Hommage à Fernand Marin,
ancien maire de Sorgues, décédé le 7 février 2016
Raymond CHABERT
Les Études Sorguaises apportent un dernier hommage à Fernand Marin qui consacra vingt-quatre ans de sa vie à la prospérité et l'agrandissement de la commune. Également, il fut un ami sincère de l'association.
Fernand Marin, en tant qu'administrateur de la ville, avait largement contribué au dé-veloppement de l'ensemble des équipements sportifs, éducatifs, associatifs, culturels et de santé.
Nous nous bornerons au souvenir de quelques réalisations marquantes de sa mandature :
• La création du centre de la Sécurité sociale, rue Coquille ;
• son aide efficace à l'instauration de la Mutuelle Santé ;
• en 1968, la constitution de la Maison des Jeunes, route de Vedène, dont l'immeuble est en cours de transformation ;
• toujours rue de la Coquille, la piscine d'été qui fut ensuite désaffectée et remplacée par un parc de stationnement en 2003 ;
• la piscine Caneton ;
• la réalisation du collège Diderot ;
• le groupe scolaire quartier Chaffunes ;
• les stades sportifs, notamment celui du secteur du Badaffier ;
• la construction du boulodrome rue Saint-Hubert ;
• son soutien actif à la chorale Amista, etc. « L'âme vit d'espérance », écrivait Rose Harel, elle continuait : « mais le corps se nourrit de pain ; or, les servitudes et la faim m'offrent le choix de la souffrance ». Nous ignorons si ce sont ces vers qui ont fait mûrir dans le cerveau de Fernand Marin sa haine de l'injustice sociale mais, en 1941, il adhéra au Parti communiste français. Tout au long de son existence, le militantisme et la loyauté ont soutenu cette cause généreuse. « Il était venu au communisme comme on boit à l'eau de la fontaine », écrivait Picasso. En 1989, la liste qu'il conduisait aux élections municipales fut battue, il démissionna. Comme Cincinnatus il retourna à ses oliviers, sans oublier qu'il demeurait communiste et, jusqu'à la fin de sa vie, il reversa le montant de sa retraite de député à son parti.
Hommage à Fernand Marin
Thierry LAGNEAU Maire de Sorgues - Vice-président du Conseil Départemental de Vaucluse.Madame MARIN, Jean-François, Camille et Simon, Mesdames, Messieurs les membres de la famille,
Mesdames, Messieurs,
D'aussi loin que remontent mes souvenirs, la première image qui m'est revenue lundi matin en apprenant la disparition de celui qui a assuré la destinée de notre commune durant presque 25 ans est liée à ma prime jeunesse.
Habitant le même lotissement, avec les autres enfants et adolescents voisins, nous jouions régulièrement au football devant son habitation. Je dois bien avouer que les lauriers amandes qui longent sa clôture ont parfois souffert de notre enthousiasme...et de nos maladresses !
Nous nous disputions volontiers le ballon mais beaucoup moins le courage et la responsabilité de sonner chez Monsieur le Maire pour récupérer une énième fois le ballon.
Et pourtant, jamais, au grand jamais, bien qu'impressionnés, nous n'avons eu à souffrir de la moindre remarque. Eu égard à ses fonctions, cet homme nous apparaissait imposant ; et le voir arriver au volant de sa R 16, puis un peu plus tard de sa Fuego, nous inspirait tout à la fois respect et fierté.
Au fond, nous percevions, sans que nous n'en connaissions le mot, le charisme dont Fernand MARIN pouvait se prévaloir alors qu'il était animé d'une modestie avérée.
Sans nul doute, sa mobilisation dès 1939 puis son engagement très tôt dans la Résistance l'ont aguerri aux sens de la responsabilité, du devoir, de la solidarité, de la capacité d'adaptation.
Sans doute aussi, son métier d'instituteur conforta cette aisance oratoire et cette faculté de captiver l'attention de l'auditoire. Je ne l'ai pas connu comme enseignant, mais je sais que ceux qui ont été ses élèves ont particulièrement apprécié ses qualités de pédagogue et son autorité naturelle.
Sans doute enfin, sa passion du sport, de l'athlétisme en particulier qu'il pratiqua avec bonheur, a fini de façonner cette personnalité hors du commun qui a occupé l'espace politique tant d'années, non seulement dans notre commune, mais aussi, au niveau départemental et national.
Après avoir été élu conseiller municipal d'Avignon en 1950, il rejoint Sorgues dont il devient le ler adjoint en mars 1965. La disparition d'Alphonse GÉVAUDAN, Maire de Sorgues, en octobre 1965, le propulse à la tête de notre commune où il sera réélu en 1971, 1977 et 1983.
Homme affable, courtois, disponible, il doit beaucoup ces succès électoraux à sa personnalité qui faisait de lui un homme apprécié bien au-delà de sa famille politique. Il a su, c'est incontestable, transcender l'électorat grâce à cette faculté qui fut la sienne de combattre, au sens noble du terme, et de rassembler une majorité de ses concitoyens quelle que fût leur sensibilité.
