Cet article n’a pas l’ambition de traiter, à travers le personnel ecclésiastique, une importante tranche chronologique de la vie religieuse de Sorgues. il s’agit ici simplement d’une ébauche, de la pose de jalons, mais d’autant plus nécessaires que Louis Desvergnes dans sa monographie « Histoire de Sorgues, Pont-de-Sorgues résidence des papes » a beaucoup négligé ce chapitre, se bornant à fournir une simple liste de curés en exercice du XViième siècle à nos jours, carence que fort heureusement a corrigée en partie le volume « Sorgues au temps de la révolution »1. il faudra donc compléter ce petit travail en utilisant des fonds que le manque de temps ne m’a pas permis d’exploiter.
Monsieur Bernard Thomas, dans les Études offertes en 2003 au professeur rené moulinas sous le titre « Identités juives et chrétiennes, France méridionale, XIV-XIXème siècle », aurait choisi l’exemple de Sorgues pour illustrer son propos sur le serment à la Constitution civile du clergé dans des localités proches d’avignon, dont les municipalités entrèrent très tôt en lutte contre des ecclésiastiques supposés contre-révolutionnaires et exigèrent d’eux qu’ils le prêtassent avant même la réunion du Comtat à la France et que, par conséquent s’applique à ce pays la loi du 27 novembre 1790. À ce propos, il a longuement décrit la position ambiguë du curé de l’époque, dom Louis Péru, prêtre déjà âgé puisque né à avignon en 1718, et qui occupait cette fonction depuis 1755. en effet, il adhère par deux fois à la Constitution civile, puis se rétracte en août 1792 par un distinguo subtil entre ses deux prestations, celle en tant que curé de Sorgues qu’il confirme et celle en qualité de président de l’assemblée primaire de la commune qu’il retire. Je me permets de renvoyer aux fines conclusions sur le serment en général qu’a tirées de ce cas l’auteur de ce remarquable article. il me reste néanmoins à fournir quelques renseignements biographiques que je pense inédits sur le premier curé constitutionnel de Sorgues et dont l’action bénéfique, à la tête de cette paroisse, est marquée par la construction de l’église actuelle et l’établissement sur les plans de l’architecte Lamy, en 1762, de l’hôpital des pauvres dans la grand’rue. Ce prêtre, religieux profès bénédictin de l’étroite observance de l’ordre de Cluny, jouit, en sus de la vicairie perpétuelle de Pont-de-Sorgues, de quelques bénéfices. il est notamment prieur non conventuel de Saint-Savinien du Pont, dans le diocèse de Saintes, relevant de l’ordre de Saint-Benoît et, en cette qualité, collateur ordinaire de la cure perpétuelle de Notre-Dame de la Voie, près de La rochelle. Ces titres, il les étale volontiers dans le moindre des actes notariés qu’il signe. il semble avoir été particulièrement imbu de sa personne, jaloux de ses prérogatives et s’être montré volontiers querelleur à l’occasion. ainsi, en mars 1871, la communauté décide de consacrer les revenus, provenant des nouvelles places accordées moyennant finance à plusieurs habitants, à l’achat d’un tableau. Deux esquisses de la Transfiguration, l’une de Péru, l’autre des frères raymond et Pierre raspaÿ, furent présentées au choix du Conseil qui, avec modestie, ne se jugea pas capable de juger et laissa la décision à l’archevêque d’avignon, lequel décida en faveur des rapaÿ. en réalité, ce n’était pas une oeuvre originale, mais une simple copie de l’oeuvre célèbre de raphaël. Le vicaire perpétuel se montra très mécontent de la mise à l’écart du travail de son frère et, pour se venger de ce qu’il considérait comme un affront, refusa tout net de rendre une tapisserie de l’ancienne église, que les consuls désiraient vendre, afin d’acquérir des rideaux susceptibles de filtrer les rayons de soleil qui, par les fenêtres nues, gênaient les fidèles durant les offices.
