« Il faut deux yeux aux pharmaciens qui amalgament les drogues,
tandis qu'il n'en faut qu'un au médecin qui les prescrit ;
le malade qui en prend doit être aveugle. »
(H. Berthoud) (1)
Sous l'Ancien Régime, conjointement avec les apothicaires, les épiciers et les droguistes pouvaient vendre toutes les drogues simples. C'était ce que confirmait le dictionnaire Furetière (1690) où, à Paris, les apothicaires prenaient aussi la qualité de marchands épiciers et droguistes. Le 25 avril 1777, une déclaration royale abolit le terme d'apothicaire en créant le Collège de pharmacie et une maîtrise de pharmacie. (2)
En ce début du dix-neuvième siècle, l'activité du pharmacien continuait d'être mêlée avec celles de l'épicerie et la droguerie. En réaction, la loi de germinal an XI établit leur monopole en décidant que lui seul pouvait préparer et vendre des médicaments. Elle instaurait le contrôle périodique des officines et commerces destiné à veiller sur la bonne qualité des drogues et médicaments, ce qui n'était pas respecté, entraîné par des habitudes anciennes. Dans le Vaucluse, leur vérification n'avait pas eu lieu entre 1829 et 1839. Le jury médical nommé constatait «. la violation flagrante de la loi était de mise...(3) ». L'exercice de la pharmacie dans certains lieux était effectué par le droguiste ou l'épicier en vertu de permissions d'antan accordées à des individus sans qualité. (4) Ce désordre s'était enraciné avec facilité, car le code ne prévoyait aucune sanctions, ce qui provoquait une réclamation unanime des pharmaciens du département.
C'était à Apt que la transgression des règles était la plus patente.
Voici reproduit in extenso une partie du rapport : ... le jury rencontra un fait ancien, bien éhonté et toujours bien vivace de charlatanisme. Car cette ville est exploitée à l'ombre en quelque sorte tutélaire des autorités judiciaires et municipales par la soeur Bonnefoy qui visite les malades, donne des consultations, fournit des remèdes et le tout gratuitement, moins toutefois ces deniers. Là se trouve un expédient d'une impudeur inqualifiable et ce n'est plus un amour de l'humanité une charité toute chrétienne, aveugle inconsidérée si l'on veut, mais alors digne de pardon, c'est tout simplement les masques. Aucun consultant ne sort du domicile de la soeur Bonnefoy sans y laisser de 5 à 10, de 15 à 25 francs, emportant en échange une consultation écrite absurde où la langue et la syntaxe sont elles-mêmes ignorées et des paquets d'herbage et de poudre ne valant pas cinquante centimes... Voilà cependant une industrie qu'on peut appeler de l'escroquerie, que les précédents juges avaient signalée en 1818 et 1825 et qui n'en a pas moins ét tolérée... alors qu'il y avait des médecins fort instruits et fort dignes...et des pharmaciens dont les officines sont bien tenues ». Cet état des choses perdura, dans sa séance du 19 août 1879, l'hospice d'Apt constatait qu'il n'avait pas de pharmacien. La commission administrative décida « ...d'interdire d'une manière absolue aux religieuses de l'hospice de faire aucune vente à l'exception des chocolats et des eaux de fleur d'oranger et d'autres objets qui ne rentrent pas dans la catégorie de ceux dont la vente au poids médicinal est interdite... ». Autre cas à Robion : Estève, commis de Me. Roche, notaire, vendait des remèdes et il examinait au moyen du toucher les malades à qui il débitait des emplâtres.
— PHARMACIENS DE PREMIÈRE ET DE DEUXIÈME CLASSE —
Cette distinction entre deux catégories de pharmaciens répondait à celle existant entre les docteurs en médecine et les officiers de santé. Sous l'empire de la loi an XI, pour obtenir son diplôme, un candidat se voyait offrir deux voies différentes : une formation exclusivement professionnelle. L'examen final avait lieu devant un jury de médecins et pharmaciens établis dans le département. C'était le pharmacien de deuxième classe.
Celui de première classe était titulaire d'un doctorat de médecine et lauréat de l'école de pharmacie. Son examen se passait devant un jury de professeurs et de docteurs en médecine. Le récipiendaire pouvait exercer sur tout le territoire national.
