Le «Tivoli-Cinéma» fit suite à un bal en plein air. Il ouvrit ses portes le vendredi trente et un octobre mil neuf cent treize. L'affiche inaugurale annonçait un cycle exceptionnel : un film de cow-boy, ensuite «La petite Fifi», «Effort suprême» et «Vers le Pardon».
Ces représentations étaient prévues le vendredi et les samedi 1er et dimanche 2 novembre. Les films avaient un accompagnement musical donné par un orchestre composé quelquefois de six musiciens : mademoiselle MONPEL, pianiste, remplaçante mademoiselle TERNIER, monsieur LAURET, violon alto, PECHEREL violon, QUIOT Louis contrebasse à cordes, remplaçants LAUGIER, MAZZINI (souvenirs d'Aimé Perrin).
Le TIVOLI-CINEMA était situé place de la République, cette place que les anciens Sorguais dénommaient «le Portail». L'édifice ne comportait pas d'étage.
La salle était longue et large. À l'intérieur se trouvaient trois catégories de places : Secondes — Fauteuils — et Premières qui étaient séparées par des barrières. On accédait au cinéma sur le devant (côté de l'écran) par deux portes : l'une à gauche donnait sur les places de secondes, l'autre, à droite, en longeant la barrière, donnait vers les places des fauteuils, au centre, et les premières derrière les fauteuils.
Les places des premières et des fauteuils étaient des sièges en bois pliants. Les places des secondes étaient de longs bancs avec dossier et accoudoirs.
La toiture, coupée en deux plans égaux par la ligne de faîte dans le sens de la longueur, était soutenue par de grosses poutres en bois traversant la salle dans sa largeur et dépassant du plafond. Le plancher était en bois. La salle était aérée par cinq fenêtres un peu hautes qui donnaient sur la place Saint-Pierre.
L'écran ne comportait pas de scène mais, en contrebas, se trouvait la fosse pour l'orchestre. Au fond de la salle, la cabine de projection, haute et grande, était soutenue par deux piliers cylindriques en fer. En dessous, pendant la projection des films, c'était la coin favori des amoureux !
L'hiver, la salle était chauffée par trois gros poêles à charbon. Pour la décoration de la salle, côté écran, des peintures de couleurs représentaient deux grands vases avec des fleurs.
Enfin, pour la sortie en fin de séance, un grand portail coulissant donnait sur la place Saint-Pierre, la porte de secours s'ouvrait dans la rue Sévigné.
Voici donc ma petite description du TIVOLI-CINÉMA de Sorgues avec de très bons souvenirs de mon enfance. Ma première séance de cinéma se situe vers la fin de l'année 1920, et mes parents me menaient souvent avec eux au TIVOLI.
Aimé PERRIN
Extrait de la 15ème édition des Etudes Sorguaises "Sorgues : images du passé" 2004