Monsieur Thomas a montré combien, dès janvier 1790, dans leurs cahiers de doléances, les Sorguais manifestaient peu d’aménité à l’égard de leur curé et de leur secondaire, issus tous deux de congrégations religieuses, bénédictins et récollets, et qu’ils estimaient à ce titre impropres à satisfaire les besoins des fidèles. Les choses se gâtent définitivement au cours de l’été 1792. Le 16 août, les chefs de famille signifient à Péru qu’ils lui adjoignent un pro-curé en la personne de Jean-Baptiste Pochy, désignation à coup sûr habilement guidée par son parent, le notaire Pochy, secrétaire de l’assemblée des citoyens qui prend cette décision. Cette mise à l’écart brutale est la conséquence de l’incident qui se déroula l’avant-veille 14 août. Ce soir-là, le maire et les officiers municipaux se transportent solennellement au domicile de Péru « pour lui faire reconnaître l’abbé Pochy, prêtre et vicaire ci-devant à Graveson, pour secondaire de cette paroisse de Sorgues, comme il en a été expert par la lecture qu’en a fait M. le curé. » Péru a l’air d’accepter cette décision et fait bonne figure. Un accord intervient sur-le-champ, selon lequel l’abbé Pochy dirait la première messe le lendemain du quinze courant, ainsi que le surlendemain, pour la fête de Saint-roch. malgré cet arrangement qui fut accompagné de paroles de paix et de beaucoup de politesses de part et d’autre, lorsque les autorités municipales se présentent à l’église pour assister à la procession, quelle ne fut pas leur surprise de voir Dom Péru revêtu de sa chape et se disposant à en prendre la tête. ils lui rappellent sa promesse, mais l’ecclésiastique reste sourd à leurs représentations, se rend d’un pas à la chapelle Saint-roch où se trouve l’abbé Pochy s’apprêtant à chanter la messe. Fureur de Péru qui, sans aucune retenue, bouscule les marguilliers et donne plusieurs secousses au secondaire, s’efforçant de le dépouiller de ses ornements sacerdotaux. Aussitôt les assistants, outrés, crient qu’ils ne veulent plus supporter le comportement inqualifiable de leur curé et parlent de le chasser, voire de le lanterner. Le maire, dans son récit de cette petite échauffourée, se donne le beau rôle. Selon lui, il apaisa la fureur des habitants qui, sans son intervention, se seraient livrés à une scène sanglante. Pour les calmer, il leur promet de tenir sans délai une assemblée extraordinaire au cours de laquelle il donnera satisfaction à leur voeu, c’est-à-dire se débarrasser du gênant Péru. À l’issue de cette réunion, vers six heures du soir, le maire et ses conseillers arrivent à la cure, mettent les scellés sur les papiers de l’ancien vicaire perpétuel et, par mesure de prudence, laissent quatre fusiliers, afin de le placer à l’abri des insultes et des outrages d’une population très montée contre l’ex-curé qui a perdu définitivement sa charge. D’ailleurs, le 24 août, Charles-Benoît, évêque métropolitain des Bouches-du-rhône-le district d’avignon relevant de ce dernier département-confirma l’élection de Jean-Baptiste Pochy à la cure de Sorgues et lui donna l’institution canonique. Quant à Péru, s’il est certain qu’il quitte Sorgues à ce moment-là, on ignore sa destinée. Le lieu et la date de sa mort restent inconnus. Ce n’est pas lui, mais probablement son neveu, Jacques-Joseph Dominique Péru, ci-devant bénéficier du chapitre de Saint-agricol d’avignon, que les soldats du bataillon marseillais du 10 août, à leur passage à avignon, forcent à baiser le tableau des droits de l’homme et à crier « Vive la Nation, le pape est un c… ». au reste, ce dernier séjourna à Sorgues avant 1787 pour seconder son oncle dans son ministère.
