(Articles publiés dans les annuaires des années 2003 et 2004-2005 de la Société des Amis du palais des papes et des monuments d’Avignon, reproduits avec son aimable autorisation)
PREMIÈRE PARTIE
Description et intérêt du compte
Le compte du trésorier Estève (Étienne) Naguet, tenu pour la communauté de Sorgues du 24 juin 1454, date de l’élection des syndics, au 24 juin 1455 se présente sous la forme d’un petit cahier papier de 12 feuillets écrits, broché sous une couverture parchemin (acte mutilé de 1391). Il est aujourd’hui microfilmé aux Archives départementales sous la cote 1 Mi 439.
Le tout est écrit en français teinté de provençal, sous l’invocation pieuse répétée au recto et verso de chaque feuillet « Jhesus » ; le montant numérique des opérations est donné au bas de chaque page. Le compte est tenu en florins (=24 sous), gros (=2 sous), sou (=12deniers) et deniers.
Sur les trois premiers feuillets, les recettes sans mention de date sont relativement moins détaillées que les dépenses. Extrait de ces dernières, le fragment suivant donne un aperçu de l’expression : « Item le XXIIeme jour d’aoust, par le commandement du conseil [je] fus à Carpentras porter les instrumens de nostre privilege comme nostre procureur le nous avait mandé pour le plait de saint Ypolite et puis m’en alé à Malaucene pour II sounaille [clochette de brebis] que avient prinses pour le peage de Durant le pastre, et a Entrechaus de II saumes (ânesses) ainsi pour le peage, et y fu que a Carpentras que a Malaucene, a Entrechaus, a Vayson, au Crest [le Crestet, fief de l’évêque de Vaison comme Entrechaux] que en Avinhon en poursegant la cause devant monssieur de Vayson, y fu V journades, 30gros ».
Entrant en fonctions, Estève Naguet recevait de son prédécesseur et débiteur Julien Pons 55 florins ; lui-même en devait alors 43 et 5 gros ; sa recette de l’année se monta à 389 florins 2 gros et la dépense à 250 florins 2 gros 2 deniers. Les trois auditeurs des comptes trouvèrent qu’il avait reçu en trop 128 florins 11 gros 22 deniers.
-L’on est frappé par le peu d’agents rémunérés : il n’y a pas de régent ou maître d’école ; les sergents vraisemblablement au nombre de deux reçoivent 15 gros ; le notaire qui tient le registre des parlements et conseils – l’on a acheté un gros la main de papier pour faire le registre-, 4 florins. Le trésorier qui a donné beaucoup de sa personne, notamment en déplacements dont il impute les frais aux dépenses courantes, s’en remet pour ses gages à la discrétion de ses collègues conseillers, qui le gratifient de 5florins 11 gros 22 deniers.
Sur les 389 florins de recettes, 158 (soit environ 41%) proviennent de la vente de la chaux « nouvelle » (une activité qui me paraît le point le plus intéressant du compte), et 122 (soit 31%), de la « barre » ; le reste, environ 27%, du solde antérieur et de divers encaissements.
L’examen de ce compte fait ressortir les principaux problèmes administratifs qui se posaient à une petite communauté d’habitants vivant dans l’orbite d’Avignon comme l’émergence de notables et de familles aristocratiques appauvries.
La relative carence de sources médiévales pour Sorgues m’amène à tirer le maximum de ce compte en étayant les données par quelques documents contemporains. En effet, les délibérations de la commune ne commencent qu’à l’année 1483 et il y a une cinquantaine d’années, soit bien avant le versement du fonds ancien aux Archives départementales, les minutes notariales ne remontaient qu’à 1492. L’on cite comme notaires de Sorgues Pierre Guiraman, au milieu du XIIIe siècle, Pierre Atton (Actbonis) au milieu du siècle suivant, Jean Tirand, venu de Nevers et exerçant au moins de 1438 à 1455.1
Le développement de ces centres d’intérêt m’entraînant assez loin, j’ai été amené à scinder cet article en deux parties, la première étant consacrée au cadastre de 1414, à la personnalité du trésorier et de quelques notables, à l’exploitation du four à chaux, enfin aux travaux d’entretien ou de réfection des remparts, des portes et d’un pont de bois.
La seconde partie abordera les aspects liés aux litiges résultant de la transhumance, à la « barre » et au bac à traille (le port des Auger), points de péage, aux intermédiaires influents auprès du cardinal-légat, aux impôts, aux églises et à leur entretien.
Toutefois, l’histoire de la maison dite de la Reine Jeanne et de ses fresques, fort bien étudiée de même que celles de l’important monastère Saint-Martial des Célestins de Gentilly2 ont été laissées de côté.
Le cadastre de 1414
Le cadastre de 1414, ordonné par les États du Comtat Venaissin, demeure l’un des documents essentiels pour l’époque, même amputé de la cote des ecclésiastiques dans le cas présent. À partir de ces cinquante-trois cadastres ou livres d’estime, Monique Zerner, a élaboré une thèse remarquable publiée en 1993 qui en effectue la synthèse3. Les conclusions qui s’en dégagent sont les suivantes pour Sorgues : avec une assiette fiscale ramenée à la baisse à 1040 florins, Sorgues occupe le cinquième rang des communautés du Comtat après Malaucène, Bédouin, Caderousse et Aubignan. La zone cultivée y représente plus de 400 hectares (6100 éminées ; le territoire actuel comprend 2942ha.). Les étrangers, appelés forains, habitant Avignon et Bédarrides, en possédaient 18%. Les biens du clergé s’élèvent à 51% de la superficie totale ; les Célestins établis au quartier de Gentilly en 1356 (soit presque 40 ans avant ceux d’Avignon) y possédaient la plus grosse propriété d’un seul tenant rencontrée dans l’enquête sur tout le Comtat et d’une valeur d’autant plus grande que ces possessions étaient encloses. Les terres labourables sont pour 73% en grandes propriétés ; par contraste 74% du terroir sont de très petites propriétés, en particulier pour la culture de la vigne. Le nombre de maisons décomptées en 1414, 90, classe Sorgues au huitième rang des communes du Comtat soit plus qu’à Vaison (80), mais la moitié moins qu’à Caderousse. En 1269, 148 feux pouvaient être recensés ; à cinq personnes en moyenne par feu, ce nombre représenterait 740 personnes alors que le sénéchal d’Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, en 1254 réunissait 200 chefs de famille. La récession socio-économique connue à l’aube du XVe siècle aurait-elle commencé ici dès le milieu du XIIIe siècle ?4 Monique Zerner énumère (p.622) les cinq quartiers, ou six si l’on distingue la propriété des Célestins à part du deuxième : celui de la Rivière, de la « Peyrere » (carrière) aux limites de Gigognan, d’Entraigues et de Vedène ; des Sagnes (certainement marécageuse, une ramière est citée) aux limites de Bédarrides et de Gigognan ; du « Claux » de superficie réduite, aux limites de Châteauneuf-du-Pape et de Bédarrides ; enfin le quartier des Combes rejoignant le Rhône. Les limites de terroir étaient simplement matérialisées par des perches (ou vergers d’arpenteur). L’absence de toponymes dans ces quartiers ne facilite guère leur délimitation précise. Le quartier de la Rivière s’étendait en aval le long du chemin d’Avignon jusqu’à la Fontgaillarde ; l’on remarquait sur ce chemin une petite croix, puis la croix du Clapier ; celui de la Peyrère à l’est comprenait Vaucrose et Gentilly et le chemin de « Mongaux » ; au nord les Sagnes, où un chemin et l’école ont gardé le nom des Ramières ; encore plus au nord et de taille réduite le « Claux » suit la Sorgue jusqu’à la Roquette, atteignant Châteauneuf et Bédarrides ; enfin les Combes à l’ouest entre Rhône et Sorgue (ou si l’on veut l’Ouvèze), où un chemin a gardé le nom et où un peuplier blanc (alba) et un chêne vert (yeuse) servaient de repères 5.
La lecture du cadastre apporte toutefois beaucoup de précisions utiles pour une monographie, quoique le document ne situe jamais les biens. Outre les propriétés tenues en franc alleu (exemptes de toute sujétion), nous relevons l’existence d’une quinzaine de censives, expression du droit de propriétaires fonciers éminents (ce sont tous ici des ecclésiastiques) de percevoir un cens annuel, de prétendre recevoir les reconnaissances ou aveux du nouveau tenancier et d’exercer la reprise en cas de refus de mutation du bien foncier ; ce qui s’appelle exercer le droit de seigneurie directe sur des biens fonciers, bâtis ou non, et dont la mutation est pour ces propriétaires éminents une source de revenus importante sous le nom de « lods et trezain ».
Outre l’immense palais construit par le pape Jean XXII de 1318 à 1324 6, le pape exerçait en 1414 sa directe sur sept maisons d’une valeur locative moyenne (entre un et quatre florins)7, dont les propriétaires servent au pape de l’argent, mais aussi des mesures d’orge et quelques poules.
L’ordre de Cluny, dont la prépondérance à Sorgues est reconnue depuis le haut moyen-âge, perçoit des cens sur des pièces de terre, mais surtout sur le moulin « papier » d’Angelino Bartholomet, dont le revenu est estimé à 50 florins en comprenant celui de la maison du papetier.
La censive des Célestins portait sur une maison et quelques pièces de terre 8 ; celle de la cathédrale Notre-Dame des Doms sur des vignes. Plus importante apparaît celle du doyen de la collégiale de Villeneuve qui pèse sur 28 journaux de vigne (soit environ 250 ares, dispersés) et lui vaut le huitième des raisins. Les Chartreux détiennent aussi des directes, ceux de Bonpas notamment sur l’hôtel de Hugues Pons (3 florins de revenus) qui leur rapportent un cens de 14 deniers, et ceux de Villeneuve sur une vigne du même.
Deux églises disposent alors d’une censive, mais leur identification reste délicate : l’église qui perçoit la dîme des fruits sur le jardin du même Hugues Pons, soit vraisemblablement la paroisse sous le titre de Saint-Sauveur, et l’église Notre-Dame de Beauvoir.
