Résumé des actes de bornages entre Sorgues et Gigognan en 1307, puis en 1580
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(Délimitations d'après le registre du notaire Antoine de Vernet, coté aux Archives départementales 3E 67/226, folio 586 à 593v°)
La phase ultime de l'acte de bornage des terroirs de Pont de Sorgues et de Gigognan en 1580 se passa devant le cardinal Georges d'Armagnac, légat du pape avec le cardinal Charles de Bourbon ayant le même rôle, le premier était archevêque d'Avignon et (de ce fait) seigneur universel de Gigognan, et en présence de son secrétaire Guillaume de Séverac, dans le grand et haut cloître (déambulatoire) des célestins de Saint Martial de Gentilly (les « Gentelins »).
Les consuls modernes Georges Sandon et François Poncet (ce dernier était trésorier au début de l'année) leur présentèrent le vieux parchemin scellé de plomb de 1307 et ils exposèrent la nature des conflits quotidiens entre les habitants de Sorgues et ceux de Gigognan (appelés aussi « manants ») à propos de leurs terroirs respectifs du fait que les anciens termes (1) ont été brisés.
Le docteur en droit Jean Nicolas, vicaire général du cardinal, et François Paberan, procureur et vicaire général de l'archevêché, ayant examiné d'anciens documents, et ,il avait accompagné le quatre janvier précédent, comme le relata Jean Albi, notaire de l'archevêché, par Pierre Cournilhon, lieutenant du capitaine, Simon Deneyron, consul, François Poncet , trésorier, maître Antoine de Vernet et Esprit Genet ,députés par la communauté de Sorgues, s' étaient rendus sur les lieux litigieux qui commençaient à la terre de Julien Julliart. Ils dirent y trouver un grand terme de quatre pans surélevé, sous la pente de la garrigue du Coutau (coteau ?), appelé de Parles ( ailleurs, mont de Probes ?), terroir de Sorgues, puis à 119 cannes à l'est, un autre, « presque tout couvert en terre » au plus près duquel ils en placèrent une autre haute et remarquable borne. Située plus haut dans la garrigue, elle faisait séparation des terroirs, avec le premier terme entre midi et couchant, « en sorte que ce qui se trouvait au-dessus Est terroir de Sorgues et ce qui se trouvait en dessous Est terroirs de Gigognan ». Le nouveau terme représentait en ce qui concernait le nord trois ponts avec les clefs qui étaient les armoiries du Saint-Siège, et vers le sud, du côté de Gigognan, celles du cardinal. Marchant vers l'est, ils trouvèrent à 68 cannes sur le coin d'une terre joignant le chemin de Bédarrides à Gigognan un (troisième) terme ancien faisant deux pas et demi et ils placèrent au plus près une autre grande borne témoin, de pierre, ayant au sud les armoiries du cardinal et côté nord les trois et deux clefs. Continuant à 72 cannes, « tirant un peu à main droite », au coin du pré des religieux de Gentilly, « par delà et joignant une vieille roubine, » ils plantèrent un (quatrième) terme avec les mêmes armoiries, et de ce coin de pré jusqu'à son autre coin à deux cannes à l'est. Ils plantèrent un (cinquième) terme, puis tirant droit contre le coin de la Sorgue du terroir de Ramande (ou Ramaude) à 44 cannes et demie et à 6 cannes près du coin de la Sorgue, droit contre nord, ils plantèrent un (sixième et dernier) terme présentant au nord les armoiries des trois-ponts et deux clefs et au sud celles de l'archevêque. Du terme planté à 6 cannes du coin de la Sorgue, à Ramande, tirant droit à Bédarrides, il fut convenu que la Sorgue ferait séparation jusqu'aux vieux termes accoutumés et que pour la commodité des « manants » et habitants de Gigognan notamment en accompagnant leur bétail, ceux de Sorgues leur avaient laissé six cannes de chemin du quartier de Sorgues le long de la Sorgue, sans qu'ils fussent molestés. Cela afin de « mettre paix et amitiés » entre les habitants de ces deux terroirs.