Durant l’éphémère période où il exerça à Sorgues avant d’abdiquer et de se marier, période qu’il consacra plus aux luttes politiques locales et aux débats de la société populaire qu’au service des âmes, Jean-Baptiste Pochy prit comme vicaire un prêtre, né à Sorgues le 30 avril 1729, qui vivotait des maigres rentes d’une chapellenie sous le titre de Notre-Dame en la chapelle des Pénitents bleus et dont il avait reçu la collation en 1748. il se nommait andré Guérin et fut le grand-oncle du médecin et physicien Joseph Xavier Bénézet Guérin, une des gloires vauclusiennes à côté d’un Calvet et d’un requien. Disons que cet ecclésiastique effacé n’a guère laissé de trace. ayant abdiqué ses fonctions au début de 1794, il se retire à avignon. moyennant le renouvellement, en l’an Vi, de son serment à la Constitution civile, il bénéficie d’une modeste pension. Lors du Concordat, il est considéré comme ne jouissant pas d’une santé suffisante pour reprendre du service et figure dans les états de l’évêché comme prêtre habitué à la paroisse Saint-Pierre. il termine ses jours à 94 ans, le 5 mars 1813, à son domicile de la rue Saint-Jean-le-Vieux.
Signalons encore que Jean-Baptiste Pochy, avant de regagner son village natal en 1792, s’était fait élire curé constitutionnel de Saint-Côme dans le Gard, le 30 octobre 1791, tandis que son frère aîné François, le bénédictin, s’installait de la même manière à moulézan, localité voisine.
Pendant le long veuvage de l’église de Sorgues, de 1794 à 1798, les habitants reçurent les sacrements de prêtres réfractaires itinérants qui parcouraient la région et dont on suit mieux maintenant les voyages depuis un récent mémoire de maîtrise. ainsi, on a la preuve, grâce à l’enregistrement des actes sur des registres retrouvés que Jean-Baptiste Duransson est allé à Sorgues, le 19 juillet 1796, pour y baptiser secrètement deux enfants. De même, Privat Gariche, un autre de ces courageux insermentés, bénit une union à Sorgues, dans un lieu caché, le 17 juin 1798. Les fidèles de l’Église clandestine ont encore recours à roch de Joannis de Verclos qui, sous le Directoire, se dissimule à Bédarrides où sa famille possède des propriétés. mais surtout les Sorguais, tenants de l’église de rome, n’hésitent pas à entreprendre le voyage d’avignon. Là, ils trouvent le non-jureur Jean Bérard, prêt à leur administrer les sacrements. on pourrait en dresser la liste. Lorsque François Étienne accède à l’épiscopat d’une Église gallicane déconsidérée et affaiblie, il cherche entre 1798 et 1801 à organiser son diocèse malgré la pénurie de prêtres attachés à sa cause. il installe à Sorgues un ancien curé constitutionnel d’estézargues, Pierre Chambon la Tour. Celui-ci, d’après le maire de Sorgues, se serait vite attiré la haine des habitants, car il « il sème le désordre et le trouble » en interdisant aux jeunes gens de former la farandole à la dernière fête de Pâques de 1801. il fallut attendre la promulgation du Concordat et la prise de possession du siège d’avignon par le nouvel évêque, Jean-François Périer, le 10 messidor an X, pour que Sorgues ait enfin une véritable organisation paroissiale. Le prélat appelle au bord de l’ouvèze un ancien chanoine de la collégiale de Notre-Dame de la Principale à avignon, François Helly, qui avait ouvert les yeux, le 14 mars 1742, à Gras dans le Vivarais. il refusa de prêter serment et, dès décembre 1791, abandonnait son logement du chapitre, pour trouver asile non loin de là, rue Sauvage. A t-il quitté le sol français au moment de la persécution ? on reste dans l’incertitude à ce sujet. S’il a émigré, ce n’est pas vers l’italie et les États du Saint-Siège, comme la majorité des prêtres comtadins, car son nom ne figure pas sur les listes d’exilés pris en charge dans ce pays par l’administration pontificale. on plaça en tant que vicaire, par une sorte de compensation qu’on rencontre souvent, un