Sans le cadastre et ses mentions de censives, nous ne connaîtrions pas l’existence de quelques chapellenies ayant pour origine des fondations familiales et peut-être des sépultures : celles de Jean Colin, des Pellegrin, des Roux et de Pierre Grisi ; il n’est pas possible de les situer dans l’une de ces deux églises plutôt que dans l’autre.
Enfin, l’hôpital percevait une part des fruits d’une vigne de Hugues Pons, de même la « charité » sur un pré du même. Une confrérie, non nommée, est de même indiquée 9.
Le trésorier Étienne Naguet et les notables sorguais
Un autre intérêt du cadastre de 1414 est de déceler la présence de nobles et de notables rencontrés quelques décennies plus tard. Ce n’était pas le cas pour notre trésorier Étienne Naguet. Les recherches pertinentes de H. Chobaut ont établi que le personnage, si intéressant à bien des égards, était venu de Paris et exerçait le métier de papetier au moulin de la route d’Avignon au moins depuis 1434 ; il mentionnait encore sa présence en 1447 et soulignait l’originalité de sa situation, comme un des premiers spécialistes pratiquant dans notre région qui ne soit pas venu d’Italie ou de Savoie 10. L’on comprend mieux son usage du français mêlé de provençal lorsqu’il tient ses comptes de 1454-1455, comme il l’avait fait en 1452-1453 11. En fait, Étienne a exercé la charge de syndic dès les exercices 1438-1439 (assisté d’un trésorier, Julien Pons, mais c’est Naguet qui tient le compte), 1440-1441, 1444-1445. Il a pu révéler son engagement efficace dans les affaires de la communauté en réclamant la réforme de quelques articles des statuts, lorsque selon l’usage, le nouveau baile – le terme est synonyme ici de capitaine ou viguier-, les fait proclamer en janvier 1439. Sa démarche aboutit, dans la mesure où le conseil papal réuni à Carpentras (lieutenant recteur, trésorier, juge des appels, juge ordinaire et procureur fiscal) ordonna au baile de surseoir. En avril suivant, il se propose pour accompagner le capitaine auprès du cardinal-légat d’Avignon (premier à porter le titre), Pierre de Foix, et faire contraindre un débiteur récalcitrant du souquet du vin. En mai 1441, c’est encore comme syndic, associé à Claude Chabaut qu’il est autorisé par le recteur du Comtat à emprunter 30 florins d’or pour faire face aux réparations des remparts. En 1452-1453, il a acheté pour un an la perception (ou ferme) du vingtain des Boucicaut pour 105 florins, ce qui dénote une belle capacité financière, non moins que son sens du profit.
Étant trésorier, 1452-1453 et 1454-1455, il est dédommagé de 12 florins pour avoir levé un vingtain, et de 2 pour la fonction de trésorier qu’il a remplie malgré son désintéressement, « ce qu’il vous plaira ».Être trésorier n’est cependant pas une sinécure et il est permis de supposer que le trésorier est l’un des syndics. Les déplacements à Carpentras en particulier, auprès de la rectorie, dans un but judiciaire (procès comme nous le verrons) ou administratif (confirmation de privilèges, acquittement d’actes authentiques) sont fréquents. Indemnisé à raison de 4 gros par journée (15km de distance) auxquels peuvent s’ajouter le louage d’un cheval (4 gros), le trésorier doit s’y rendre une dizaine de fois par exercice, y représenter la commune auprès du conseil des Trois États du pays, en y demeurant dans ce cas parfois deux, trois ou cinq jours. Le calendrier de ces séances n’est sûrement pas fixe, la convocation répondant parfois à des délibérations imprévisibles : Étienne s’y rendit en janvier, avril et mai 1453, en octobre 1454 (fête de st Luc) et début juin 1455.
Mais voilà notre papetier « élu » communal, qualifié de clerc, dans l’assemblée communale du 16 juin 1453, lorsqu’il est désigné comme procureur aux côtés de quatre « jurisperits 12» pour défendre l’exemption des péages accordée au Sorguais. De clerc à notaire, il n’y a qu’un pas que l’inventaire-terrier des Célestins de Gentilly (f.29-30) nous permet de franchir puisque Étienne Naguet instrumente des actes de 1464 à 1467. Une manière de déontologie faisait que le personnage ne pouvait servir de notaire dans les affaires de la commune. Quant à cette superposition de fonctions courante dans la société médiévale, elle ne nous surprend guère. 13
La maison dite de la reine Jeanne qui a pu servir d’hôtel des monnaies, a été bien étudiée en raison des fresques, certaines armoriées, aujourd’hui déposées par le Musée du Louvre au Petit Palais d’Avignon 14. Après les recherches de M. Guilly, conservateur au Louvre, Luttrel et Blatt ont étayé l’identification du propriétaire et commanditaire de ces peintures murales exécutées dans les dernières décennies du XIVe siècle : le damoiseau Guillaume Artaud, seigneur d’Aix en Dauphiné, riche de propriétés recensées dans le cadastre de 1414, dont l’hôtel rapporte le plus gros revenu parmi les maisons de Sorgues : 20 florins. Ce Guillaume Artaud, vendeur de plusieurs biens en 1410 et 1417, dont un grand hôtel au prix de 300 florins 15 - qui ne serait pas celui où furent relevées les peintures -, est le mari de Marie de la Garde qui lui avait apporté ses biens en dot et à qui ces historiens donnent comme origine patronymique la Garde-Adhémar. Or, Guillaume Artaud a, d’après le cadastre, un contemporain ou un homme important disparu peut-être depuis peu, c’est le chevalier Aymery de la Garde. On ne lui connaît pas de demeure à Sorgues, mais il y possède des vignes et 15 saumées de bois (environ 93 hectares) 16.
Il est possible, si l’on suit Baluze, que Guillaume Artaud soit le gendre d’Aymery de la Garde, mais la difficulté de l’identifier ne s’arrête pas là ; en effet dans un registre de procédure mutilé des environs de 1415 apparaît noble Guillaume Artaud, coseigneur de Falgayras, défendeur ainsi que les syndics et une dizaine de laboureurs de la commune tandis que noble « Tandon » de Falgayras sert de procureur à la femme d’un de ses laboureurs aussi syndic. Ce dernier est taxé dans le cadastre notamment pour un hôtel au revenu non négligeable estimé à 8 florins, mais quel rapport entre ces Falgayras et Guillaume Artaud 17 ?
Le compte trésoraire de 1454-1455 nous fait rencontrer une soixantaine d’individus, qui ne sont pas tous sorguais de domicile, puisque ceux qui résident à l’extérieur sont précisément les forains et il y a parmi eux les acheteurs de chaux. Il est possible de mieux connaître certains d’entre eux en raison de leur fortune, des charges publiques aussi qu’ils ont exercées.
Claude Chabaut fut syndic en 1441, 1454-1455, trésorier en 1460, 1477, s’impliquant personnellement dans le chantier du four à chaux pour lequel il dispose d’une charrette. Il possède des prés, un jardin situé à la sortie sud de la ville, près de la porte d’Avignon ou du moulin, sous la directe des Célestins, comme l’avait reconnu son père ( ?), Monet, en 1442, ce qu’il fait lui-même en 1465. Leur maison était sans doute adossée au rempart, que l’on répare chez lui en mars-avril 1453. La transhumance de son troupeau, lors des passages à Puyméras ou à Bédarrides, l’entraîne dans des litiges. Dans le cadastre de 1414 pour la confection duquel Monet par ailleurs syndic vers cette année-la, figure parmi les quatre probi homines 18 chargés de la division du terroir, il possède deux maisons, l’une sous la directe des Célestins, l’autre sous celle du pape, 48 éminées de terre disséminées (soit environ 37 hectares), environ 4 hectares (6 journaux) de vigne et 31 ares de pré (une séchoyrée 19) ; son trentain de moutons – l’un des huit de la commune -, est estimé 15 florins et il paie le vingtain ou taille sur ces agneaux, soit 11 florins en 1435-1439, ce qui est beaucoup, comparé aux 2 florins de moyenne 20.
La famille Pons occupe à peu près le même rang social : Julien a été trésorier en 1438-1439, 1451, 1453-1454, « levador » ou exacteur du droit de barre en 1452-1453, auditeur des comptes en 1454-1455. Lui aussi a loué sa charrette pour le four à chaux, dont il achète 40 « scandals » (nom de la mesure pour la chaux valant 16 litres et demi). Dans le cadastre de 1414, apparaît surtout Hugues Pons qui possède, outre un jardin servant à l’église paroissiale la dîme des fruits, trois moins de terres que Monet Chabaut, mais le double de prés et trois fois plus de vignes ; son hôtel dont le revenu est estimé à 3 florins relève de la Chartreuse de Bonpas. Figure aussi dans le même document Monet Pons comme propriétaire de seules vignes (plus de 5 hectares) 21
Le four à chaux
La construction du four à chaux et la vente du produit tiennent une place privilégiée dans cette comptabilité. La distinction de ce four à chaux, unique, et de celui à cuire le pain s’effectue sans trop d’ambiguïté. E. Clément a cité le four banal mis aux enchères périodiquement, et le livre-sommier communal du XVIIIème siècle (AA 2) désigne le four à pain parmi les biens communaux 22 L’inventaire-terrier de Gentilly (milieu XVIIe siècle) situe ce four de la ville, précédé d’une ruelle couverte à proximité de la grand-rue et de la place à l’ouest, non loin d’une maison aux piliers et de celle du Cheval Blanc. Le sergent qui publia sa mise aux enchères à l’automne 1438 reçut un gros. Pour l’exercice 1454-1455 ; le fournier Mathelin s’acquitta en deux fois de 24 gros, soit 2 florins dus comme droit de four pour le précédent exercice et 1 florin pour celui en cours.
Les nombreux chantiers en cours dans la commune provoquaient des besoins en chaux, certainement utilisée comme liant, mais aussi la commercialisation y était ancienne. Sylvain Gagnière a relevé à partir des comptes de chantier publiés pour le palais d’Avignon deux vendeurs de chaux à l’administration pontificale en 1342 et 1346 ; qui étaient de Sorgues, Pons Jourdan et Pierre Mazelier ( ?).