— CONDITIONS POUR L'EXERCICE DE LA PROFESSION —
Comme dit ci-dessus, pour exercer la profession de pharmacien de deuxième catégorie, il fallait subir un examen en présence de jurys de médecins et pharmaciens établis dans le département. On pouvait y voir parmi les examinateurs des notables locaux, sans aucune connaissance particulière, qui avaient des voix délibératives. Cette manière de procéder fut abolie en 1855. La loi organisa leur monopole en décidant que seuls les diplômés pouvaient ouvrir une officine, préparer des médicaments et les vendre. Nous le verrons plus loin, dans bien des cas, rien de tout cela n'était respecté.
L'épreuve se déroulait en trois étapes, la première portait sur les principes de l'art, la seconde sur la botanique et l'histoire naturelle des drogues simples, pour la troisième, il fallait accomplir neuf opérations chimiques et pharmaceutiques. Il fallait avoir vingt-cinq ans pour être pharmacien de deuxième classe, avoir accompli huit ans de stage chez un ou plusieurs praticiens établis. La loi organisa leur monopole en décidant que seuls les diplômés pouvaient ouvrir une officine, préparer des médicaments et les vendre.
— ÊTRE PHARMACIEN À SORGUES —
Le 5 septembre 1839, le jury médical, constitué de messieurs Pamard, Chauffard et Moutte, inspecta la pharmacie de Léon Célestin Frend ou Freud à Sorgues. Premier constat, il était en infraction avec la législation, il avait été reçu par une commission des Bouches-du-Rhône et il devrait se présenter devant celle du Vaucluse pour régulariser.
Cette pharmacie était bien tenue et les médicaments tant simples que composés avaient été reconnus de bonne qualité. Le registre qu'il remplissait pour la vente de substances vénéneuses était en règle. Les examinateurs firent mettre sous clef l'arsenic blanc et le sulfure d'arsenic qui ne l'étaient pas.
Freud leur signala deux matrones qui pratiquaient des accouchements sans aucun titre. Plus tard il saisira le jury médical pour se plaindre de la vente de médicaments par messieurs Stanislas Godlweski et Meynard, médecins, ils n'en avaient pas le droit depuis l'ouverture de son officine.
— UNE CURIEUSE RÉUSSITE —
Le 27 septembre 1840, le jury départemental remit à Gouissaud François, âgé de 46 ans, natif de Sorgues, le diplôme de pharmacien de deuxième classe. Ce contrôle sanctionnait une formation de six années d'étude à Montpellier et à Paris ou à l'hôpital d'Avignon.
Au préalable, il avait subi deux épreuves théoriques, savoir : la première, le 24 septembre sur les principes de l'art et la deuxième, même jour, sur la botanique et l'histoire naturelle des drogues simples. Le 9 octobre (6), il se présenta à l'examen pratique lequel consistait en 9 opérations chimiques et pharmaceutiques qui lui avaient été désignées et qu'il exécuta.
La préparation de Gouissaud à l'examen de pharmacien étonna le ministre. Le 9 juin, il écrivit au préfet de Vaucluse il lui exprimait sa surprise en ces termes : « monsieur Gouissaud qui pratique la médecine à Sorgues depuis 25 ans ne peut pendant ce même temps avoir fait son stage à Avignon et les pharmaciens qui ont aidé les membres du jury médical de votre département mériteraient un blâme sévère ».
Le 20 juin, le maire d'Avignon qui avait subi de fortes pressions exprimait l'opinion suivante au préfet : « ... Le sieur Gouissaud, officier de santé à Sorgues, qui fait l'objet de votre lettre du 18 de ce mois a fait son stage de 1816 à 1819 chez monsieur Gassin et de 1822 à 1826 chez monsieur Dailland. Pendant tout ce temps, le Sr. Gouissaud a demeuré chez M BOURGES, employé de bureau à l'état civil de la mairie d'Avignon qui certifie, ainsi que MM Gassin et Dailland, qu'il s'est livré à l'étude de la pharmacie. Il est vrai qu'on ne trouve aucune trace de son inscription à la mairie de cette ville conformément aux dispositions de l'article 7 de la loi du 21 germinal an 11. Mais MM Cassin et Dailland font remarquer qu'à cette époque les pharmaciens étaient peu dans l'usage de les soumettre à cette formalité... ».
