nécessaires à la vie en garnison manquaient, comme une simple cruche à eau ou les serrures des portes qui fermaient mal. La précipitation avait guidé la création de cette caserne.

Composition sociale des unités

Les unités manquaient souvent d'instruction générale et militaire ; elles étaient encadrées et disciplinées d'une façon très variable, mais toujours insuffisante. La composition sociale de cette armée reflétait l'ensemble des personnes actives de la commune en âge d'être incorporées, la majorité était ouvrière ou agricultrice. Ils n'étaient pas casernés et ils demeuraient chez eux.

Par décision du 31 octobre du gouvernement de la défense nationale, le docteur Gonnet Frédéric fut nommé chirurgien major. Il faut noter que le médecin n'était qu'officier de santé, c'est-à-dire qu'il avait obtenu ce diplôme après trois années d'étude, au lieu de six pour un docteur en médecine. Au front, quelle aurait été sa réussite devant, par exemple, une amputation ? Ce qui vient tout de suite à l'esprit, c'est la catastrophique opération chirurgicale que fit Charles Bovary, officier de santé, dans le roman « Madame Bovary » de Gustave Flaubert.

Ernest Burnand, employé de commerce à l'usine du Griffon, citoyen helvète, frère du célèbre artiste-peintre lausannois Eugène Burnand, à sa demande, fut intégré dans la garde. (53)

La masse la plus importante des mobiles était d'origine ouvrière ou paysanne. En vertu des instructions ministérielles, les exercices militaires devaient avoir lieu chaque jour pendant deux heures, soit quatorze heures par semaine, le travail des salariés et des agriculteurs en souffrait ; d'autant que, de l'aveu du préfet, les crédits n'étaient pas suffisants. Poujade, préfet, incapable d'honorer entièrement la paye des pioupious, pour ne pas les priver des ressources provenant de leur activité civile, décida que les répétitions s'accompliraient dans la matinée et dans l'après-midi de chaque dimanche et le samedi ou le lundi suivant que les maires le jugeraient convenable afin d'atteindre les quatorze heures réglementaires. Ces dispositions pénalisaient les soldats, beaucoup effectuaient ainsi deux emplois : le travail et l'exercice militaire. Au cours des mois de novembre et décembre, c'était l'époque de la cueillette des olives ; ils étaient nombreux à se consacrer uniquement à leur récolte. Après le ramassage des fruits, le soir, ils les portaient au propriétaire, sans aucun don d'ubiquité, ils manquaient à l'entraînement. Perrot Louis, le 31 octobre, refusa de se rendre au poste parce qu'après avoir participé à la collecte des olives, à minuit il regagnait son gagne-pain. Il fut signalé comme faisant « acte de mauvais citoyen ».

L'activité des moblots (54)

Les mobiles étaient médiocrement armés et entraînés. Les vingt-quatre fusils au râtelier du poste de police étaient en très mauvais état, l'un était dépourvu de sa baguette. (55)

Chaque soir, de onze heures à deux heures du matin, ils accomplissaient des patrouilles. Les itinéraires étaient les suivants : grande route (entrée sud de Sorgues jusqu'au pont de l'Ouvèze), les Remparts (carriero lon di barri), chemin d'Entraigues, la Gare, chemin de Gentilly, la Peyrarde (avenue Cessac, avenue Floret), Saint-Marc, le Portail, devenu place de la République. La plupart du temps, le compte rendu sommaire des rondes était : « Rien de nouveau ».

Les mobiles s'aperçurent rapidement qu'ils accomplissaient des tâches de police municipale bien loin de la défense de la patrie. Ainsi, le 26 septembre, le factionnaire devant l'hôtel de police se fit insulter par un militaire en tenue de zouave. Ce dernier termina sa nuit « au violon ». De même, un peu plus tard, la patrouille, éclairée d'un pauvre falot, croisa deux buveurs émérites, le chevrier Jean et François Corréard. Le capitaine ordonna de les faire coucher au « violon » et de ne pas les « ménager à l'avenir ». Le 29 septembre, la patrouille arrêta trois zouaves pour vagabondages, à minuit sur la route Impériale (route d'Avignon à Orange). Une autre fois, Rochassez dans un accès de rage terrorisa ses parents, quatre hommes et un caporal se saisirent de lui et le conduisirent au cachot. « Les rondes réalisées, aux heures réglementaires, n'amenaient aucun résultat, la tranquillité la plus parfaite régnait sur tout le territoire.(56) »

Indiscipline

Dans cette armée en formation, ce qui étonne, c'est la multiplicité des actes d'indiscipline. Le chef de bataillon, mécontent des fréquentes désobéissances, adressa une circulaire à chacune des compagnies. Son propos était menaçant, les coupables risquaient la comparution devant le tribunal correctionnel. S'ils y étaient présentés, ils seraient fatalement condamnés à quatre jours de prison ferme et une amende de 14 francs.