Au printemps 1442, la pénurie fit qu’on allât en acheter 20 « scandals » à Châteauneuf-du-Pape au prix alors courant d’un gros par mesure.
S. Gagnière indiquait un îlot de Barrémiens 23 inférieur, affleurant à un kilomètre au nord-ouest de Sorgues. Ce constat rejoint le Mémoire statistique sur le département de Vaucluse de Maxime Pazzis écrivant « La meilleure chaux qu’on cuise dans ce département est celle de Sablet (confirmée en 1862 par Scipion Gras)…La chaux de Sorgues faite avec du roc vif, celle de Vedène faite avec des cailloux, sont ensuite les plus estimées ». Les érudits sorguais attestent aujourd’hui l’existence jusqu’il y a une centaine d’années de deux fours à chaux de part et d’autre de la grand’ route d’Orange aux abords de Notre-Dame de Beauvoir, la petite carrière se trouvant le plus à l’est 24.
Les comptes communaux ne sont pas très explicites sur les lieux d’extraction. Il faut vraisemblablement exclure en prenant en compte la géologie et les témoignages recueillis ci-dessus la carrière de Gigognan à l’est, qui put servir à réparer les remparts en juin 1441. La pierre extraite dans le jardin du « Grand Michel » fut transportée en avril 1443 en huit tombereaux par François Barthelier au jas de Chabaut, dont il fit trois « votes » (voyages) de chaux avec son valet. En l’absence de localisation de ce jardin, il n’est pas possible d’apporter davantage de précisions. Le petit bois étant le plus propre à favoriser la calcination, les ramières qui ont laissé leur nom au quartier devaient fournir le combustible. Les trois charretées de lattes achetées pour le four par les syndics en mars 1455 au procureur du seigneur de Lhers pouvaient aussi servir d’appoint.
Au milieu du XVe siècle la vente de la chaux par la commune devint plus florissante, passant de 327 « scandals » en juin – octobre 1441 à 1998 douze ans plus tard. À la différence des chiffres cités par S. Gagnière pour le palais d’Avignon sous Clément VI (200, 368 scandals livrés par les deux ou trois Sorguais), les transactions dépassent rarement la dizaine de mesures, surtout en 1441, mais messire Fabri se distingue déjà comme un acheteur plus important avec 144 scandals en trois livraisons ; il reste au sixième rang des clients de 1454-1455 avec 50 scandals seulement. Les clients sont alors au nom d’une trentaine : Oudin Bartier (non rencontré par ailleurs) avec 800 scandal, soit pour le prix de 64 florins, Nicolas de Saint-Martin, aussi inconnu, le suit avec 400 scandals, puis le prieur célestin de Gentilly (178 scandals) devançant largement le prieur d’Avignon du même ordre (40 scandals) ; Blanchon, mystérieux patron de la fuste (charpentier ou plutôt patron d’un bateau) en achète 100 scandals, Monet de la Grangette, 84, Julien Pons, trésorier en 1438, 40, Laurent Biscarel, 38 - il appartenait à la famille de Châteauneuf-du-Pape citée par S. Gagnière avec 5 membres, fournisseurs des chantiers d’Avignon, surtout en tuiles, de 1317 à 1340, et qui serait passée de la pauvreté à la richesse grâce à ces produits- ; Robin Faucher, 30 scandals, qui apparaît comme le bienfaiteur de Gentilly. Mais quelques autres clients seraient à citer aussi, comme ce Louis de Laudun, peut-être de l’importante famille alliée aux Astouaud qui posséda la seigneurie de Lhers, Estève Vernay, conseiller de la ville, connu aussi comme notaire – c’est selon toute vraisemblance un ancêtre des Vernety, élevé marquis de Saint-Hubert par la pape en 1787-, le sieur Antoine de Saint-Vallier, dit aussi de Serreto, important personnage, syndic d’Avignon en 1446 et 1452 25, enfin Antoine Galiani que Hyacinthe Chobaut identifia avec le propriétaire du moulin à papier de la route d’Avignon, fils d’un marchand toilier, et changeur de Corio (Italie, prov. Turin), souche des Galéans.
En mars 1455, deux brocs ou scandals de bois servant à mesure la chaux, dûment estampillés au contrôle (on les a fait « signar ou aléalar »), furent commandés, ce qui coûta 11 gros (8 gros en 1370 pour une mesure d’après S.Gagnière). Si la comparaison repose sur la même monnaie, après avoir connu une augmentation importante de 1338 à 1372 devant les besoins du chantier avignonnais, de 1 à 6 sous, à Sorgues au XVe siècle le prix du scandal se maintenait à un gros soit 2 sous. En outre pour une quantité (ou selon la qualité de l’acheteur) vendue à hauteur de 27, 30, 38 ou 40 scandals, l’on pratiquait un rabais d’un gros.
La mise en état de marche du four était l’objet de soins attentifs ; il est d’usage de situer ces fours primitifs sur le lieu même des chantiers ; comme il semble bien unique en l’occurrence, l’endroit était probablement fixe et l’on a mentionné le jas (bergerie) de Chabaut (Claude), précédemment rencontré comme éleveur, syndic et trésorier et qui participait à la conduite du four. L’on ne sait si ce jas se trouvait avec ou aux abords de son jardin mentionné près de la porte d’Avignon ou du moulin.
Si la vente de la « chaux nouvelle » semble avoir lieu de juin à octobre, la marche du four occupait les mois de mars avril. Toutefois, en 1427, c’est dans les derniers jours d’octobre, après que l’on eût procédé à la fabrication d’une civière pour apporter les pierres que deux hommes passèrent une journée à murer le four. L’un d’eux, maître Jean Barrallier, était un technicien qualifié, appelé de Villeneuve à plusieurs reprises. Le 31décembre 1454, on a passé marché avec les « maîtres du four » et en mars, deux hommes découvrent le four, portent des tuiles (cuisson mixte du four vraisemblable), des fustes et de la chaux dans l’église Notre-Dame de Beauvoir ; ils vident l’intérieur du four de ses cendres et de l’ « ordure », soit huit jours de travail, chaque homme gagnant deux gros par jour. Fin mars (ou début avril) Monet Loste et Claude Chabaut font « tomber » le four après qu’il ait été vidé et nettoyé. Le 10 mars, alors que le four est en état et prêt à allumer, l’on dit aux syndics qu’il présente des défauts. Ils ne se contentent pas de demander leur avis à plus de quatre experts du lieu, mais font venir de Châteauneuf les maîtres experts Monet Boyer et Monet Estève, rémunérés six gros pour leur journée. L’opération de calcination peut alors vraisemblablement s’ensuivre. Le 4 avril, soit alors le lundi de Pâques, l’on sert la dernière paie aux maîtres du four Jacquemet Roux et Jean « Fuellet » et à leurs compagnons, tandis que le notaire établit la quittance générale qui se monte à 152 florins, somme importante en comparaison de la vente qui dépassa guère 166 florins, mais la communauté a pu en utiliser une quantité non négligeable. Le 11 avril 1455, l’on put emporter trois charretées de chaux pour les mettre en vente. Comme dépôt, la commune loue au prix de 18 gros pour trois mois la boutique de Maron – est-ce la famille qui laissa son nom à un bois ?
Les charrettes avaient été louées 8 gros pendant deux jours et neuf manœuvres avaient aidé à charger, décharger et mesurer la chaux au salaire de 3 gros par jour. Le trésorier lui-même, Étienne Naguet, est dédommagé par 5 florins 11 gros 22 deniers de la peine qu’il a prise dans l’opération de même qu’aux travaux des remparts. Il semble bien qu’en 1441, dès la mi-octobre, l’on avait préparé la saison suivante en faisant appel à Janon le « gippier 26» afin de recouvrir le four qui sera découvert en avril suivant.
Travaux et chantiers
Dans le cas de travaux sur les remparts les portes, les ponts, incessants dans les années 1452-1455, il s’agit de réparations (« adouber ») ordonnées par les recteurs, à la suite de négligences, mais certainement aussi des effets climatiques tels que tempêtes et surtout crues de l’Ouvèze.
Nous sommes tributaires en ce domaine plus qu’en tout autre peut-être des sources consultées (et surtout conservées). Il ne s’agit donc pas ici de longue durée, mais de la période 1452-1455 ; avec les quelques avancées lacunaires de 1427, 1435 et 1441.
Les remparts sont déclarés en ruine en mai 1441, et ce constat peut révéler une situation plus ancienne ; il faut alors emprunter 30 florins (cette somme qui peut paraître modique trouve à peu près son équivalence dans les dépenses de chantiers du dernier trimestre 1454). En juin, l’on se rend à la carrière de Gigognan pour apprécier si la pierre conviendra aux réparations, et en octobre ou novembre « maître Guillaume le périer » de Bédarrides, est invité pour voir si cette muraille est bien faite. À la fin du printemps 1439, des travaux aux « pertus » de la muraille sur la Sorgue – il peut s’agir de brèches fortuites ou volontaires – ont nécessité l’emploi de quinze « botes » (tonneaux) de sable à 12 deniers l’unité.
Les termes qui suivent laissent entendre que des propriétaires voisins de la muraille y avaient pris appui pour leurs constructions. En effet vers mars 1453, Jacquemet Roux, périer 27, a consolidé la base (« soustret ») de la tour « messire Rostang » et réparé la muraille de la ville dans l’ « ostal »de Chabaut. En juin 1454, c’est Jean de Marne, alias « le gipier », la seule fois mentionné, qui répare les escaliers et les « merles » (merlons), « soustrait et enduit tout » depuis le pont-levis du portail d’amont jusqu’au portail « après du réduit » (peut-être un ouvrage fortifié, aussi dit redoute). En octobre 1454, Laurent de la Luey passa douze jours à tailler les arbres « tout a l’environ de la ville » (une manière d’assurer des angles de tir en cas de siège ou peut-être simplement de se procurer le matériau de construction) et à tirer les pierres de la Sorgue pour bâtir la muraille et autres ouvrages.