ex-jureur, François-Casimir eydoux, né à Sainte-Cécile le 15 février 1766, qui commença sa carrière comme troisième prêtre de son village, en même temps qu’il assurait en alternance avec Dominique Vaton, conformément à son bénéfice, le service divin dans la chapelle Saint-Joseph attenante à l’hôpital. Le 16 septembre 1792, il se présente devant la municipalité et prête le serment Liberté-Égalité auquel est ajoutée la formule de fidélité à la Constitution civile. Toutefois, le bruit courant à Sainte-Cécile, propagé par des «fanatiques », que Vaton et eydoux ne reconnaissent pas marbos, l’évêque constitutionnel de la Drôme, et « qu’en conséquence leur messe était meilleure que celle de Gérard », le nouveau curé constitutionnel de Sainte-Cécile, tous les deux doivent, le 3 janvier 1793, à la messe dominicale de six heures du matin, renouveler leur serment et reconnaître publiquement marbos comme leur légitime évêque. on possède le signalement d’eydoux à cette époque. il mesure cinq pieds de haut, sa chevelure est noire comme ses sourcils, a des yeux enfoncés de la même couleur et une bouche assez médiocre. il passe à coup sûr pour attaché à la république, car les électeurs du district, le 20 septembre 1793, le désignent à l’unanimité comme curé de Lagarde-Paréol. À la fermeture des églises, il abdique et se retire à Noves. Le ministère d’Helly fut marqué, fin septembre 1809, par le vol dans l’église, à l’aide de fausses clefs, de différents objets du culte : calice, croix en cuivre, divers vases sacrés, mais surtout par le passage, le 4 août 1809, vers huit heures et demie du matin, de Pie Vii enlevé du palais du Quirinal à rome par le général radet et conduit en captivité à Savone. Helly a laissé de ces fugaces instants, pendant lesquels le convoi de quatre voitures changea de chevaux au relais de Sorgues, une description vivante et fidèle, malheureusement introuvable, mais recopiée par monseigneur Meffre dans une brochure rare parue voici plus de cent ans, « Pont de Sorgues, ses gloires ». François Helly mourut en charge, le 22 juin 1811. eydoux poursuivit son sacerdoce de manière assez effacée, parvint à la cure de Rasteau et décéda à l’Hôtel-Dieu d’avignon le 23 septembre 1833.
On est mal informé sur le successeur d’Helly, François mathieu, originaire peut-être des Bouches-du-rhône ou du Gard, desservant de Saint-Siffret dans ce dernier département, que le préfet de la restauration, de Saint-Chamans, place dans la catégorie des mauvais prêtres, « favorables à l’usurpateur » pendant l’interrègne des Cent-Jours. Effectivement, il ne prolongea pas son séjour à Sorgues au delà de 1816, année où Pierre-Charles isac lui succède. on ignorerait beaucoup de choses de l’existence de ce personnage qui présida à la destinée de la paroisse de Sorgues de 1817 à 1830, s’il n’avait eu la bonne idée, au mois de juillet de1821, de demander la liquidation de sa pension ecclésiastique. Les éléments qu’il fournit à l’appui de cette sollicitation, auprès notamment du conseiller de préfecture de Cambiz-Lézan, permettent d’ajouter quelques feuilles à un dossier à l’origine fort mince. il naquit le 1er août 1757 à avignon et fut baptisé le lendemain sur les fonts de la collégiale Saint-Pierre. ordonné prêtre, sans position bien assise, il court le bénéfice et obtient en 1786 la chapellenie érigée dans l’église des Célestins d’avignon sous le titre de Notre-Dame de la Consolation par la famille d’anglésy, le 3 janvier 1611, et déclarée vacante par la mort de monseigneur Pélissier de Saint-Ferréol, évêque de Vaison qui en était le titulaire et en sous-traitait le service de messes annuelles à un prêtre avignonnais. La prise de possession de cette chapellenie, dont le revenu s’élevait à 130 livres, eut lieu selon le rituel en usage en présence de Toussaint-agricol richard et d’Étienne-raymond Boissier, chanoines respectivement de la Principale et de Saint-agricol.