Pratiquement tous les soirs, un grand nombre de soldats ou de gradés manquaient au poste de police. Leurs accusateurs déclaraient qu'ils étaient sensibles à des éléments perturbateurs. Ci-après le catalogue des comportements les plus graves :

Le 8 octobre, le garde national Ducamp Pierre insulta et menaça l'adjudant sous-officier Monteaux.

Le 9 novembre, une altercation dégénéra au sujet de la possession temporaire de fusils. Le responsable du poste se fit traiter « d'insolent, de polisson", et de margoulin... »

Le 12 décembre, l'adjudant indiqua que le local de police était absolument vide, aucun factionnaire ne se trouvait devant le râtelier d'armes, etc.

Le 15 janvier 1871, l'officier de surveillance, vu la désorganisation du poste, réclama une grande sévérité. Il manquait sept mobiles sur douze, la ronde cette nuit-là ne put avoir lieu.

Le 5 février, voici comment le chef de poste Jurard décrivit l'absence d'hommes de troupe : «Le service tant pas exat manquant 4 hommes sur la liste d'appel le chef de poste rappele au commandant un surveillance mieu exat. Le poste a partie au 11 heures. Le chef de poste JURARD » [sic] . Le 12 février, il fut impossible de lancer une ronde, 14 gardes nationaux manquaient à l'appel.

Le conseil de discipline

Le conseil de discipline fut établi pour qu'il se prononce sur les fautes commises contre l'obéissance, le respect dû aux chefs, et contre les règles du service par les officiers, sous-officiers et gardes nationaux.

Le conseil de discipline était considéré comme un tribunal institué au sein de la garde nationale. Il était composé d'Auguste Durand chef de bataillon président, Monin Émile et Xavier Roux juges, Armand Gaspard sergent-major, Guichard Paul sergent, Bulle François caporal, Feren Florian et Simon Eugène gardes nationaux, membres du bureau, et Linossier Gustave rapporteur et Urbe André, nommé par le préfet par arrêté du 22 septembre.

Les comparutions et les significations des jugements étaient effectuées par Weik, garde municipal, qui jouait le rôle d'un huissier de justice.

Le 28 novembre à 5 heures du soir, le conseil de discipline appela à comparaître 187 gardes mobiles, dont 123 furent jugés pour des infractions commises à différentes dates. Les peines infligées allaient de la réprimande, à la prison de 6 heures pour Paul Béraud, à 3 jours pour Ducamp Joseph, dit crochet, qui avait insulté les hommes de garde. Guigne Joseph était un récidiviste : le 15 novembre, il avait manqué un service commandé, 6 heures de prison, le 24 novembre il avait manqué à l'appel, deux francs d'amende, etc...

Les francs-tireurs sorguais

D'une façon générale, les corps-francs applaudis par les uns, furent honnis et conspués par les autres (58), ceux-là même qui, sournoisement, s'opposaient à la jeune République. Leur tactique de combat était celle du harcèlement ou du coup de main. À ce groupe de patriotes, le commandement allemand refusait la qualité de belligérants, les considérant comme des bandits.
Dans notre commune, sept volontaires se levèrent contre les troupes prussiennes. Ils allèrent lutter sous les ordres du Général Garibaldi.

Nos Sorguais étaient de maisonnées à faibles revenus. Le comité de secours aux familles de francs-tireurs de Vaucluse versait au maire un mandat global.