La ville a deux portes principales, celle d’amont et celle d’aval, dotées chacune d’un pont-levis (levadis). En 1427-1428 et en 1438 et 1439, lorsque ces ponts exigent des réparations et en 1438-1439, la précision n’est pas donnée, mais au printemps 1438, c’est Guillaume Loste qui doit « rapetasser » le pont d’aval ; il est ailleurs qualifié de fustier, ce qui est logique s’agissant d’un pont-levis ; Guillaume est le premier connu d’ue famille d’entrepreneurs, qui comprend à la même époque Guigue et Claude. Celui-ci est employé comme manœuvre par Monet Loste, intervenant en avril 1453 pour « soutrere et adoubar » la muraille de l’ostal de maître Perrin le barbier jusqu’au jardin de Michelet. C’est Monet, qui après l’extraction de matériaux par Laurent de la Luey, répara la muraille entre deux maisons. Dans l’inventaire-terrier de Gentilly, il est dit qu’il tenait des Célestins une maison qu’il reconnut en 1445.
Des vergues (ou portants) ou « fustes » sont fabriquées en mars 1453 pour le pont d’aval ; l’on répare en octobre 1454 celles du pont d’amont que l’ « autre dreche » (le mistral) a fait sortir de leur logement. Dans les deux cas, c’est maître Longuet de Sault, qui les a fabriquées et des charretiers de Carpentras les amenèrent ; il faut renforce la main-d’œuvre pour lever les vergues, même si des échafaudages (« étagières ») ont pu être utilisés. Les travaux en cette fin d’année 1454 sont d’importance et occupent artisans et manœuvres plus de quinze journées d’homme, dont huit journées par le « chevalet 28 » du portail d’amont. Le chêne est employé pour cinq « fustes », le peuplier pour des « posts 29». Au portal d’amont, l’on posa des portes neuves en juin 1453.
Le possible remplacement de l’un de ces ponts donna lieu au prix-fait passé avec trois fustiers d’Avignon le 26 décembre 1460. Le notaire Jean Lorini, venu d’Avignon, a devant lui les syndics Jacques Esparron et Pierre Bocheron, trois conseillers et les maîtres Jean Petri, Gabriel de Lege et Naudon Bonet, en présence du capitaine du lieu, Michel de Vera , seigneur de la Motte-Chalançon, diocèse de Die. La communauté passe commande d’un solide pont de bois à l’endroit où deux arches sont tombées dans la Sorgue peut-être sous l’effet du froid excessif de cet hiver mentionné dans les chroniques. Seront nécessaires cinq sommiers d’environ dix mètres de long, portés par des chevalets bien étayés et des poutres (« traverson ») d’environ trois mètres, le tout planchéié de chêne sur deux doigts d’épaisseur dans le sens de la longueur du pont et recouvert de planches transversales de peuplier d’environ trois mètres sur trois doigts d’épaisseur. Des parapets assurent la protection des passants. Le travail devra être terminé, tout autre chantier cessant, au plus tard pour Noël, moyennant le prix de 135 florins, dont 70 comptant, partie selon les besoins des fustiers en approvisionnement et le solde à l’achèvement. Les syndics consentent une garantie de quinze ans au lieu de vingt, devant l’assurance des fustiers, à l’exclusion des catastrophes naturelles ; ils s’engagent à entretenir le plancher 30.
Il est possible d’indiquer sommairement le coût de quelques chantiers et les salaires correspondants. Nous avons vu que les divers travaux du dernier trimestre 1454 coûtèrent environ 30 florins. Pour la fourniture de vergues, le charpentier de Sault, Longuet, fut payé 14 florins (printemps 1453) ; le gipier Jean de Marne intervenant aux remparts, 15 gros (été 1454). Monet Loste, qui travaille le bois, est rémunéré 3 gros par jour ; c’est le salaire que reçut un « compagnon » - nous dirions manœuvre qualifié - ; sinon pour extraire du sable et des pierres de la Sorgue, porter du bois, 2 gros 6 deniers ; en bas de l’échelle, 2 gros.
Une charrette avec son conducteur revient à 8 gros par jour Mais pour conclure un marché avec un artisan, traiter un expert, il faut toujours passer par le « boire », soit une dépense variant de un à deux gros. Enfin, les cinq « fustes » du pont d’amont coûtèrent 30 gros, 2 « posts » de peuplier, 8 gros, 4 livres et demie de plomb, 5 sous.
DEUXIÈME PARTIE
Dans la première partie de cet article, dont la source première est le compte du trésorier communal de 1454-1455, Étienne Naguet, j’ai présenté les notables qui apparaissaient alors, la fabrication de la chaux qui constituait le poste principal des recettes et fournissait les assez nombreux chantiers locaux (remparts, portes, ponts et église) malgré la vente d’une partie de la production. La richesse documentaire de ce compte permet d’aborder en dernier lieu les procès liés à la circulation (transhumance), la « barre » ou octroi concédé par l’entremise d’intermédiaires influents, le bac à traille ou port des Augier, une famille aristocratique, les impôts et enfin, les églises en travaux.
Procès liés à la circulation
Un des principaux cas de litige pour la communauté provenait des entraves multiples à la circulation, notamment à celles que rencontraient les éleveurs de moutons à l’époque de la transhumance. Celle-ci se faisait en allant vers le Dauphiné par Saint-Hippolyte, le Barroux, Faucon, Puyméras, les Pilles, des localités où les comptes de 1452-1453 et 1454-1455 nous apprennent que les éleveurs avaient maille à partir au retour des Alpes début septembre. Des prises de gages étaient effectuées par les seigneurs locaux ou leurs officiers opposés à l’exemption des péages. En juillet 1454, le conseil de Sorgues apprend que le seigneur des Pilles a pris quatre moutons du troupeau (« l’aver ») du monastère de Gentilly et de Robin (son pâtre ?) ; le seigneur de Puyméras a exigé un écu et au retour a fait retenir en gage un âne appartenant à (Claude) Chabaut. Aussi fin août, le trésorier, désigné comme procureur par le conseil dès juin 1453, se rend-il durant cinq jours non seulement à la rectorie de Carpentras mais à Malaucène, Entrechaux, Vaison, le Crestet, Avignon pour enfin comparaître devant l’évêque de Vaison (Pons de Sade, à titre seigneurial ou peut-être de juge ?). En décembre, il apparut que la commune obtenait gain de cause contre le seigneur de Saint-Hippolyte 31. Entre frais de déplacements de Naguet, de procureur et de notaires de la rectorie, il en avait néanmoins coûté environ 6 florins 15 sous.
Quel était ce fameux privilège d’exemption des péages si souvent bafoué et produit en justice ? Il remontait à Raymond VII, comte de Toulouse, qui par charte d’avril 1225, étant à Sorgues dans l’église neuve, déclarait accorder ce privilège comme il l’avait fait en faveur des habitants d’Avignon (dont il était coseigneur avec le comte de Provence) pour toutes les marchandises transitant par son domaine sur terre et sur eau. Privilège que fit renouveler par sénéchal interposé son successeur, Alphonse de Poitiers, le 28 avril 1254, moyennant la renonciation de la communauté au consulat comme il en avait été pour Avignon (abolition de la « république » d’Avignon par les conventions de Beaucaire, mai 1251). Une ordonnance du recteur de 1300 à propos d’une route du sel dans le Comtat, indique que le péage de Sorgues était au terroir d’Entraigues. En septembre ( ?) 1438 le viguier de Bédarrides (à la date suivante l’on dit « ceux de Bédarrides » fait saisir plusieurs bêtes à « Pogolet » (ailleurs « Pigollet », Ponjollet » c’est-à-dire le Pigeolet). Le passage était si constamment litigieux que peu après cinq hommes de loi dont l’un représentait les droits (de la justice) du pape, assisté d’un « jurisperit » ami de la commune sur lequel je reviendrai, Jean Hugues, exécutèrent une descente sur le terrain. Trois ans plus tard au même endroit, l’escarmouche se reproduisit au préjudice de Monet Chabaut, dont une chèvre fut saisie 32.
Le droit de barre
J’ai écrit au début de cet article que la « barre » constituait la deuxième source de revenus des Sorguais. Le fameux pont qui donna si longtemps son nom à la commune, était de l’avis général jeté sur l’Ouvèze ou « grande Sorgue » à environ 40m en aval de l’actuel. C’est là qu’était vraisemblablement perçu sur les non résidents cet impôt indirect, en manière d’octroi qu’on aurait pu appeler ailleurs la chaîne 33. Son rapport dont nous n’avons ni le détail puisqu’il est chiffré par mois, ni le tarif, était en moyenne de 10 florins par mois avec un maximum de 14 en mars, ce qui pourrait bien correspondre à la nécessaire soudure en céréales : le produit diminue à partir d’avril pour se trouver au plus bas en juin-juillet (7 florins) (constantes de 1452-1453 et 1454-1455).
Le droit de « barre » était alors perçu en régie directe et Julien Pons, trésorier, puis auditeur des comptes, en était le « levador », mais il fut parfois affermé comme c’était le cas vers 1427-1438. Au nom de sa femme Marguerite, Savari Grimaut acquit ce droit pour un montant de 260 florins, semble-t-il, transaction dont il régla le solde en diverses échéances ; il est toujours désigné comme adjudicataire en 1438 34.