Isac n’en reste pas là. Une année plus tard, il échange le titre patrimonial qu’il avait reçu au moment de l’obtention de son sous-diaconat sur la bénéficiature2 dans le chapitre de Saint-agricol, contre la chapellenie de Saint-Nazaire et Sainte-Catherine existant dans l’église de Courthézon et dont le cessionnaire était l’acolythe3 de Joseph rostand ; opération autorisée par le vice-légat et l’archevêque d’avignon. Les terres dépendant de la chapellenie, données à ferme, lui fournissaient une rente de 120 livres. il obtenait enfin, le 24 octobre 1789, la coadjutorerie du canonicat dont jouissait dans la collégiale de Saint-Didier à avignon le chanoine Joseph-marie Borelly ; prébende autrement rentable que les deux médiocres chapellenies évoquées, puisqu’elle se hissait à 1200 livres. isac réclamait donc une pension totale de 1480 livres. Sa démarche, il la justifiait par un état de santé déplorable , compliqué d’une surdité qui ne lui permet plus d’entendre les confessions des fidèles et une voix cassée lui interdisant l’usage de la chaire. il n’insistait pas sur sa longue absence de 1790 à 1814 dans un pays étranger qu’il ne précise pas. en revanche, il ne manque pas d’indiquer que, dès son retour à avignon, il accomplit une démarche pour reconnaître monseigneur Périer comme le légitime évêque. Sans doute au début de la restauration, avant de venir à Sorgues, isac a assuré l’aumônerie des religieuses de l’hôpital d’avignon. on conserve de lui deux discours prononcés à l’occasion d’abjurations. Disons qu’on ne répondit pas favorablement à sa requête, l’autorité épiscopale se contentant, pour le soulager, de lui adjoindre un deuxième vicaire. on note le passage d’un certain andré-Joseph régibaud, natif de marseille, transféré ensuite à la cure de Vedène, qui décéda le 2 janvier 1822, et d’un prêtre espagnol, Thomas Garcia isac cessa ses fonctions le 16 octobre 1830 et termina ses jours à avignon le 18 octobre 1831. Louis-ange Tamisier, natif de roussillon, qui avait occupé le poste de vicaire, prit sa suite, mais pour une brève période, car il rendit l’âme prématurément le 21 mai 1832. Huit jours plus tard, le conseil municipal de Sorgues exprimait à l’archevêque d’avignon le souhait que monsieur Pastour, desservant Cheval-Blanc, le remplaçât, expliquant que le préfet recommandait chaudement cet ecclésiastique, homme probe, dont la famille habite Sorgues. il n’est guère étonnant que Clausel, le maire de la monarchie de juillet, d’esprit libéral et qui s’aligne sur un gouvernement anticlérical et cherche à apporter sa pierre à l’épuration du clergé vauclusien trop imprégné de sentiments carlistes, appuie la candidature de ce Benoît Pastour. Celui-ci, un entraiguois, jadis un des membres les plus actifs du synode des jureurs en 1800, au temps de l’évêque Étienne, ne cesse depuis le Concordat de créer des soucis à sa hiérarchie dans tous les postes qu’il a occupés, à Vénasque, à Châteauneuf-Calcernier, à Cheval-Blanc, se querellant avec ses vicaires, narguant ses supérieurs, si bien qu’il se retire bientôt dans sa famille.