Le maire répartissait ces secours, par périodes de 14 jours,

• la famille LEJEAN ou LAUZEN Hippolyte à raison de 80 centimes, 11,20 francs,

• la famille MERLE Augustin 1 franc par jour soit 14 francs,

• la famille DELBOS Philippe 1 franc par jour soit 14 francs,

• la famille EYRAUD Auguste 80 centimes par jour soit 11,80 francs,

• la famille RAPINAT Pierre 1,50 francs par jour soit 21 francs,

• la famille PERRIN Adolphe 75 centimes par jour soit 10, 30 francs. (59)

Les francs-tireurs furent démobilisés au mois de mars. La préfecture, au mois de mai, réclama à Rapinat Aimé, Rapinat jeune et Delbos, trois ex-francs-tireurs, leurs fusils « Remington » ainsi que des accessoires qui les accompagnaient.

IV. LES PRISONNIERS

Après cinq mois de guerre contre la Prusse, la France laissa entre les mains de nos adversaires 371 981 hommes parmi lesquels quarante-cinq Sorguaislliste qui figure en fin par pli séparé] et 11 810 officiers.

Le transfert vers les lieux de détention fut plus ou moins pénible. Dans l'ensemble, les hommes de troupe eurent le plus à supporter de la captivité. Voici ce qu'écrivait un officier de marine prisonnier à Stettin (60) : « ...Nos pauvres soldats travaillent toute la journée sous la conduite de soldats armés et sont traités comme des chiens, nourris comme des bêtes, un peu de colle de farine, du pain noir, de la viande deux ou trois fois par semaine. Cet hiver, ils nettoyaient la ville, déblayaient la neige et cassaient la glace. A peine vêtus, sous un climat pareil ! Aussi en est-il mort beaucoup... ».(61)

Les officiers n'étaient pas à plaindre, ils étaient assignés à résidence dans une ville de leur choix.

V. BILAN

La guerre jeta 371 981 jeunes hommes dans les prisons glaciales de l'Allemagne, combien de mutilés sans ressource ? 139 000 morts au combat ou de maladie, 143 000 blessés et 320 000 malades (62)? Et combien d'orphelins ? J'ai une note tirée de « l'oeuvre nationale des Orphelins de la guerre » de 1874, il y aurait eu 469 enfants orphelins, garçons et filles, adoptés. Ce document semblerait ne compter que les orphelins du département de la Seine.

La France amputée de deux régions, l'Alsace et une partie de la Lorraine. Voici en florilège quelques souvenirs d'un ex-officier d'infanterie (63) : « ... Les Prussiens tiraient sur nous comme à la cible... » « ... Une rangée d'artillerie prussienne nous faisait face à 200 mètres, de l'autre côté du chemin de fer de Soissons... Je comptais environ vingt bouches à feu qui, en somme, ne prenaient pas encore part au combat. Notre inaction me fut expliquée ensuite par la présence de ces canons... ».« ... Les Prussiens avançaiént toujours ; nous dévorions des larmes de rage, nous voyant sans ordre de marcher, avec défense de tirer à 600 mètres de distance... », « ... nos soldats pleuraient de fureur et criaient hautement à la trahison. Ils ne comprenaient pas qu'on fit si bon marché de leur dévouement et qu'on abandonnât la partie sans avoir essayé de faire quelque chose... ».

Ce sont les médiocrités hypocrites du gouvernement de Napoléon III, puis certains républicains d'une absolue nullité, comme le général Trochu pour lequel Henri Rochefort (64) disait qu'il avait une lettre de trop, qui démoralisèrent l'armée. Cette succession de trahisons eut pour conséquence de provoquer la révolution du Paris populaire, dans la période de mars à mai. La « Commune de Paris » fut durement réprimée par le jeune gouvernement de la République aidée par l'armée prussienne, sous la direction de l'ignoble Thiers, massacreur du Paris révolutionnaire.

CAMP DE PRISONNIERS FRANÇAIS À ERFURT, CAPITALE DE LA THURINGE (Allemagne actuelle)



Le texte de la carte postale à gauche est celui-ci : Camp de prisonniers français sur la place Johannes (Hohannesplatz) près d'ERFURT.


Ci-dessous, un groupe de détenus français. Selon moi, ils ont été choisis pour leur bonne santé.

 

Nous devons cet ensemble photographique à l'amitié que nous porte Gerhard BOEKEL, citoyen allemand qui réside dans la région. Il a effectué les démarches administratives auprès des archives d'Erfurt pour le compte des Etudes Sorguaises. Nous le remercions chaleureusement.