Mais ce droit ne pouvait être concédé que par les autorités supérieures, comme pour les autres activités de la vie communale : réunion du conseil ou parlement des chefs de famille, autorisation de lever un vingtain ou souquet du vin pour solder les emprunts 35. En 1426, la commune envoya à Rome auprès du pape Martin V le prieur clunisien Laurens Dayrerii, titulaire du prieuré de St-Laurent de Grenoble, mais que la commende de celui de Bédoin rapprochait des Comtadins, et ce pour obtenir la bulle « sur le fait de la barre ». Le 2 novembre, 28 ducas lui étaient encore dus pour achever de rémunérer sa mission. Fin 1438, alors que se déroulait le concile de Bâle, fallait-il solliciter la bulle de concession précisément du concile, du pape Eugène IV ou du cardinal-légat ? Dilemme. Les États du Comtat demandèrent en 1476 la suppression de tout péage dans l’intérieur du Comtat pour les victuailles et autres provisions de voyageurs, et en particulier celle du péage appelé « la barre » à Sorgues. Le légat Julien della Rovere leur répondit que la concession ne serait pas renouvelée. Or le registre « sommier » de la commune cité dans la première partie de cet article (AA2) fait état du « droit de barre et de pontonage, la barre du pont » dont jouissait le vice-légat, les habitants en étant affranchis ; il aurait encore existé en 1768 36.Dans de telles démarches de requête l’intervention d’amis influents était moins que négligeable, à commencer par l’avis de Jean Hugues.
Monique Zerner a relevé le rôle de Jean Hugues, juge de Carpentras, effectuant de nombreuses tournées pour estimer les propriétés lors de la confection du fameux cadastre de 1414, assidu aux séances du conseil des États et encore répartiteur de la taille en 1440. Déjà Hyacinthe Chobaut avait vu dans ce bachelier ès-lois le propriétaire, au moins dès octobre 1415, du moulin à papier de « la Tourre » (la Tour à Gentilly), près du chemin de Sorgues à Entraigues, un moulin à deux roues servant naguère à la mouture du blé et qu’il donne en location. C’est d’ailleurs au « moulin du juge » que l’on va trouver le trésorier Naguet en mars 1439. Le 31 mars 1452, sa veuve et héritière, « dame Barrasse » vendait le moulin aux célestins, ses voisins 37. En août 1438, le conseil le chargea de répondre dans les formes requises à la demande du recteur désireux de vérifier la bulle de concession et le compte de l’argent de la « barre ». On le dédommagea en lui offrant des poissons pour la valeur de 6 gros. Il tarde à payer son vingtain, mais c’est encore lui qui conseille à la mi-septembre d’aller trouver le cardinal-légat à l’Isle-sur-la-Sorgue pour savoir si les gens de Bédarrides avaient vendangé sans licence. 38
Tout aussi important était apparemment le rôle joué par « messire » Jean Fabre (Fabri). C’est donc lui qui mena la négociation pour obtenir le renouvellement du droit de percevoir la barre. En février 1439, il offrit ses services et notamment d’en parler au cardinal pour l’obtenir au moindre coût. Pierre de Foix serait d’accord pour l’accorder pendant douze ans, en faisant récompenser l’intercesseur de 50 florins. De son côté, Jean Fabre a promis 10 florins au recteur, qui ne serait autre que le neveu du cardinal, Roger de Foix, recteur du Comtat de 1433 à 1459, pour intervenir auprès du cardinal. Le mardi suivant Pâques (soit le 7 avril1439), Fabre emmène Naguet alors syndic à l’abbaye de Saint-Véran aux portes d’Avignon, pour le présenter au cardinal, entouré de quelques prélats. Celui-ci se montre bien disposé à l’égard du requérant, mais semble réserver son avis par égard pour le recteur. Le 12 juin, la barre fut obtenue pour douze ans et l’on récompensait le capitaine de Sorgues de 2 florins, le camérier du cardinal de 6 gros et un clerc de notaire de 3.
En 1442, le 1er mai, « messire » Jean veut s’entretenir avec le trésorier Jean Bartalier au sujet du paiement de sa taille. Nous n’en savons pas plus.
À Avignon-même il tient un rang non négligeable ; licencié ès-lois, il est l’assesseur dans le conseil de ville, c’est-à-dire le conseiller juridique des syndics, en 1452, 1456, 1463. Secondant le juge de la cour temporelle (organe judiciaire pontifical dans les causes laïques portées au viguier) en septembre 1453, ses pouvoirs semblent renouvelés d’année en année en même temps que ceux du juge.
Quoique le titre de « messire » puisse désigner un ecclésiastique, son intervention dans le litige à propos de la qualité d’un fer (penture de vantail) destiné début 1455 à une église de Sorgues (N-D. de Beauvoir ou Saint-Pierre ? L’on travaille en même temps aux deux) où il envoie comme expert un « serrailler » d’Avignon, révèle tout autant les attributions d’un juge. Nous ne connaissons pas actuellement les juges de Sorgues.
Est-ce en qualité de propriétaire que nous le voyons acheter courant 1454-1455 50 « escandals » de chaux à la commune, ce qui en faisait le sixième client pour la quantité ? 39 Le patronyme de Fabri (Fabre, Faure, Fèvre, etc.) est certes très courant. Un Pierre Fabri n’apparaît qu’une fois ici comme propriétaire dans le cadastre de 1414 (fol.18v°) pour 6 journaux de vigne. Or, si ce cadastre n’avait pas été amputé de la cote des ecclésiastiques, nous y aurions vraisemblablement trouvé le Pierre Fabri coseigneur d’Entraigues, qui le 10 décembre 1410 avait acquis du bien connu Guillaume Artaud, son débiteur, un bois précédemment hypothéqué en sa faveur. L’inventaire terrier des célestins de Gentilly cite comme leur bienfaiteur ce Pierre, évêque de Riez, pour leur avoir légué le 8 mars 1418 (date probablement fausse) plusieurs de ses héritages. Il s’agit en effet de Pierre Favre, de Filly, évêque de Riez de 1413 à 1416, devenu en 1401 coseigneur d’Entraigues par la donation entre vifs que lui avait faite de tous ses biens Blanche de Rochegude 40.
L’on a vu que n’était pas inabordable Pierre de Foix, cardinal-légat d’Avignon nommé par Eugène IV en octobre 1432. Son départ volontaire du gouvernement dans l’été 1452 suscita chez les Avignonnais de vifs regrets. Pie II lui concédait en avril 1462 comme villégiatures en mettant à sa charge la solde des capitaines, les châteaux de Sorgues et d’Entraigues, soit quelques années avant sa mort survenue le 13 décembre 1464. Il venait chasser de temps à autre à Sorgues, ainsi au début de l’année 1442 lorsque la commune lui offrit 2 florins de civade (avoine). Le capitaine reçut alors 4 florins comme intermédiaire. En octobre 1452, Sorgues participa au versement d’une taille qu’avaient votée les États en faveur du cardinal.
Son neveu le recteur Roger de Foix, après avoir recommandé aux propriétaires de mettre leurs biens en état « pour la réparation des lieux », vînt en inspection en février ou mars 1438. Lorsqu’en avril suivant, il réclama pour la défense six arbalétriers, la réponse fut négative car Sorgues n’avait d’hommes disponibles.
Un vice-châtelain apparaît vers 1441 en la personne de Jean de Vicherio, et l’on se rend compte que le château pontifical fut assez assidûment fréquenté tout au long du XVe siècle et même au-delà. Fin février 1450 (ancien style), c’est de sa chambre du palais que le cardinal en qualité d’archevêque d’Arles, confère une chapellenie sise à Salon. Lorsque Sixte IV nomma son neveu Julien della Rovere légat en France, il lui concéda sa vie durant la jouissance du château (avril 1480). Lorsqu’il unit au monastère de Gentilly la chapellenie perpétuelle de N.-D. de Beauvoir, le légat François de Clermont-Lodève se trouvait à Sorgues fin janvier 1528. C’était aussi selon une tradition remontant au XIVe siècle une étape pour les personnages de marque avant d’entrer à Avignon 41.
Le bac à traille.
Cette barre du pont ne peut être confondue avec le bac à traille ou « port des Auger » dit encore « droit de barques », qu’il faut évoquer compte tenu de son importance économique dans le terroir de Sorgues même s’il n’apparaît pas dans ces comptes communaux. « Le port d’Auger qu’est notre traille » comme le qualifiaient les célestins de Gentilly, - ce qui dans le vocabulaire du temps désignait un passage-, ne leur était parvenu que progressivement et détenu pendant longtemps au moins en copropriété. Il importe d’esquisser la généalogie de trois familles socialement importantes pour comprendre le processus de dévolution : les Auger, les de la Penne enfin les Faucher.
Les Auger (ou Augier) qui laissèrent vraisemblablement leur nom au « port » apparaissent au moins au début du XIIIe siècle. Si nous passons au XIVe siècle, Pierre, qui testa le 20 septembre 1352 ; était le père de Marie, abbesse bénédictine de Saint-Laurent d’Avignon, et de Raymond alors dit de Sorgues. Le frère et la sœur marièrent le 9 février 1369 (1370, s’il s’agissait de l’ancien style) Isabelle, respectivement leur fille et nièce, à Lancelot des Baux, fils de Raymond IV, prince d’Orange (mort en 1393). Devenue veuve, Isabelle Auger se remaria avec le chevalier Jean de la Penne (Penna). La fille de Jean et d’Isabelle, Bitrone (l’on trouve ailleurs « Britonne »), veuve d’un certain Pierre Lantini , épousa le 1er mars 1422 (ancien style ?) Robert, autrement dit « Robin » Fauchier qui serait originaire du diocèse de Rouen et aurait exercé la charge de monnayeur en 1445. Comme le droit de traille était réparti entre plusieurs coseigneurs, beaucoup d’aliénations de parts se firent au profit du monastère de Gentilly, ainsi Raymond Auger le 13 novembre 1365, Pons Bellon en 1367, Paul Mathei en 1380, Isoard Spacerii en 1402, les religieuses de Sainte Marie du Puy à Orange (pour deux parts) en 1409, Antoine Ortolan en 1430. Les célestins défendirent même leurs droits contre le trésorier de la chambre apostolique en lui refusant d’installer un péager et en limitant la portion pontificale au cinquième sur le « petit péage du sel perdu ». Le 20 octobre 1417, « noble Isabelle » Auger, veuve de Jean de la Penne, associée à sa fille Bitrone et à son gendre Pierre Lantini, vendait aussi plusieurs cens au changeur Louis de Ambrosiis,, dont 5 florins sur la moitié en indivis du port des Auger. C’est à l’occasion de cet acte de vente, conservé par une copie incomplète, que la « traille outre Sorgue » paraît le mieux localisée : sur le chemin d’Avignon à Orange, à proximité d’une terre de 12 saumées (soit près de 15 ha.), ayant comme confronts un chemin public longeant « le fleuve Sorgue », une autre terre, autre chemin public et le Rhône. Le couple Faucher-de la Penne donna aux célestins le 29 mars 1441 la maison du Chapeau rouge (devenue après 1370 « logis », entendons hôtellerie) dans la Grande rue, « devant la porte du Moulin », puis s’étant endetté auprès des mêmes par un emprunt de 200 florins, il leur vendit 10 florins de cens sur la traille et autres biens (16 décembre 1441) et en vînt à leur donner en 1445 la nue-propriété. Veuve, Bitrone finit en 1459 par céder au monastère l’usufruit sous réserve des 15 florins annuels dus au pape en raison de sa part de seigneurie.