Ensuite, la copie suivait la copie de l'acte de délimitation du 4 octobre 1307, les plaintes (connues) portaient sur une partie du terroir appelé « Mellioris sive Interprodios et a Vallis Crozi (nous reconnaissons Vaucroze) vel a gardis (?) Geneste jusqu'à la route de Cato qui va ad agardium de Ramanta, qui était selon les uns du terroir de Sorgues et selon les autres de Gigognan. Aussi Hugues de Portu Domicalcy (?) et Géraud Adesmardus, syndics de Sorgues, Guillaume Augier, Bérenger Buteril (?) damoiseaux, Richard Guiraud, Jacques Ferrutii, Bertrand Bellon, avec l'approbation de la communauté de Sorgues et du recteur du Comtat Guillaume de Mandagout, archevêque d'Embrun, et Bertrand Allautessi comme syndic des hommes de Gigognan et Guillaume Gonius, chapelain, procureur des Bertrand Aimin, évêque d'Avignon et Étienne Durant au nom de « université » (communauté) de Gigognan, du consentement de l'évêque, voulant apaiser amicalement ces querelles : du côté du bois à l'ouest, dans la terre d'Étienne Gueyroni, sur quatre pas il fut placé une petite pierre, cette partie restant au terroir de Sorgues et près de la route de Bédarrides dans la terre de Bernard de Saint-André sur sept pas ; l'on fit aussi un trou et on plaça un autre petit terme, jusqu'à ce qu'ils aient de grandes pierres ; près de la Sorgue aussi, ad voltam, (la voute ?) dans la terre de Bertrand Serene, depuis ce terme allant droit par un chemin de traverse (tramite = piste ?) vers l'est, traversant cette terre ad primum copertum. ? (Accablée au premier abord ?) L'on continua et l'on plaça un autre terme in Ramanta dans le pré du seigneur (dominus-maître) Bertrand Malvezin (c'était une famille très connue d'Avignon) près de la Sorgue, étant réservé du côté du bois six cannes du chemin des hommes de Sorgues afin que ceux de Gigognan et leurs animaux ne soient pas contraints de payer le ban. Ces opérations furent récapitulées dans ledit bois «Bocayssorum » au terroir de Sorgues, en présence de Laugier Bermond, Hugues de Laudun damoiseaux, Guillaume de Cero, Pons Ruffi et Bertrand Abrioni de Monteux.
Puis le recteur du comtat confirma, le six octobre, ce qui avait été fait en demandant que soient posées de grandes pierres. Fait à Pernes (siège du recteur avant transfert de la capitale du Comtat à Carpentras en 1320) dans la chambre de la forteresse, les témoins étaient Guillaume Condamini notaire, Guillaume Hugolen, chevalier, précepteur de la commanderie de Saint-Jean de Jérusalem, ancien Temple de Richerenches, Rostaing de Mornas, Michel Gaufredi de Sarrians, Guillaume Augier et Bertrand Abrionis, rédacteur de l'acte, de Monteux, notaire public pour tout le Comtat et le pape, qui ait été présent à tout, à la réquisition desdits syndics et du sieur Guillaume, procureur de l'évêque d'Avignon.
Fait à Gentilly l'an quinze cent quatre-vingt à Gentilly, se terminant en présence de Guillaume de Séverac, secrétaire de l'archevêque,
Grande signature de G. CARD. ARCHIEPISCOPUS AVENIONENSIS et timbre sec.
Michel HAYEZ
Directeur départemental honoraire des archives de Vaucluse
Extrait de la 23ème édition des Etudes Sorguaises "Jadis & aujourd'hui", recherches et récits 2012
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1- Terme, dieu latin, protecteur des limites. Il paraît que ce fut Numa (715 à 673 avant notre ère) qui introduisit son culte à Rome, afin de persuader ses sujets que les bornes de propriété étaient sous la protection du ciel. D'autres pensent que cette divinité est d'origine étrusque. On la représenta d'abord sous la forme d'un bloc de pierre simplement équarri, puis ce fut un pilier, une sorte d'Hermès sans jamais de pied pour marquer qu'elle ne changeait pas de place — Dictionnaire usuel Larousse du 19en1e siècle, volume 19, page 1641.