Antérieurement, le 15 septembre, Freud, pharmacien ci-dessus nommé, s'adressa au préfet en ces termes : « ... ledit Gouissaud se présente au jury muni des certificats nécessaires pour être admis à ses examens... » «... or il exerçait, à Sorgues, la médecine depuis l'année 1816 (7) sans interruption. Il ne pouvait pendant ce laps de temps travailler huit ans en pharmacie sans interruption... ». Il concluait par : ces justifications sont des faux.
Le mince niveau de connaissances des pharmaciens de deuxième classe fit l'objet de nombreuses critiques. Le manque de sérieux dans la tenue des examens était manifeste. Le 9 mars 1840, Martin, un des membres du jury, avait précisé que Gouissaut devait être lauréat de l'examen de pharmacien.
La majorité des aspirants-pharmaciens optaient pour la formation professionnelle aboutissant au diplôme de 2ème classe, sans qu'ils aient réellement de pratique. Ainsi, de 1803 à 1855, tant que les jurys départementaux fonctionnèrent, environ 57 % des pharmaciens admis provenaient de cette voie. À partir du ter janvier 1855, les jurys départementaux furent supprimés ; malgré cela, en 1874, la France comptait 2101 pharmaciens de lère classe contre 4069 de 2ème classe.
— EXERCICE DU JURY DANS LE VAUCLUSE —
En 1844, le jury médical, composé de messieurs Chauffard, docteur en médecine, et Fouren, pharmacien, fut mandaté par le préfet pour examiner l'état des officines et des magasins d'épiciers droguistes. Une première inspection eut lieu le 10 avril 1844, une seconde le 20 juillet 1849.
Au cours de la première surveillance, il procéda au contrôle du laboratoire Gouissaud. L'acide arsénieux (8), le sublimé corrosif _mélangé (9) et la potasse caustique (10) étaient logés dans un placard à serrure non fermé, mêlés, avec d'autres substances étiquetées d'aucune manière, reconnus de peu d'importance. Une recommandation expresse pour la conservation des matières vénéneuses lui fut signifiée. Elles devaient être entièrement séparées des autres et mises sous clef.
Poursuivant l'inspection, dans la partie inférieure d'un lieu de rangement, la commission trouva du bois de réglisse, des fleurs de tussilages (11) et quelques autres simples (12) altérées par l'humidité. L'intégralité des médicaments contrôlée ainsi que la potasse caustique, l'ammoniaque liquide et les « boëtes » (13) de pilules sans aucune étiquette furent portées au commissariat de police afin d'être détruites. (14) Ensuite, il examina la thériaque (15), il la goûta, elle lui parut mal faite et d'un goût suspect. Il n'a pu s'assurer que toutes les substances qui devaient la composer étaient dans les proportions voulues.
À la fin de l'inspection, il conclut que l'ensemble de la pharmacie était mal tenu. Il recommanda à l'apothicaire de se montrer plus sévère dans le choix des préparations.
Pour ce qui est de la thériaque, voici le jugement de Laisnel de La Salle, dans un livre édité en 1875: « Ce remède fut inventé par un médecin de l'empereur Néron. C'est un monstrueux mélange composé de soixante — douze substances. Les pharmacopées modernes donnent la recette de ce barbare médicament, ce qui doit faire penser qu'il n'est pas encore improuvé par nos facultés de médecine et que certains vieux préjugés se perpétuent aussi bien dans le domaine de la science que dans nos métairies berrichonnes. » (16)
Pour le passage du 20 juillet 1849, l'inspection fut plus simple, la première avait produit un effet salutaire. Théophile Gonnet, officier de santé, détenait une petite pharmacie attenante à son salon, pourvue des remèdes les plus usités. Pour Stanislas Godlewski, sa pharmacie était dans un état parfait, éloignée de l'habitation. Mescar, le quatrième médecin exerçant dans la commune, ne tenait aucune préparation et il adressait ses malades à son parent Gonnet. Gouissaud ne possédait plus aucun médicament.