Les tarifs de la traille ne sont jamais très explicites. L’on peut remonter aux « comptes du sel » de la compagnie de Francesco di Marco Datini, établie à Avignon, qui indiquent que sur la rivière de Sorgue était levé un péage et que du 23 octobre au 5 novembre 1377 ; pour passer quatre fois la Sorgue à la « Traglia », il en coûta 1 sou 6 deniers provençaux. Une pièce isolée et tronquée de la bibliothèque municipale d’Avignon (médiathèque Ceccano) représente un tarif de la fin du XIVe siècle qui distingue trois grands groupes de marchandises, le premier de dix produits, le second de vingt-quatre (comprenant le sel et les draps), le troisième de huit. D’un groupe à l’autre, le barème est dégressif. Retenons qu’une charge d’ânesse (« saumade ») devait 6 deniers (1 dans le dernier groupe), une charrette à un cheval 18, à plusieurs chevaux 1 gros et 1 gros et 12 deniers pour un chariot à 4 roues. Le tarif ne semble pas avoir beaucoup varié dans le temps, puisqu’il est reconduit en 1491 et que l’inventaire-terrier de Gentilly le reproduit en 1644 en lui accordant une ancienneté de cent ans, avec une certaine diminution du barème. Les coseigneurs du péage nommés en 1491 étaient le pape, les chartreux de Villeneuve et de Bonpas, les célestins de Gentilly et d’Avignon, les héritiers de Poncet Astouaud. L’on voit à la fin du XVe siècle le gouverneur d’Avignon craignant pour la sécurité de la capitale, faire enlever le bac à traille (septembre 1484) « pour couper le passage aux envahisseurs des terres de l’Église. Les revenus en avaient été ici partagés entre la chambre apostolique (le pape) et les célestins de Gentilly ; compensation est donnée à ces derniers » (Labande). Moyen économique de franchir les cours d’eau, gageons que ce bail à traille sur la Sorgue n’était pas unique. D’ailleurs, le même inventaire terrier mentionne celui de Bédarrides 42.
Les impôts
Exemptés de droit de barre, les Sorguais connaissaient néanmoins plusieurs formes de fiscalité. Il ne s’agit pas ici d’évoquer les dîmes dont le clergé tient seul la comptabilité, mais les impôts généraux qu’administraient les trois États du pays, les impôts locaux en fonction des charges de la commune. Asseoir la cote de la ville pour les dépenses de la province, c’est l’objet du cadastre de 1414 analysé par Monique Zerner. Le mot «taille » est le dénominateur commun des levées d’impôt ; il peut s’appliquer à un vingtain (prélèvement du vingtième sur les revenus ou produits) et même au souquet sur le vin.
+ L’inventaire communal de 1656-1657 énumère (sèchement !) une demi-douzaine d’autorisations d’emprunts ou de levées de taille pour les couvrir délivrées par les recteurs de 1354 à 1433 : le 22 août 1406, emprunter pour les procureurs des états, le 15 janvier 1428 (ancien style ?), emprunter 300 florins, peut-être s’agit-il du don à faire au recteur et que Aubertin de la Plane fut chargé de collecter en 1427-1428. Dans le compte de 1438-1439, les particuliers de Sorgues eurent à payer 1,2 ou 3 florins de vingtain ou taille, selon leurs revenus : ainsi Monet Chabaut fut-il fortement imposé avec 11 florins en raison de ses agneaux. Au printemps 1442, certains particuliers refusaient de payer la taille du « régent » (le mot était-il employé pour recteur ?). L’auditeur de la légation ayant prêté au pays 200 ducats, il fallut lever une taille en 1453. En octobre 1452, c’est la dernière paye du don des « 3000 » fait au cardinal qu’il fallait porter à Carpentras.
Les envois assez fréquents d’ambassadeurs à Rome étaient onéreux. L’ambassade de 1452 semble avoir compris Michel de Valpergue, et à nouveau peut-être début 1453, lorsque un certain « maître Robin » s’y rendit, Pons Brémond ayant joué le rôle de trésorier pour couvrir ces dépenses, à hauteur de 127 florins (c’était l’équivalent de la recette de la barre durant l’exercice 1454-1455 !) 43. Début mars 1455, l’on payait au vice-trésorier du Comtat 30 gros.
Mais l’impôt qui pesa durablement sur le Comtat au XVe siècle découlait du prêt de 40.000 ducats consenti au pape Benoît XIII par Jean Le Meingre dit Boucicaut, en 1408. Devant les réclamations de ses neveux et héritiers et les pressions exercées par leur cousin germain et héritier présomptif, Charles de Poitiers, sire de Saint-Vallier, soutenu par le dauphin Louis (futur Louis XI) , Pierre de Foix leva des tailles sur les juifs comtadins et fit imposer par les États en 1450 un droit de centième durant cinq ans sur tous les revenus et sur la vente des marchandises, « centain » qui fut transformé en vingtain jusqu’au 1er mai 1453. Ensuite recommencèrent des versements échelonnés. Étienne Naguet acheta ainsi aux enchères en 1452 le droit de lever ce vingtain à Sorgues que mettait en adjudication le marchand florentin Bernard de Bardi, cessionnaire de Boucicaut. Quittance en était grossoyée par un notaire d’Avignon dans l’été 1455. La dette ne fut toutefois extinguée que le 5 janvier 1468 avec le règlement des 4000 derniers ducats, soit plus de deux ans après la mort du cardinal-légat.
L’imposition des vingtains pour faire face à des dépenses de la commune résulte des emprunts à rembourser mais aussi des travaux d’entretien et de construction. Or, nous avons vu qu’à cette époque Sorgues était le théâtre de nombreux chantiers. Les emprunts assortis en guise d’intérêts de la constitution de pensions n’étaient pas toujours faciles à contracter. En témoignent les démarches coûteuses effectuées alors qu’était syndic Michel Ferre en 1427, qui s’engage avec le viguier et autres pour emprunteur 100 florins à dame Catherine de Valence. C’est vraisemblablement à la suite d’un prêt qu’un litige éclata entre la commune et les Cocils des Agaffins, Dragonet et Jean père et fils. Celui-ci intente un procès dans l’été 1438 et, en octobre, la commune prend les moyens de sa défense. L’on parvînt, semble-t-il, à un compromis qui fait allusion à des réparations et au profit retiré d’un hôtel (demeure). En 1469, Jean vendit aux célestins une vigne franche (de cens) de 8 éminées. On peut vraisemblablement l’identifier avec le maître des vivres qui apparaît dans le conseil d’Avignon en 1473. Prêteur sans doute aussi cet Antoine de Saint-Vallier qui menace de poursuivre en justice les retardataires au paiement d’un vingtain en 1441. Il y eut aussi le vingtain de « messire Antoine Bertran »- peut-être Antoine Pelegrin-, et autres en août 1454, celui de Jean de Venasque en mars 1455. La collecte de ces vingtains pouvait donc être adjugée, ainsi en 1433 comme le laissent entendre les brèves mentions de l’inventaire communal de 1656-1657. En janvier 1452 furent payés 30 gros à Abraham Israël, juif, pour avoir procédé à la levée des tasques. La levée du vingtain fut assumée au printemps 1453 par le trésorier en personne, Étienne Naguet, qui fut pour cela dédommagé par 12 florins. L’année suivante, l’on eut recours au notaire de Carpentras, Pierre de Affis, rémunéré de 20 gros 12 deniers, à son confrère Jean « Romyeu » également de Carpentras en mars 1455, à qui 7 gros furent payés, en mai suivant, à nouveau à Pierre de Affis pour 2 florins 4 gros. Je ne puis préciser à quelles modalités de recouvrement correspond la diversité des rémunérations servies aux collecteurs 44.
La concession des souquets par les recteurs fait l’objet de nombreuses mentions. Il s’agit d’une taxe frappant la vente du vin au détail aussi bien par les cabaretiers que par les particuliers qui écoulaient le surplus de leur récolte. La chronologie des souquets est longue : 1380, 1381, (soit une taille de 300 florins), 1384, 1409 (le huitième de la recette, emolumentum vini) accordé pour deux ans, 28 août 1412 (le quart de la recette accordé durant un an), mais comme le produit se révélait insuffisant, le même recteur, Jean de Poitiers, frappait l’entrée du vin de 4 gros par saumée par an (c’est une taxe analogue qu’il faut voir dans la gabelle des vins accordée en 1372 pour la réparation des remparts, objectif constant pour les souquets qui suivirent), 1437 (souquet pour un an du quart de la recette), 1439 (en mars, la concession du souquet est obtenue pour six ans !). Étienne Monet apparaît alors comme souquetier et reçoit pour ses gages « a deux fois » 6 florins, mais il y eut aussi quelques contestations : Michel Fougasse demande des explications, « Robin » qui vendit le vin à la « traille » ne veut pas payer et il fallut faire remonter le différend jusqu’au cardinal. Il s’agit vraisemblablement de Robert Faucher faisant vendre du vin à l’arrivée du bac sur lequel il a encore des droits. En 1454-1455, Jean Boliat, receveur du souquet, paya 10 florins à la commune. Est intéressante la licence délivrée par le recteur Pons de Langeac, un damoiseau, le 25 novembre 1393 : il entendait limiter à cinq ou six les tavernes, jugées trop nombreuses, au détriment de la bonne conservation du vin et de la perception de la taxe, mais cette mesure fut-elle appliquée ?
