Alfred Prellwitz vit le jour le 12 juin 1932 à Kumkeim dans la commune d’Eichhorn, Allemagne, Prusse orientale.
Cette commune par la magie de la Seconde Guerre mondiale devint polonaise au nom de Kumkiejny. Il était né dans une famille de paysans, le Père Alfred Gotthard besognait dur sur une terre inféconde, la mère Anne Konrad demeurait au foyer.
En 1930, La province isolée appauvrie se laissa séduire par le national-socialisme. Le gauleiter nazi, Erich Koch la gouverna d’une main de fer. Ce responsable régional politique du NSDAP (parti nazi) et autorité administrative se chargea d’éduquer les enfants. Le petit Alfred pensa selon les principes édictés par Hitler qui le convainquirent de sa supériorité aux autres peuples.
En 1944 Alfred avait douze ans, devant l’avancée de l’armée rouge il se réfugia à Riga (Lituanie). De là, il partit en bateau pour l’Allemagne de l’Ouest. Il traversa des villes et des villages incendiés, des champs ravagés. Il fut capturé par l’armée américaine.
Il se retrouva à Schleswig-Holstein, land proche du Danemark. C’est la situation la plus septentrionale de l´état fédéral Allemand, c’était un pays dominé par l’élevage des bovins et des porcins. Après un séjour dans un camp administratif dans cet ancien royaume de Prusse, il fut envoyé dans la Ruhr pour travailler dans les mines de charbon.
Alfred était un fils de paysan, l'affectation dans la mine lui avait été infligée comme prisonnier de guerre, il ne voyait guère le soleil, l’air pur lui manquait. Il apprit que la Légion étrangère recrutait, il gagna Strasbourg et s’engagea pour cinq ans.
En 1946, il partit en Indochine combattre les forces du Viet Minn, dans le nord du Viet Nam actuel. En novembre 1953, son régiment stationnait dans la petite ville de Diên Biên Phu qui devint le théâtre d’une violente bataille du 20 novembre au 7 mai 1954 par arrêt du feu. Le 5 avril, Alfred fut grièvement blessé par un éclat de mortier alors que la section contre-attaquait ; il souffrit de sa jambe estropiate toute sa vie.
Il fut nommé à l’ordre de l’armée, voici le texte « citation à l’ordre de l’armée du 1ère classe Prellwitz, légionnaire calme et courageux, s’est distingué au cours des violents combats qui se sont déroulés à Diên Biên Phu (Nord Vietnam), a été grièvement blessé le 5 avril 1954 alors que la section contre-attaquait. [Daté du 21 décembre 1954] »
Après le 22 juillet, en vertu des accords de Genève, l ’ancienne Indochine fut partagée en deux. Le Sud restera sous domination française. Prellwitz était en garnison à Saïgon-Cholon, au centre Tevenet. Du 4 au 5 juillet 1954, il obtint une permission de nuit signée par sœur Louise qui lui permit d’aller chez « Thérèse » tenancière d’un lupanar.
Pour le client militaire, le passage à la cabine sanitaire était obligatoire. L’établissement répondait communément par « bordel militaire de campagne BMC ». Son activité accompagnait plus ou moins les unités de l’armée française. Les lieux de rencontres prenaient diverses formes, bâtiments durablement affectés à ce service, camions aménagés, tentes marabouts.
Au mois de juillet 1954, Alfred quitta avec soulagement l’ancienne zone de guerre pour la France à bord du paquebot « Pasteur », où il reçut trois repas chauds par jour sans se soucier de faire la popote.
Le 26 avril 1958 à Sidi Bel Abbes, Alfred mit fin sa carrière militaire. Il vint à Sorgues pour travailler au domaine de Générat chez le général Arnaud, dont il avait été son ordonnance, ce dernier l’accueillit favorablement.
Ensuite, il fut employé par l’établissement Camel. Le vingt-quatre septembre mille neuf cent cinquante-neuf, il se maria avec Marcelle Girard et il alla demeurer à Sorgues, 236 avenue Floret, où il décéda le six janvier mille neuf cent quatre-vingt-seize.
Raymond Chabert