La dernière visite effectuée fut pour Eugène Gonnet, épicier droguiste, qui montra différentes substances simples de bonne qualité, entre autres, du vitriol bleu (17) pour le chaulage des blés. Les drogues étaient séparées, étiquetées et ordonnées, les acides rangés sur une seule étagère. Les produits chimiques étaient en assortiment assez complet. Les divers sels utilisés et la pharmacie étaient dans des tiroirs étiquetés et propres. Les substances dangereuses à un haut degré étaient enfermées sous clef.
— LES MARCHANDS D'ORVIÉTAN (18) —
Au cours de son périple cantonal, le jury examina le cas de quelques imposteurs qui exploitaient la crédulité des gens en se faisant passer pour médecins. Ainsi, à Bédarrides, un nommé Robert de Bollène guérissait des dartres, des cancers et toutes les maladies de la peau, c'était pour lui une activité très fructueuse. Mais, devant le jury, il ne put fournir de faits positifs pour en dresser procès-verbal. La commission examinatrice s'adressa à l'autorité administrative afin qu'elle prenne des mesures pour faire cesser « ce trafic aussi préjudiciable à l'humanité ».(19)
Également, on lui signala un Espagnol, vétérinaire à Jonquières, qui vendait des médicaments à Courthézon. Dans le même village, Mathieu Fine vendait une pommade dangereuse et une dame, Constance Malet, vendait des médicaments. À Bédarrides, deux charlatans commercialisaient sur la place publique des remèdes. Il fut notifié à l'autorité municipale de ne plus tolérer cette sorte de vente.
— CE QUE L'ON TROUVAIT DANS UNE OFFICINE DE PHARMACIE —
Les pharmaciens, pour préparer leurs médicaments, utilisaient un récipient de marbre appelé mortier, à parois épaisses, dans lequel ils pilaient ou malaxaient certains végétaux avec un pilon de bois ou bistortier. Pour les élaborer, on trouvait : du quinquina jaune, rouge, le tout réduit en poudre, du sirop de quinquina, de l'eau distillée, de la conserve de rose, de l'eau de lys (20), du laudanum, des pilules de quinine, du sirop dépuratif, des sirops de chicorée (21), de portal, de l'onguent napolitain. (22)
Les pilules, c'était un assemblage de substances diverses présentées sous la forme de petites boules et supposées avoir un effet sur de nombreux maux. Elles étaient directement fabriquées par les pharmaciens. Ils se servaient d'un instrument qui permettait de les confectionner, le pilulier. Pour une faible quantité de masse pilulaire, l'agglomérat était roulé et coupé en morceaux à la dimension voulue puis façonné entre les doigts. Certaines avaient un goût épouvantable : pour faire « avaler la pilule », elles pouvaient être enrobées de gomme, de sucre, ou de la mie de pain. D'autres expressions sont passées dans le langage courant « dorer la pilule à quelqu'un » présenter une chose désagréable sous des dehors avantageux ; « se dorer la pilule » au sens actuel : se prélasser au soleil. (23)
Les praticiens vendaient des sangsues provenant des marais locaux ou de Camargue. La conservation des sangsues s'effectuait dans des vases en faïence, souvent décorés et portant le mot hirudo ou sangsue. Elles s'appliquaient un peu partout sur le corps en fonction de l'affection à traiter, par exemple : derrière l'oreille dans les états congestifs ou à la face interne de la cuisse dans les phlébites." Les sangsues faisaient partie intégrante de nombreux autres traitements, notamment les hémorroïdes. Lorsqu'on appliquait les sangsues dans le voisinage du rectum, l'anus devait être fermé par un bourdonnet (25) de charpie.
Les ramasseurs de champignons les consultaient lorsqu'ils doutaient de la comestibilité du contenu de leur panier.
On le voit, les préparations pharmaceutiques étaient dérisoires face aux ravages et à la mortalité provoqués par des épidémies à répétition comme le choléra ou des maladies comme la tuberculose.