Des églises en travaux
Les chantiers consacrés aux églises de Sorgues menés de front en 1454-1455 ne sont pas moins intéressants mais ils reposent la question de l’identification et de la titulature de ces églises, évoquées par François Guyonnet étudiant l’église romane du centre, abusivement nommée Saint-Sixte.
Je laisserai de côté l’église Saint-Martial des Célestins de Gentilly, pour m’attacher à la distinction de l’église paroissiale d’avec celle du prieuré clunisien.
La charte déjà citée des privilèges du comte Raymond VII de Toulouse (avril 1225) est délivrée dans l’« église neuve ». Or, l’ordre de Cluny s’est vu conférer au XIe siècle une église tantôt désignée sous le titre de la Trinité, tantôt sous celui de Saint-Sauveur ; vers 1129-1131, l’évêque de Fréjus qui tient cette église ( ?) moyennant une rente ou cens demande à l’abbé de Cluny de la reconstruire alors qu’elle vient d’être ravagée (par une crue sans doute qui a également mis à mal un moulin et des vignes) en un point plus élevé. Mais pour financer l’extension de son palais, Jean XXII s’appropria en août 1322 les revenus du prieuré clunisien Notre-Dame de Beauvoir et déposséda le 1e janvier 1324 l’église cathédrale d’Avignon de ses droits (c’est-à-dire de l’ «ordinaire », de l’évêque) au profit de la chambre apostolique, ce pape s’étant d’ailleurs réservé l’évêché dès 1317. C’est Urbain V, le 17 mars 1363, qui donna en compensation à l’ordre clunisien la demeure avignonnaise des rois de Naples-Sicile (aujourd’hui temple Saint-Martial). Il existait par ailleurs une église Notre-Dame de Beauvoir de structure romane comme Saint-Sauveur et située au nord de l’agglomération, sur la route d’Orange (propriété de Robert Bézet). La publication des Statuts , chapitres généraux et visites de l’ordre de Cluny est certes un document de premier ordre, mais qui présente le défaut constitutif de ne pas donner le titre des églises priorales non plus que le nom des prieurs. D’autre part, en ce qui concerne Sorgues, le vide documentaire s’installe à partir du deuxième quart du XIVe siècle jusqu’à 1759. De la fin du XIIIe siècle à 1317, le prieur n’a qu’un seul moine pour compagnon (socius), les livres liturgiques font défaut, l’endettement est important, des bâtiments manquent de toiture et surtout l’office divin est célébré par des chapelains séculiers. Ce dernier point est important car je crois que l’effacement des moines perdura dans la vie religieuse de Sorgues au XVe siècle et sans doute par la suite. La situation semble rétablie vers le printemps1314, mais la collation du prieuré au cardinal Bertrand du Pouget (créé en 1316, mort en 1352) fait que les visiteurs de l’ordre trouvent porte close en 1320 ou début 1321. Le titre de Saint-Sauveur réapparaît en 1279 et indique, à l’occasion d’une délimitation des dîmeries entre ces clunisiens et le chapelain-recteur de Saint-Vincent de Gigognan, apparemment dépendant du monastère des cisterciennes de Sainte-Catherine d’Avignon, que son prieur et recteur l’est aussi des autres églises de Sorgues : parmi les témoins présents à la rédaction de l’acte se trouvent Rostaing Grégoire, chapelain de Sorgues et Jean, moine du lieu. En août 1348, c’est devant la prote de l’église Saint-Sauveur que le conseil est réuni, ce qui donne à penser que depuis la charte comtale de 1225, cette église située au centre de la ville voit confirmer son rôle de lieu de rassemblement des habitants.
Au fil des siècles, des chapellenies furent fondées soit dans l’église Saint-Sauveur, soit à Notre-Dame de Beauvoir. En conférant en janvier 1367 à un prêtre, Jean Michel, vieux serviteur du palais de Sorgues, un canonicat dans le diocèse de Carcassonne, Urbain V lui impose de résigner à Beauvoir une chapellenie perpétuelle dont les revenus étaient estimés à 10 florins d’or. Une lettre de Grégoire XI du 15 mai 1372 permet à un familier du cardinal Guillaume de la Jugie, Bertrand Talon, de garder sa chapellenie de l’église Saint-Sauveur (12 florins d’or de revenu) tout en obtenant une vicairie dans le diocèse d’Orange. En 1430, Jean de Saint-Rémy se trouve recteur et chapelain perpétuel d’une chapellenie de la Sainte-Vierge fondée à Beauvoir par Pierre de Aura, prêtre du diocèse de Chartres ; ce Jean de Saint-Rémy, originaire du diocèse de Besançon, dans le testament qu’il rédige le 22 novembre 1419, se qualifiait simplement de curé de Sorgues.
Indépendamment des fondations familiales qui se trouvent à l’origine des chapellenies, il paraît certain que le service paroissial était passé à Sorgues d’un moine clunisien à une chapelain-curé qu’il était d’usage de rémunérer. Deux listes de taxes ont été conservées par le diocèse d’Avignon, datées de 1475 ; la première donne la taxe synodale, la seconde les droits cathedratica 45 revenant entièrement à l’évêque, à la différence de la première dont le prévôt de la cathédrale recevait le quart. Les historiens du droit canonique ne sont pas très explicites sur la différence entre les deux taxes : termes synonymes ? Tribut annuel du temps du synode diocésain dans le cas de la première, perçu en l’honneur de la chaire épiscopale pour la deuxième ? En 1475, l’église Saint-Sauveur doit payer 6 deniers tournois de taxe épiscopale, N.D. de Beauvoir un denier de plus ; c’est la moyenne, alors que l’église de Jonquerettes en paie toutefois 12 et celle de Boulbon 18 ! Les jura cathedratica sont plus élevés, et l’église de Sorgues (Beauvoir n’est plus mentionné) paie la somme importante de 15 sous tournois alors que la moyenne est de 5 sous et que Châteauneuf-du-Pape, fief épiscopal, n’en paie que 2 et 6 deniers.
Luttrel et Blagg ont cité la charge financière que représentaient entre autres les réparations de l’église paroissiale (mention du 19 février 1362). Le cadastre de 1414 relevait que « l’église percevait la dîme des fruits. Il s’agit vraisemblablement de Saint-Sauveur, de même que dans le compte communal, lorsque les travaux effectués ne sont pas spécifiés comme appliqués à N.D. de Beauvoir. En février 1442, le compte mentionne l’achat d’une penture (« panne » de fer) pour la porte de l’église, pour le paiement du « fabre 46 » qui fabriqua le gond (« goufa ») et la clef. Les travaux se poursuivent avec une belle ardeur puisqu’à l’été 1452, les périers 47 reçoivent leur salaire pour avoir couvert l’église (vraisemblablement de bards ou de lauses). L’invitation des fidèles à participer aux frais par leurs dons est explicitée dans le compte de 1454-1455 ; les exécuteurs de legs s’en acquittent au profit de « l’œuvre de l’église » : le prieur de Gentilly un florin pour Jean de « Bonne voulenté », deux autres legs de 10 et 14 gros. En mars 1455, un litige s’éleva à propos du « fer de l’église » (à mon sens, il ne peut s’appliquer qu’à la porte), fabriqué par le « fabre » Jean Boliat, d’Avignon ; le « sarrailler » (serrurier) maitre Colin Elfort est prié de venir l’estimer Le conseil l’avait précédemment élu comme arbitre, ainsi que maître « Jean de Quevallon » (Cavaillon ?). Martin de Bédarrides réalise ensuite le « bout » de la petite campanette (monture ou contrepoids de la plus petite des cloches). Le conseil doit aussi effectuer simultanément des travaux à l’église N.-D. de Beauvoir. Localisée comme il a été dit, sur la route d’Orange, c’est là que les deux hommes découvrent en mars de la même année le four à chaux, en extraient les tuiles, le bois (les « fustes ») et la chaux qu’ils portent à Beauvoir. En mai, sont payées un florin trois serrures munies de leur clef, deux pour Beauvoir et la troisième à l’église Saint-Pierre.
Qu’est-ce que l’église Saint-Pierre ? Robert Bailly a mentionné l’existence d’une chapelle de ce nom, pourvue en 1712 d’un ermitage et d’un cimetière, mais il ne la localisait pas. Pourtant, les dénominations actuelles de rue et place Saint-Pierre (à l’emplacement de l’ancien cimetière), sises à l’extrémité sud-ouest de l’avenue du Griffon nous mettent sur la piste. En 1279, la délimitation des dîmeries déjà citée, prenait à plusieurs reprises comme repères des terres de l’église Saint-Pierre, elle-même située vers la route d’Entraigues. Peu avant la fourniture d’une serrure et de sa clef à cette église, c’est-à-dire en mai 1455, le prieur de Gentilly offrit une pièce de peuplier (« post de pibole ») pour faire les vantaux du portail (« posterlon ») ; les clous une fois achetés, le fustier Martin de Bédarrides et son compagnon sont payés 4 gros pour la main-d’œuvre.
L’ordre clunisien laissait-il à la commune la charge entière de la réparation (achèvement ?) de ces églises ? Début mars, l’on envisage d’adresser une supplique au cardinal « contre les gens d’Église qui ne veulent contribuer avec nous autres ». Il peut tout aussi bien, s’agir ; il est vrai ; des réparations des remparts. En outre, le conseil assume les frais du culte, à Saint-Sauveur selon toute vraisemblance. La « torche » (entendons le cierge pascal) payée 6 gros en 1439, en a coûté 10 en 1453, mais elle pesait 4 livres. Les dépenses pascales en 1455 se montèrent à un florin, en comprenant une torche semblable, des chandelles et de l’encens pour bénir les fonts baptismaux. En 1452-1453, la réparation du calice coûta 6 gros, la façon d’une aube 2 gros, la lessive des linges liturgiques effectuée par « dame Alis »16 deniers (plus du double, 3 sous en 1454-1455), la reliure du missel et du grand psautier 14 gros. En 1453, le prédicateur de Carême, le dominicain Huguet Morin, reçut un écu d’or (22 gros) de gratification pour huit jours. L’inventaire communal de 1656-1657 après avoir relevé l’achat des cloches pensant six quintaux (5 août 1352), indique encore pour ce qui se rapporte à l’église la rédaction du prix-fait du grand retable le 26 février 1482 (ancien style ?) et la consécration de l’église à la date du 12 décembre 1516 (citée par L. Desvergnes, p 125).