PRISONNIERS DE GUERRE - GARDES MOBILES Archives départementales 4 H


1. GUICHARD Jean - Soldat prisonnier au troisie de ligne, let bâtiment, 2e compagnie, au camp de Grumberg, près de Cologne,

2. REYNAUD Urbain, prisonnier 2e Compagnie à Erfurt, province de Saxe Allemande (Prusse),

3. MONDAN Léopold au 7e de ligne, interné à Dantzig,

4. BRENDER Augustin au 5e de ligne, 5e compagnie, prisonnier de guerre à Stettin (Pnisse),

5. PORTES Eugène au 7e hussard à WESEL (Prusse Rhénane), ler bataillon, 3e compagnie,

6. n'existe pas

7. MERY Jean au 32e de ligne, let bataillon, 6e compagnie, prisonnier de guerre à Thorn (Prusse),

8. MATHIS Thomas - Sergent 11e Compagnie, 17e escouade, prisonnier de guerre à Magdeburg (Prusse),

9 SIMON François au 36e de ligne, 3e bataillon, 3e compagnie, prisonnier de guerre à Eischstâdt (Prusse),

10. TELIOT Laurent au 3e régiment du train, 2e compagnie, prisonnier de guerre à Coblentz (Prusse Rhénane),

11. PERRIN Achille au 4e d'artillerie, 17e escadron, prisonnier à Trèves (Prusse). Le père Jean PERRIN veut faire un envoi à son fils,

12. CHABROL Michel - Caporal au 81e de ligne, 34e compagnie, 11e escouade, prisonnier à Stettin (Allemagne),

13. COLLET Amédée au 812e de ligne, 14e compagnie, 5e baraque prisonnier à Dresde (Saxe),

14. BELONG Émile, 17e d'artillerie, 2e compagnie, prisonnier à Zulich (Prusse),

15. MERCIER Frédéric, 18e compagnie d'ouvriers d'administration, prisonnier à Nesse (Haute-Silésie),

16. QUITTARD Baptiste, e de ligne, prisonnier à Ninden (province de Wesphalie, Prusse),

17. GLEIZE Casimir, 20e de ligne, 2e compagnie, prisonnier à Posen (Prusse). La mère Gleize dite Seigneur veut faire un envoi à son fils,

18. IMBERT François, caporal au 3e Génie, 14e compagnie, prisonnier de guerre à Hambourg (Prusse),

19. GRANIER Joseph, 4e de ligne, l' bataillon, 2e compagnie au camp de Wittembourg (Prusse),

20. CLUCHIER Noël, 3e grenadier de la garde, 17e escouade, prisonnier de guerre à Neïsse, département de Silésie (Prusse),

21. FABRE Alexis Isidore, 32e de ligne, terbataillon, 6e compagnie, prisonnier à Erfurt (Saxe Allemande),

22. BRIOLLE Jacques, 9e section d'ouvriers d'administration, 10e compagnie, 14e peloton, prisonnier à Magdebourg (Prusse). Le père veut envoyer [manque la fin de la phrase] ,

23. PASTERGNES Casimir, 9e dragons, 3e peleton, lare  escouade, à Gross-Plogau (Silésie Prusse),

24. SICHARD Eugène, 27e de ligne, 19e compagnie, 2e escouade à Magdebourg (Prusse),

25. MAIGRE Claude, 57e de ligne, e escouade à Gross-Plogau (Silésie Prusse),

26. MOURISARD Adolphe, 4e de ligne prisonnier de guerre à la forteresse de Grandeuz (Prusse),

27. CHABERT Jacques, sergent, 92e de ligne, 14e groupe, 7e peloton, à Erfurt (Prusse) (1),

28. MESTRE Jacques, 32e de ligne, prisonnier à Custrin (Prusse), 29. BOYER Joseph, 36e de ligne, 4e compagnie, 36e section, prisonnier à Ulm,

30. DROGUE Louis, 9e dragons, lère compagnie, 2e bataillon, prisonnier de guerre à Wesch (Prusse Rhénane),

31 . GONNET Alphonse, 88e de ligne, 20e compagnie, 8e escouade, à Gross-Plogau, Silésie (Prusse),