Au cours du dix-neuvième siècle et plus tard dans le siècle suivant, dans les familles, on fabriquait, pour dégager les bronches en cas de refroidissement, une bouillie brûlante étalée entre deux linges composée de farine de lin et de moutarde appliquée en haut de la poitrine. Ce traitement fut ensuite épargné grâce à la découverte, en1866, par Paul Jean Rigollot, pharmacien de génie, du papier « Rigollot ». C'était un cataplasme à base de farine de moutarde noire déshuilée (sinapisme) utilisé pour faciliter la respiration au cours des affections respiratoires. L'invention fut présentée à l'Exposition universelle de 1867. Les hôpitaux de Paris, les hôpitaux militaires et les Marines française l'adoptèrent aussitôt. (26)
— PAUL JEAN RIGOLLOT, UNE BRÈVE BIOGRAPHIE —
Comme tous les inventeurs, Paul Jean Rigollot ne devait point s'enrichir. Il naquit à Saint-Etienne le 12 mai 1810. Il fut élève de l'École de Pharmacie, puis interne des hôpitaux de Paris. Ensuite, il ouvrit une pharmacie dans sa ville natale. Il était passionné de recherches et d'inventions. Il réalisa un régulateur à gaz et un détecteur de grisou qui ne furent pas malheureusement retenus par les industriels. En 1849, comme ses expériences avaient englouti jusqu'au produit de la vente de son établissement, désargenté, il retourna à Paris. En 1853, Émile Justin Menier (futur chocolat Menier) l'employa dans la pharmacie familiale de Saint-Denis.
Ce fut en 1866 qu'il inventa le cataplasme à base de farine de moutarde noire déshuilée. Le succès fut immédiat. En 1872, le docteur Rigollot dirigea l'usine de cataplasmes de Fontenay sous bois, à l'emplacement de l'actuel carrefour des Rigollot. Il mourut le 12 mars 1873 à Paris. Voici l'épitaphe inscrite sur son tombeau à Asnois, dans la Nièvre : « Savant désintéressé n'ayant qu'un but : soulager l'humanité, le contraire, il fut de cent autres célébrités » (27)
— LE DERNIER PHARMACIEN DU SIÈCLE —
En 1850, le recueil des actes administratif notait trois pharmaciens reçus par le jury exerçant dans notre commune, c'étaient : Godlewski Stanislas nommé le 24 septembre 1844, Gonnet Théophile Frédéric nommé le 27 septembre 1847 et Gouissaud François le 28 septembre 1840.
Le 14 février 1882, monsieur Chabanon, pharmacien de deuxième classe, reçu pour le département de l'Hérault, présenta une demande à la préfecture de Vaucluse, à l'effet de subir une partie des examens exigés pour s'établir à Sorgues. Les trois pharmaciens susnommés, atteints par l'âge, ne devaient plus exercer.
Il y avait avantage pour la population de voir s'installer un nouveau pharmacien constatait le docteur Jean Godlewski : « ... Le médecin établi dans cette localité verrait lui-même avec plaisir l'ouverture d'une pharmacie. Dans ces conditions, je suis d'avis qu'il y a lieu d'accorder à M Chabanon l'autorisation qu'il sollicite... » (28)
Le 27 octobre, monsieur Leenhardt, maire, adressa à la préfecture de Vaucluse une copie d'une attestation délivrée par le directeur de l'école supérieure de pharmacie, en date à Montpellier du 31 mars 1879, ainsi rédigée :« Chabanon Ulysse Louis Maxime, né à Euget29 département du Gard, le 24 mars 1850, a subi : le 1er examen le 2 août 1878, le 2e examen le 26 décembre 1878, le 3e examen dans les deux séances du 31 mars 1879, pour l'obtention de pharmacien de deuxième classe... »
Le recueil des actes administratifs pour l'année 1882, page 204, consacra Chabanon dans la profession de pharmacien. Nous ne connaissons pas la date de la fin d'exercice de Chabanon. Pour le remplacer, ce fut Pierre Bouissou, titulaire du doctorat en pharmacie obtenu le 5 avril 1897 à la faculté de Montpellier, qui exerça jusqu'au cours de l'année mil neuf cent quarante-deux.