Le nom de Fernand MARIN est indissociable de celui de SORGUES et inversement. Je ne me risquerai pas à rappeler intégralement la liste de toutes les réalisations qu'il a initiées mais je me dois de citer celles qui ont le plus contribué au développement de notre commune, celles qui ont le plus servi notre population : cette salle des fêtes où nous nous trouvons ce matin, la piscine, le foyer logement, le quartier Chaffunes, le stade Badaffier, le rond-point de la Fontaine et la création du boulevard Roger Ricca, le centre administratif, le boulodrome, le collège Diderot, l'école E. Triolet, l'école Maillaude, la zone du Fournalet.
Sous son autorité, Sorgues s'est transformée, Sorgues a grandi, évoluant du statut de village à celui de ville avec des services adaptés aux besoins de ses administrés. Durant sa mandature, la ville est en effet passée de quelque 12 000 habitants à plus de 17 000.
Je ne peux passer sous silence le lancement du jumelage avec la commune de Wettenberg, en 1972. Avec la complicité de Roland RAMPAL, il a su nouer avec nos homologues allemands une vraie et sincère amitié. Pour un homme de sa génération, marqué à jamais par l'horreur de la seconde guerre mondiale, cela aurait pu apparaître comme une gageure.
Mais Fernand MARIN était quelqu'un de foncièrement épris de paix, une paix pour laquelle, je sais, il a milité jusqu'à la fin de sa vie et les liens qu'il a créés avec son homologue de l'époque, Günter FEUSSNER, n'ont fait que se renforcer à chacune de leurs rencontres.
Cette relation a d'ailleurs perduré au-delà des mandats municipaux accomplis par l'un et l'autre car, pour eux et leurs épouses, l'amitié avait largement dépassé le cadre du jumelage.
Je salue ce matin la présence de Günter et Erna FEUSSNER. C'est là un beau et émouvant témoignage de cette relation fraternelle entre deux hommes, entre deux couples.
Je dois d'ailleurs vous confier qu'après avoir informé nos amis de Wettenberg de son décès, ils se sont empressés, par la voix de Norbert SCHMITT, de m'exprimer leur peine et de me charger de vous assurer de leurs pensées au moment de ce rassemblement.
C'est à Sorgues qu'il a construit sa carrière politique qui l'a conduit à occuper, ensuite, le siège de conseiller général pendant 12 ans au cours desquels il a vécu les premiers pas de la décentralisation avec des compétences dédiées au Département.
Il occupa par trois fois le poste de député de ce qui était, autrefois, la 3ème circonscription de Vaucluse : de 1956 à 1958, de 1967 à 1968 et enfin de 1978 à 1981.
Indépendantes de sa volonté, les circonstances ne lui ont pas permis d'effectuer en totalité chacun de ses mandats mais l'ancien chef de cabinet du ministre de la santé qu'il fut en 1946 sut rapidement s'adapter aux joutes de l'assemblée nationale.
Son parcours politique, son engagement au service de sa ville, au service de son département, au service de la nation, lui ont valu bien des reconnaissances : titulaire de la légion d'honneur, titulaire de la médaille Jeunesse et Sports, titulaire des palmes académiques, Fernand MARIN a véritablement marqué de son empreinte l'histoire de Sorgues.
Aux côtés d'Alain MILON, j'ai vécu, entre 1983 et 1989, un mandat municipal dans l'opposition. Je conserve de cette période bien des anecdotes que je garde en mémoire comme un trésor et au fond, même si nous ne partagions pas les mêmes idées politiques, je dois reconnaître que j'ai beaucoup appris de cet homme à l'expérience rare et considérable.
J'avais d'ailleurs eu grand plaisir à venir à sa rencontre quelques semaines après la dernière élection municipale. Nous avions conversé un bon moment et j'avais pu apprécier, toujours, sa vivacité d'esprit et son attachement indéfectible à des convictions profondes. Au-delà de ce qui pouvait nous séparer, je veux, ici, saluer son humanisme, son engagement, son esprit visionnaire, son pragmatisme aussi.
A vous, Madame MARIN, Jean-François, Camille et Simon, à vous sa famille, ses amis, soyez certains que Sorgues n'oubliera pas celui qui l'a servie pendant tant d'années avec détermination et passion.
Je veux, au nom de l'ensemble de nos concitoyens, du personnel communal et des élus du conseil municipal vous assurer de tout notre soutien et de notre affection.
Permettez-moi de terminer mon propos en citant celui dont nous saluons la mémoire ce matin et qui écrivait en conclusion de son autobiographie publiée en 1993 et intitulée « Café des Palmiers », ces quelques lignes qui résument parfaitement l'homme et la personnalité engagée qu'il était : « J'ai cheminé pour une société nouvelle de justice et de bonheur. Je l'ai fait. Des millions l'ont fait. Des millions le feront. Les épisodes sanglants et la désespérance ne peuvent arrêter ce cheminement. Les idées de justice, de solidarité et de progrès que l'on croit parfois disparues dans l'oubli et la résignation, sont comme l'eau de la fontaine de Vaucluse. Elles surgissent comme un torrent de vie ».