32. ETIENNE Camille, 36e de ligne, 2e bataillon, 5C compagnie, prisonnier à Ingolstast (Bavière),

33, HERAUD Etienne, 17e bataillon, 3e compagnie, à Glatz (Silésie), caserne n°2 (Prusse),

34. AUBERT Henri, Prisonnier de guerre à la caserne du 1 er régime de cavalerie, 2e compagnie Ludwigsburg (Wutemberg),

35. LAPEYRE Antonin, 14e compagnie, prisonnier de guerre au fort Vignary à Posen (Prusse),

36. DOUILLON Antoine, Sergent au 80e de ligne, ler bataillon 2e compagnie à Dents, près de Cologne, caserne n°8, 6e compagnie, 4e quartier,

37. EYMARD frère Casimir, fe lanciers, 12e compagnie, prisonnier à Erfurt (Prusse),

38. JULIEN Georges, 4e régiment d'infanterie de marine, lère compagnie, prisonnier à Ingolstadt (Bavière),

39. BRANCHE François, prisonnier de guerre à Dresde (Saxe) 1 ère compagnie, 2e régiment d'infanterie de marine,

40. JAVELAS Jean, 4e voltigeur de la garde, le compagnie, à la baraque du nouveau ponton de Dresde (Saxe),

41. PASCAL Louis, 58e de ligne, prisonnier de guerre à Stettin (province de Poméranie) Prusse

42. REBOUL François, 55e de ligne, musicien 10e bataillon, 7e compagnie, prisonnier de guerre à Erfurt,

43. MARTIN Paul, 18e de ligne, 10e compagnie, 3e escouade à Gross-Plogau,

44. GAYTE Edouard, 18e de ligne, prisonnier de guerre à Ingolstadt (Bavière), Franch-Becker-113,

45. OUVIER Simon, 57e de ligne, 3e bataillon, 2e compagnie, à Wesel, province Rhénane.

(1) s'agit de mon arrière grand-père - R. Chabert

OBSERVATIONS

Parmi l'énumération des prisonniers certains portaient cette précision : « prisonnier de guerre » et, pour le numéro 26, Mourisard, il était indiqué «forteresse de Grandeuz Prusse », également le numéro 35, Lapeyre, «fort de Vignary à Posen Prusse ». Or, tous les combattants étaient écroués par la puissance ennemie. Cette désignation complémentaire montrait un caractère plus répressif, ce qui les distinguait du régime appliqué à leurs collègues. Vraisemblablement, il devait s'agir de soldats qui s'étaient opposés fortement à l'adversaire.

GARDES MOBILES

Dans le dossier déposé aux archives départementales côté 4 H, « Prisonniers de guerre gardes mobiles » se trouve une liste de gardes mobiles qui peuvent avoir été punis pour indiscipline puisqu'elle est à la suite des « prisonniers de guerre ». Voici la liste littéralement transcrite :

1. JAVELAS Gabriel, 82e régiment de marche, garde mobile de Vaucluse à Bellegarde (suite du régiment),

2. MOTTET Adolphe, 82e régiment de marche, mobile de Vaucluse, ter bataillon, 6e compagnie, 18e corps d'armée,

3. BERAUD Louis Philippe, 82e régiment de marche, 18e corps d'armée à Charité (2),

4. QUIOT Joseph, 82e régiment de marche, l'bataillon, 6e compagnie, 18e corps d'armée,

5. CARPENTRAS Henri, 19e régiment de ligne; 7e compagnie, 10e escouade à Pithiviers l'Évêque, blessé,

6. FOURNIER François, 1 erbataillon, 6e division, mobile de Vaucluse à Charité,

7. OUVIER Charles, ler bataillon, e division, mobile de Vaucluse à Charité,

8. BARTHÉLEMY Baptiste, 82e régiment de marche, 6e compagnie à Saint Martin d'Aubigny, près de Bourges,

9. DUPOUX Paul, 82e régiment de marche, lerbataillon, 6e compagnie (la mère veut faire un envoi),

10. BOYER François, 82e régiment de marche, lerbataillon, e compagnie,

11. GIRARD Denis, 82e régiment de marche, 1er bataillon, 6e compagnie,

(2) II doit s'agir de la Charité sur Loire, département de la Nièvre.