Ce prêtre peu orthodoxe ne convenait pas à une commune atteignant maintenant 3000 habitants, qui avait besoin de stabilité, et l’archevêque fit preuve de sagesse en y appelant un solide gardiste, Pierre Bourlier, installé par le Conseil de fabrique le 14 juin 1832. Il devait rester vingt-huit ans titulaire de l’église du Plan de la Tour, avant d’accéder à la cure de Notre-Dame de Nazareth à orange. il venait d’aubignan et fut suivi à Sorgues par son vicaire Henri-Vincent Polette, homme érudit, qui a laissé des pages vivantes et curieuses sur la période de la iième république à orange.
On nous permettra d’arrêter là cette nomenclature, en mentionnant tout de même que Bourlier eut encore comme vicaire à Sorgues, de 1841 à 1846, un prêtre, Émile-Jean meynard, auquel son engagement politique dans les rangs de la montagne lui valut en 1848 une brutale révocation. on se souvenait à Sorgues de cet ecclésiastique rouge qui détonnait dans un milieu conservateur. Lors du grand banquet d’octobre 1848, un des convives porta un toast en son honneur. : « À l’abbé Meynard, ancien vicaire de Sorgues et d’Orange, brutalement destitué pour ses opinions politiques ! Au prêtre intègre, au citoyen généreux, à l’ami du peuple, au républicain vertueux et sincère, digne de notre estime et de notre affection ».
Alain Maureau
SOURCES SOMMAIRES
- archives départementales de Vaucluse, 1 L 395, 396, 398, 410, 4 L202, 1 V3, 1V9, 2V14 et 15, 25J 232 et 630.
- archives municipales d’avignon P1et 2 J 34.
- archives communales de Sorgues BB 16,
- archives communales de Sainte-Cécile BB5,
- Bibliothèque Calvet ms 2063, fol.145.
- registres de catholicité et état civil d’avignon, Sorgues, Sainte-Cécile - minutes de Pierre-Jean-Baptiste Vernety.
- François rouvière, Histoire de la révolution française dans le département du Gard, 1887.
- Pierre Gerbault, Le personnel des chapitres cathédraux et collégiaux du département de Vaucluse au moment de leur suppression, 1977.
- Alain Maureau, Souvenirs du Consulat et de l’empire dans le département de Vaucluse, documents anecdotiques, 1975. « Le bataillon marseillais du 10 août et avignon », bulletin de l’académie de Vaucluse, octobre 2003 numéro 334. « Un médecin, physicien, naturaliste avignonnais : Joseph-Xavier-Bénézet Guérin (1773-1850) , mémoire de l’académie de Vaucluse, 1997- L’église vauclusienne et la révolution de 1848. « Une lettre d’un prêtre rouge, meynard, d’orange, à alphonse Gent » Bulletin des amis d’orange, septembre-décembre 1994 numéro 129- François Étienne, second évêque constitutionnel d’avignon sa vie (1764-1836) son épiscopat (1798-1801), son église, 2002, volume deux -
- Maxime Maureau, aspect du clergé réfractaire dans l’ancien diocèse d’avignon sous la révolution (1793-1801), mémoire de maîtrise, 1985
- revue des bibliothèques paroissiales, 1875.
Nous n’avons pas répertorié ici les titres déjà cités dans le texte lui-même.
(1) il s’agit du volume 1 des Études Sorguaises, à ce jour épuisé.
(2) Nom donné aux bénéfices des chantres, des chapelains, qui étaient plutôt des offices à gages, que de véritables bénéfices, dictionnaire Littré 1860-1876-
(3) remarque sur le mot acolyte : clerc dont l’office est de porter les cierges, de préparer le feu, l’encensoir, le vin et l’eau et de servir le prêtre, le diacre ou le sous-diacre- Dictionnaire Littré. Le dictionnaire Furetière de 1690 écrivait acolythe, de la même manière que monsieur maureau l’a écrit dans son manuscrit, voici sa définition : ce mot vient du Grec Acolouthein, qui signifie suivant, en latin écclésiastique acolythus. Les acolythes étaient considérés comme des valets ecclésiastiques qui devaient suivre l’évêque. ils allumaient les cierges, les portaient, ils donnaient les burettes, etc…