Communiste Alsacien pendant la Seconde Guerre mondiale
La jeunesse
Raymond Joseph Trefzer naquit le 11 décembre 1922 à Mulhouse de Joseph Trefzer, et de Emma Flora Schubert. Les parents travaillaient dans une usine de textile. Le père comme rattacheur, dans l’atelier il attachait de nouveau les brins qui se défaisaient, la mère ouvrière à la fabrication. C’était un ménage de communistes.
À l’âge de douze ans, il découvre les manifestations d’extrême droite et fascistes, notamment les menées du colonel de La Roque. Le 6 février 1934, Raymond fut témoin de loin de la fronde antiparlementaire organisée à Paris devant la Chambre des députés par des groupes de droite, des associations d’anciens combattants et des ligues d’extrême droite favorables au fascisme pour protester contre le limogeage du préfet de police Jean Chiappe. Cette manifestation impressionna fortement cette famille de communistes. En mai 1936, le Front populaire gagne les élections. C’était une coalition des partis de gauche. Le parti socialiste et les radicaux, seuls au gouvernement, sont simplement soutenus par le parti communiste. Dans l’enthousiasme général, Raymond adhéra aux jeunesses communistes.
Le début de la Seconde Guerre mondiale
Le 1er septembre1939, la France déclarait la guerre à l’Allemagne nazie. Par ailleurs, Daladier, à la tête du pouvoir de l'état français, constatant l’existence du pacte de non-agression Germano-Soviétique, signé le 23 août, et l’intervention militaire simultanée en Pologne des nazis et des Soviétiques, prit ce prétexte pour le 29 septembre mettre hors la loi le parti communiste et ses militants arrêtés. Il le jugeait susceptible de trahir, l’histoire prouvera le contraire. À la libération, les Français reconnaissants le nommèrent le parti des fusillés. Le 10 mai 1940, l’armée allemande lança la bataille de France, qui commençait par l’invasion des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxembourg. Ce fut la débâcle, en août les allemands investissaient Mulhouse. Ensuite, l’Alsace et la Lorraine étaient annexées.
Fuite vers le Midi
Raymond devint de facto de nationalité allemande ce qu’il n’accepta pas. Avec un ami, ils s’enfuirent à bicyclette vers le midi, chez sa tante à Marseille. Après maintes difficultés, ils arrivèrent à la frontière allemande, le passage était scabreux. Ils le sautèrent ensuite ce fut la ligne de démarcation avec la France pour se retrouver en zone non occupée. Il conservait une immense gratitude à l’égard du maire de Montblay dans le Doubs, il avait accueilli les fugitifs, une nuit de Noël, au hasard de leur franchissement et il les avait hébergés deux jours durant malgré les dangers que constituait leur présence.
Ensuite, ils continuèrent leur fuite en direction du Sud. Leur marche lente et irrégulière leur permettait d’attirer le moins possible le regard des habitants des bourgs traversés ou contournés. Ils aboutirent dans un camp de réfugiés à Lyon du côté des Brottaux.
Premier camp
Un trimestre après, Raymond était détaché seul à Vendargues, proche de Montpellier. De là, les autorités le dépêchèrent pendant quatre mois sur les quais à Sète, occupé à décharger de wagons. Ensuivant, à Lyon une entreprise de construction de volets roulants l’embauchait comme serrurier, mais l’emploi fut de courte durée. Une fois encore, il se retrouvait sans travail et sans argent. Son choix fut vite fait, il s’engagea dans l’aviation dans l’armée de l’armistice à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).
La vie quotidienne à Marseille et deuxième camp
La guerre ne lui laissa aucun répit, le 11 novembre 1942, les troupes nazies franchissait la ligne de démarcation et prenait possession de la zone dite non occupée. L’autorité militaire le mit en permission pour une durée illimitée. Il retourna chez sa tante à Marseille. Comme il en avait pris l’habitude, ce fut une mauvaise analyse de la situation qui raccourcira son séjour.
Il s’efforçait d’entrer en liaison avec des patriotes. C’était très difficile, la ville était infectée de mouchards qui rendaient toute recherche comme dangereuse. Cette quête avait dû s’ébruiter dans le quartier. Un jour, un inconnu l’accosta et lui dit « le commissariat donne de faux papiers aux Alsaciens ». Il y fut. Un agent lui demanda ce qu’il voulait. Sa réponse fut claire « pars vite chez toi, prends tes affaires et fous le camp ! ». À son domicile, il était attendu par la police, elle le consigna deux jours à Honorat classé comme STO. Ensuite, deux gestapistes l’amenèrent pour l’emprisonner à Belfort, puis à la centrale de Mulhouse.
Enfin le 17 avril 1943, il se retrouvait au camp de redressement nazi situé dans la commune de Schirmeck, Bas-Rhin. Là identifié comme Alsacien, l’administration hitlérienne l’incorpora de force dans l’armée allemande. En Prusse orientale, après quinze jours de permission chez un paysan du coin, il avait reçu l’instruction militaire nécessaire pour aller sur le front russe.
En attendant le départ sur le front russe
Il était employé en attendant son départ pour l’Est en qualité de serrurier dans un atelier de montage des V1. En compagnie d’un ouvrier polonais, ils distribuaient des tracts aux Allemands. Cela lui valut d’être traduit devant le tribunal militaire de Stettin (ancienne Poméranie prussienne). Au cours de l’audience, il déclara « … je suis de culture française, je ne veux pas devenir allemand. ». La sentence convenue tomba, travaux forcés et incarcération à la prison de Bromberg (nom allemand de Poméranie à présent Bydgoszcz).
En compagnie disciplinaire avec d’autres prisonniers, ils creusaient des tranchées, ils coupaient des arbres à un mètre pour lutter contre les chars soviétiques. Ils étaient proches du front. La Wehrmacht était en pleine retraite. À chacune de ses reculs, ils étaient évacués des plus en plus vers l’ouest.
C’est ainsi qu’il aboutit en forêt Noire 16 avril 1945, il fut libéré le 25 avril 1945.
À partir de là, il reprit sa vie militante à la cellule de Plaine à Marseille et puis à Sorgues malgré ses difficultés de santé.
Il décéda le 22 novembre 1990.
Raymond Chabert