12. DUCAMP Jean, 82e régiment de marche, ler bataillon, 6e compagnie,

13. MARTINET Sylvestre André, 82e régiment de marche, 2e bataillon, 2e compagnie,

14. MOURISARD Siméon, 82e régiment de marche, 1eL bataillon, 6e compagnie,

15. GUICHARD Étienne, 82e régiment de marche, 1er bataillon, 6e compagnie,

16. GENIEST Jean-Louis, 82e régiment de marche, 1 er bataillon, 6e compagnie.

Ces soldats étaient-ils animés de mauvais esprit comme certains de la garde mobile sédentaire de Sorgues ? Rien ne nous permet de le penser, sauf ce document figurant dans le même dossier que les prisonniers retenus en Prusse.

MORALITE DE LA GUERRE, PAR BERTALL Parue dans le GRELOT, numéro 18 du 13 août 1871.


- Eh bien mon pauvre Choucrouttmann !

- Eh bien mon pauvre Chauvin ?

- C'est fini de jouer ; tu as gagné un empereur, moi, j'en ai perdu un.

- Et ça ne nous rend pas la jambe mieux faite.


Documents fournis par Gerhard BOEKEL.


 

Extrait de la 28ème édition des Etudes Sorguaises "Des Sorguais remarquables et aussi des souvenirs réjouissants" 2017

Article de Raymond Chabert

________________________________________________

(1) Paul de FAUCHER, auteur de Mobiles et mobilisés en Vaucluse, François Seguin, imprimeur-éditeur, Avignon, année 1903, page 11.

(2) Poème de Victor Hugo, les Châtiments, poésie « Joyeuse Vie », collection livre Club Diderot, pages 115, année 1968.

(3) Alexandre Dumas fils.

(4) Poème de Victor Hugo, les Châtiments, poésie « Joyeuse Vie », collection livre Club Diderot, pages 115, année 1968.

(5) Louis Marie Roch REYBAUD naquit le 15 août 1799 à Marseille et il mourut à Paris le 28 octobre 1879. C'était un économiste et écrivain français, le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle par Pierre Larousse, tome 13, page 1134.

(6) La chute du Second Empire et la naissance de la Troisième République en France, par E. Jéloubovskaïa, éditions en langues étrangères, Moscou 1959, page 138.

(7) La chute du Second Empire et la naissance de la Troisième République en France, par E. Jéloubovskaïa, éditions en langues étrangères, Moscou 1959, page 153.

(8) Archives départementales de Vaucluse dépôt de Sorgues 2 I art 1. 

(9) Sophie Frédérique Mathilde de Wurtemberg, princesse d'Orange puis reine consort des Pays-Bas, naquit à Stuttgart le 17 juin 1818 et mourut à Huis ten Bosch (La Haye) le 3 juin 1877, Wikipédia.. l

(10) La guerre de 1870, tome I, éditions de Grémille, page 543, année d'édition 1970.

(11) Ferdinand Maximilien Joseph de Habsbourg-Lorraine, prince impérial et archiduc d'Autriche, prince royal de Hongrie et de Bohême, naquit à Vienne (Autriche) le 6 juillet 1832 et mourut fusillé à Querétaro (Mexique) le 19 juin 1867. Il était un membre de la famille impériale d'Autriche (maison de Lorraine). Il fut empereur du Mexique sous le nom de Maximilien entre 1864 et 1867, avec l'appui de Napoléon III et des conservateurs mexicains.

(12) Histoire de la France contemporaine, tome III, page 327, Éditions Sociales, année 1979.

(13) Pierre Louis Charles Achille de Fally (Rozoy-sur-Serre, 21 janvier 1810 - Compiègne, le 15 novembre 1892), était un officier général français réputé pour sa cruauté. Wikipédia.

(14) Émile Olivier était un homme politique français, qui naquit le 2 juillet 1825 à Marseille et qui mourut à Saint-Gervais-les-Bains (haute Savoie) le 20 août 1913.

(15) Acte de mise en oeuvre des lois du Sénat sous le Consulat, le Premier et le Second Empire.

(16)  Histoire de Vaucluse, chapitre 2, d'une République à l'autre politique et société vauclusienne An II-1914, par Alain Maureau, éditions Barthélémy, AVIGNON, année 1993.

(17) Le palais des Tuileries était la résidence impériale.

(18) Carnets par Ludovic Halévy, tome II 1869-1870, Calmann-Lévy, éditeur, page 213, année 1935.