Raymond Chabert
Extrait de la 29ème édition des Etudes Sorguaises "Des notables aux commerçants du 19ème au 20ème siècle" 2018
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(1) Orthographe de la citation d'Henri Berthoutd respectée ; Samuel-Henri Berthoud, naquit le 19 janvier 1804 à Cambrai et mourut le 26 mars 1891 à Paris. C'était un écrivain et journaliste français, vulgarisateur scientifique pour la jeunesse. (Wikipédia)
(2) Dictionnaire d'histoire de la pharmacie par Olivier Lafont, PHARMATHEMES éditeur, année 2003, page 28.
(3) Archives départementales 5 M art. 16.
(4) Archives départementales 5 M art. 16.
(5) Il faudra attendre mars 1903, par une décision de la chambre criminelle de la Cour de cassation qui affirma qu'il était possible de pallier l'oubli de sanction pénale pour exercice illégal de la médecine en appliquant les dispositions d'un arrêt du Parlement de Paris de 1748 et d'une déclaration royale du 25 avril 1777.
(6) Le texte est ainsi libellé, le jury aurait accordé le diplôme de pharmacien avant l'exercice pratique, Archives départementales de Vaucluse 5 M art. 3.
(7) En réalité, il fut nommé le 29 octobre 1818, recueil des actes administratifs de la préfecture année 1850, n° 35 page 262.
(8) L'acide arsénieux était employé, notamment, dans les caries dentaires, c'était un médicament très dangereux.
(9) Le sublimé corrosif, c'est un chlorure mercurique pouvant être employé comme antiseptique, mais très toxique.
(10) Médicament employé en matière médicale ophtalmique.
(11) Plantes qui entrent fréquemment dans les sirops contre la toux.
(12) Les simples ou simples médecines étaient le nom donné au Moyen Âge aux plantes médicinales.
(13) Boëte est peut-être la déformation de bouita, boîte espèce de cylindre de fer creux, définition du dictionnaire provençal-français du docteur Honnorat, tome premier, page 310.
(14) Archives départementales 84, 5 M art.16
(15) La thériaque est un célèbre contrepoison composé d'au moins cinquante substances différentes pilées dans un mortier et transformées en poudre.
(16) Laisnel de la Salle Germain (1801-1870) fut l'auteur du livre, très apprécié par Georges Sand, « Croyances et légendes du coeur de la France ».
(17) Synonyme de sulfate de cuivre.
(18) Toute proposition, toute solution qui tend à exploiter la crédulité publique. Vendeur d'orviétan littéraire. Sont-ce des marchands d'orviétan politique, et des jurés priseurs de budget, qui décréteront l'argent nécessaire aux galeries, aux musées, aux essais longtemps infructueux, aux lentes conquêtes de la pensée ou aux subites illuminations du génie ? (Balzac, CEuvres div., t.2, 1832, p..466). Et les éternels happeurs de popularité, les faux grands écrivains, les faux penseurs à l'affût, exploitaient ce magnifique désir impérieux et angoissé, en battant du tambour et faisant du boniment pour leur orviétan (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1530). Centre national de ressources lexicales CNRL.
(19) Archives départementales 84, 5 M art. 16.
(20) L'eau de lys est un désinfectant naturel.
(21) Tonique, apéritive, dépurative, la racine servait à soigner la jaunisse, la congestion du foie, les obstructions des viscères, les affections de poitrine et toutes les maladies où il était nécessaire de purifier le sang. Légèrement laxative, elle était également efficace en cas d'indigestion.
(22) Onguent napolitain était une pommade à base de mercure, elle était utilisée dans les cas de syphilis, notamment
(23) Dictionnaire d'histoire de la pharmacie par Olivier Lafont, PHARMATHEMES éditeur, année 2003, pages 330 & 331.
(24) Dictionnaire d'histoire de la pharmacie par Olivier Lafont, PHARMATHEMES éditeur, année 2003, pages 372 & 373.
(25) Rouleau de charpie qu'on pose sur une plaie
(26) Les actus DN-Janine TISSOT.
(27) Les actus DN-Janine TISSOT.
(28) Archives départementales de Vaucluse 5 M art. 3.
(29) Il doit s'agir d'Euzet dans le Gard, mais l'orthographe des documents de l'époque a été respectée.