(19) Archives départementales de Vaucluse, recueil des actes administratifs, page 417, côte 3 K 126.2.

(20) Charles Guillaume Marie Apoline Antoine Cousin-Montauban, comte de Palikao, naquit le 24 juin 1796 à Paris où il mourut le 8 janvier 1878.

(21) Ludovic Halevy, Carnets, tome II, page 213.

(22) Recueil des actes administratifs de la préfecture de Vaucluse, page 373, archives départementales de Vaucluse, côte 3 K 126.2.

(23) Archives départementales de Vaucluse, recueil des actes administratifs, côte 3K 126.2.

(24) Recueil des actes administratifs de la préfecture de Vaucluse, page 378, archives départementales de Vaucluse, côte 3 K 126.2

(25) Giberne, anciennement boîte où l'on mettait les cartouches.

(26) Recueil des lois et décrets du gouvernement de la Défense Nationale décret numéro 1.

(27) Histoire de la France contemporaine -1789/1980, tome III, page340.

(28) Histoire de la Guerre entre la France et la Prusse (1870-1871), par Rome, Paris Librairie Nationale des Communes, année 1872, page 131.

(29) Paul de FAUCHER, auteur de Mobiles et mobilisés en Vaucluse, François Seguin, imprimeur-éditeur, Avignon, année 1903, page 11

(30) idem.

(31) Auguste Joseph Marie Vincent de Merles des Rochettes, naquit à Valréas le 22 janvier 1815, il participa à de nombreuses campagnes militaires, 1835/36 Guadeloupe, 1837 Martinique, 1841 à 1846 Algérie, 1851 France, 1855, 1856 Crimée, 1859à 1862 Maroc, 1862 à 1865 Mexique, 1870 à 71 contre l'Allemagne, interné en Suisse, d'opinion bonapartiste.

(32) Paul de FAUCHER, auteur de Mobiles et mobilisés en Vaucluse, François Seguin, imprimeur-éditeur, Avignon, année 1903, page 12.

(33) Règle : Aigle, en termes d'Armoiries et de Devises, est féminin. Il porte sur le tout d'azur, à l'aigle éployée d'argent. Les armes de l'Empire français étaient une aigle tenant un foudre dans ses serres. L'aigle romaine, l'étendard de la République et de l'Empire.

(34) Histoire de Vaucluse, les Vauclusiens dans la vie nationale de 1793 à nos jours, article d'Alain Maureau, page 166, Éditons A. Barthélemy, Avignon, année 1993.

(35) Source BNF, département de Vaucluse, procès-verbaux des séances du comité de défense (1870/1871) Avignon, imprimerie administrative de Gros Frère, année 1874, page 8.

(36) Wikipédia : fusil à silex : sur le chien était fixé un morceau de silex (chaque pierre durait une quarantaine de coups). Lors de la pression sur la détente, le silex heurtait fortement la lamelle de fer, appelée batterie, à la surface rugueuse et provoquait une forte étincelle. En se soulevant, la batterie découvrait le bassinet qui renfermait la poudre d'allumage. Un petit trou, appelé lumière, reliant le bassinet au canon permettait d'enflammer la poudre de tir. Ce système connut son apogée sous l'ère napoléonienne et fut utilisé durant tout le XVIII' siècle. Il avait pour avantage d'être plus fiable que la platine à mèche et plus économique que le rouet. Cependant, les ratés étaient fréquents (environ un coup sur cinq).

(37) Source BNF, département de Vaucluse, procès-verbaux des séances du comité de défense (1870/1871) Avignon, imprimerie administrative de Gros Frère, année 1874, pages 7, 104.

(38) Wikipédia : Le fusil à aiguille, ou fusil Dreyse du nom de son inventeur, fut l'un des premiers fusils de guerre à chargement par la culasse. Il était doté d'un canon rayé augmentant portée et précision, il équipa l'armée prussienne à partir de la guerre des duchés et montra toute son efficacité lors de la guerre austro-prussienne. Le fusil Dreyse fut opposé au Chassepot français en 1870.

(39) Source BNF, département de Vaucluse, procès-verbaux des séances du comité de défense (1870/1871) Avignon, imprimerie administrative de Gros Frère, année 1874, pages 134 & 135.

(40) Archives départementales de Vaucluse, 4 H.

(41) Source BNF, département de Vaucluse, procès-verbaux des séances du comité de défense (1870/1871) Avignon, imprimerie administrative de Gros Frère, année 1874, pages 110, 111, 118. 42 Source BNF, département de Vaucluse, procès-verbaux des séances du comité de défense (1870/1871) Avignon, imprimerie administrative de Gros Frère, année 1874, page 118. 43 Source BNF, département de Vaucluse, procès-verbaux des séances du comité de défense (1870/1871) Avignon, imprimerie administrative de Gros Frère, année 1874, page 66. "Source BNF, département de Vaucluse, procès-verbaux des séances du comité de défense (1870/1871) Avignon, imprimerie administrative de Gros Frère, année 1874, page 97

(45) Archives départementales de Vaucluse, 4 H.

(46) Source BNF, département de Vaucluse, procès-verbaux des séances du comité de défense (1870/1871) Avignon, imprimerie administrative de Gros Frère, année 1874, pages 43, 44, 74, 83.

(47) Archives départementales, dépôt de Sorgues, 1 H art.7.

(48) Argot militaire, vieux — soldat de deuxième année. Dans le grand dictionnaire de l'argot militaire, de Jean-Marie Cassage, déjà cité, page 332, pierrot, armée de terre, jeune conscrit qui vient d'arriver à la caserne.

(49) Henri Victor Leenhardt (1822-1904) : D'après un manuscrit, rédigé en 1974, par un de ses descendants, Henri Leenhardt fut maire de Sorgues par deux fois ; la première en février 1881 jusqu'en décembre 1882 ; la seconde, un mois en août 1886. C'était un chrétien social, de confession protestante.

(50) Source BNF-GALLICA, Journal d'un voyageur pendant la guerre - 4ème édition - par George Sand, éditions Michel Lévy, année 1871, page 110

(51) Ace propos voir la brochure numéro 27, page 30 des Études Sorguaises.

(52) Archives Départementales de Vaucluse, 1 H7, lettre en date à Sorgues du 7 décembre 1870.

(53) Archives départementales de Vaucluse, dépôt SORGUES, 3 H 1, lettre du préfet du 11 novembre 1870.

(54) Ce mot désignant anciennement un soldat de la garde mobile en 1848 et 1871 - Dictionnaire de l'argot militaire - page 291 -éditions LBM - Année 2002.

(55) Longue baguette destinée à nettoyer le canon d'un fusil.

(56) Archives départementales, fonds de Sorgues 3 H 1, rapports de service à l'hôtel de Ville.

(57) Polisson au 19ème siècle avait, notamment, une connotation nettement injurieuse « personne sans considération, tout à fait méprisable » on comprend que l'épithète n'ait pas plu à son destinataire. Le Grand Dictionnaire Universel Larousse du 1 9ème siècle.

(58) Source gallica.bnf.fr/bibliothèque nationale de France. Quarante ans après : les Corps-francs pendant la guerre franco-allemande 1870-1871, par André Thévenot, imprimerie Gustave Frémont, Troyes, année 1912, page 9.

(59) Archives départementales de Vaucluse dépôt Sorgues 4 H art. 1.

(60) Szczecin (Stettin en allemand, Szteténo en cachoube, anciennement Stetin en français est la 7° plus grande ville de Pologne, le chef-lieu de la Voïvodie de Poméranie occidentale. Wikipédia.

(61) Source gallica.bnf.FR/Bibliothèque nationale de France. Journal d'un prisonnier de guerre en Prusse par un officier de marine. Paris Au bureau de l'Eclipse, 16, rue du croissant, année 1871.

(62) Article de Wikipédia, titre » Guerre franco-allemande de 1870 » côté français.

(63) Source gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France - Campagne de 1870-71 - Quelques souvenirs et appréciations par un ex-officier d'infanterie. Paris AMYOT LIBRAIRIE EDITEUR 1871.

(64) Henri de ROCHEFORT LUÇAY naquit le 31 janvier 1831 à Paris, décéda à Aix-les-Bains (Savoie) le Zef Juillet 1913. Il fut journaliste, dramaturge. Communard, il fut déporté en Nouvelle-Calédonie, député de la Seine en 1869 à 1871 et de 1885 à 1886.