Il faut sans doute y voir un long étalement de chantier, ce qui n’a pas de quoi nous étonner 48.
Il n’est pas possible de prétendre avoir fait revivre en ces quelques pages la bourgade de Sorgues dans la première moitié du XVe siècle. Manquent d’ailleurs les documents et surtout les minutes notariales pour relater l’existence des simples habitants.
L’on a vu la gestion des affaires publiques entre les mains d’un petit groupe d’édiles, artisans, éleveurs de troupeaux, stimulés sans doute par l’arrivée d’un homme d’affaires pour ainsi dire, Étienne Naguet.
Les difficultés sont lourdes : tracasseries féodales, impositions multiples et constants recours à l’emprunt, délabrement depuis le début du siècle des édifices, églises, ponts, remparts que l’insécurité et les menaces guerrières obligent à relever 49.
Sorgues présente l’originalité d’être la première communauté d’habitants du Comtat Venaissin en venant d’Avignon. La circulation terrestre et fluviale en fait un passage souvent obligatoire. La localité relève de Carpentras pour la tutelle administrative et fiscale comme pour ses procès mais la proximité d’Avignon lui procure l’assistance juridique d’experts, d’officiers gravitant dans l’orbite du pouvoir et qui souvent possèdent des biens fonciers à Sorgues comme dans toute la grande banlieue de la capitale. En outre, la résidence pontificale fréquentée à l’époque par le puissant cardinal-légat, offre aux responsables de la cité sinon une familiarité, du moins une approche plus facile auprès de l’autorité suprême.
M Michel HAYEZ
Directeur honoraire des archives départementales du Vaucluse
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(1) Le seing manuel de Jean Tirand apparaît dans des expéditions d’actes de 1444 et 1448 (Arch. Communales déposées aux Archives départementales, AA1).
(2) Voir la thèse de Sonia Comte apportant des éléments au moins généraux sur ce monastère. Cf. de la même, - Les Célestins, le roi et le pape : les monastères d’Avignon et de Gentilly et le pouvoir, dans Provence historique, XLV/184 (1996), p..229-251.
(3) M.Zerner, Le cadastre, le pouvoir et la terre. Le Comtat Venaissin pontifical au début du XVe siècle, Rome École française, 1993 ; le cahier original est conservé aux Archives départementales sous la cote C116.
(4) La confirmation des privilèges par le sénéchal en date du 28 avril 1254 est conservée en copie du milieu du XVe siècle (Arch.com., reg.FF1).
(5) L’acte de promesse de mariage du 31 janvier 1437 entre Jacques Fontis , marchand et parator de draps du diocèse de Majorque, et Marguerite, fille de feu noble Jean de Porte-Aiguière, énumère quelques toponymes liés à la situation des biens et services apportés en dot par l’épouse : Cadarache, « Montelhet » -les Grimaus-, Solheliet, Saint-Martin (Arch. Dép., notaire Jacques Girard, 3E5/695, F.84-87).
(6) A. T. Luttrell et T.F.C. Blagg « The Papal Palace and other Fourteenth-Century Buildings at Sorgues near Avignon », dans Archaeologia (Society ot Antiquaries of London) CIX (1991) o.161-191, traduit dans Études Sorguaises, n° 10, 1997.
(7) Pour toutes les valeurs qui suivront, il convient de rappeler que la monnaie courante de l’époque se présentait sous la forme du florin de 24 sous (comme monnaie de compte la livre valait 20 sous) du gros de 2 sous et du sou de 12 deniers.
(8) Cette censive s’étoffa dans des proportions importantes au cours des siècles suivants.
(9) D. Le Blévec, La part du pauvre. L’assistance dans les pays du Bas-Rhône du XIIème siècle au milieu du XVe siècle, Rome 2000, t.II. p.606 cite la mention de l’hôpital en 1372. L’inventaire communal de 1656-1657 mentionne la (ou les) confrérie(s) Notre-Dame de Vie et Notre Dame des Carmes aux années 1491 et 1492.
(10) H. Chobaut, Les débuts de l’industrie du papier dans le Comtat Venaissin, XIVe – XVe siècles, Besançon, 1930, p.9, d’après les minutes notariales aujourd’hui cotées 3E5/689, f.48 (28 janvier 1435) et 3E8/789, (11 avril 1440). La graphie est Nogueti ou Nagueti.
(11) Arc.comm. CC8. cahier de 6 fol., exercice 1452-1453, déposées aux Arch. dép. Par contre dans le même article est tenu en pur provençal le compte de 1436.
(12) Jurisconsulte.
(13) L’activité d’Étienne Naguet a pu être retracée, outre le compte microfilmé, à l’aide des archives de la commune déposée aux Archives départementales :: AA 1 (1444), CC 8 et 206, FF1 ; inventaire-terrier de Gentilly, H Célestin Gentilly 1 et 10 (pour la dernière mention de 1472). Sur la créance des Boucicaut, cf.J.Girard « Les Etats du Comté Venaissin depuis leurs origines jusqu’à la fin du XVIème siècle », dans Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 2ème série, VI (1906) p.198 ; F. Baron, Le cardinal Pierre de Foix le Vieux (1386-1464), Amiens, 1920, p.104-108 ; P. Pansier, Les Boucicaut à Avignon 1933, p.97-111.
(14) M. Laclotte et D. Thiébaut ; L’École d’Avignon, Paris 1983, p.203-206 (reproduction des dix fragments conservés) ; Luttrell et Blatt, cit., p.175-186.
(15) Une situation financière alors difficile pour Guillaume Artaud ne serait-elle pas à l’origine de sa dette de 40 florins à l’égard de Pierre Fabri, coseigneur d’Entraigues, entraînant l’hypothèque sur le bois de Plex (als Plebs), entre celui du doyen de Villeneuve à l’est et le pacage communal à l’ouest, bois qu’il finit pas vendre à son créancier (10 décembre 1410, H. Gentilly art.10) ?, R. Bailly, Dictionnaire des communes de Vaucluse, ed.1985, p.170, à l’article – Entraigues – désigne Pierre Fabri comme un prêtre. Je reviendrai sur ce personnage.
(16) Baluze, commentant les vies des papes d’Avignon, à propos des archevêques d’Arles (1351-1361,1361-1374), les frères Étienne et Guillaume de la Garde, aussi frères du cardinal Géraud (+1343), créé par Clément VI en 1342, dans la généalogie de cette famille limousine (Lagarde-Enval, Corrèze), cite Aymery, neveu des prélats par son père Bernard, chevalier. Bernard est qualifié de seigneur de Pélissane et coseigneur de Mondragon. Il paraît vraisemblable que les archevêques d’Arles, princes de Mondragon, y aient pourvu de quelques biens leur parent. Aymery, marié en 1364 dan sa patrie à Marie de Trenchelion, posséda après son père plusieurs hôtels à Avignon (vers 1384). Baluze, Vitǽ paparum Avenionensium, ed. G. Mollat, II, p.39 &, 502-503. P et R Merceron, H.Aliquot, « Armorial des cardinaux limousins de la papauté d’Avignon », dans Lemouzi 77 (1981), p.6 du tiré-à-part ; Terrier avignonnais de l’évêque Anglic Grimoard (1366-1368), ed.A.M. Hayez, Paris 1993, p.102-103. Je n’établis pas de lien entre Guillaume Artaud et le riche bourgeois originaire de Pont-Saint-Esprit, anobli comme écuyer du cardinal Gaucelme de Déaux et chargé de diverses missions par le pape Urbain V ; il fit son testament en 1403 (terrier de l’évêque…,p. XXIV, 71-72).
(17) Bertrand de Falgayras, sergent d’armes du pape, châtelain du palais et/ou de la ville de Sorgues, accomplit certaines missiosn ordonnées par Urbain V (1362-1365) et notamment la réparation de l’église en 1363. Il y eut aussi un Bertrand junior ; un Berard, recteur de la paroisse de Fournès (Gard), clavaire (soit trésorier) de l’êvêché d’Avignon à Saint-Laurent-des-Arbres, et Gailhard, prieur bénédictin, vraisemblablement son parent, dans la mesure où le même jour (30 novembre 1362), Urbain V lui confère un bénéfice. Bertrand (sans pouvoir prpéciser lequel) fut syndic peu avant 1387. Procédure environ 1415 : arch. Comm.FF1 ; châtelain Bertrand : Luttrel et Blatt p.173, et fichier prosopographique d’Anne-Marie Hayez ; Lettres communes d’Urbain V V n° 1774 et 1778 pour les clercs Gailhard et Bertrand ; syndic de Sorgues en 1387, arch. comm.C5. L’on voit le sergent d’armes Bertrand acquérir de la chambre apostolique comme plus offrant pour 600 florins (différence de 100 florins) l’hôtellerie Saint-Georges à Sorgues qu’il revendit rapidement à Menucchi Cola de Sienne, habitant Sorgues ; ce que Grégoire XI confirma le 20 septembre 1372 (Arch. Vat. Reg. Av. 1387, f.309, Lettres communes de Grégoire XI n° 20416). Il est vraisemblable que le prénom « Tandon » est diminutif du prénom Bertrandron. Noble Guillaume Artaud » peut signifier un double prénom. Quant au toponyme Falgayras, avec ses diverses variantes, je n’ai pu l’identifier, mais il semble appartenir au Périgord.
(18) Hommes responsables.
(19) En février 1416, une révision (réparation) fut ordonnée en raison de la difficulté d'utilisation des livres. Les diverses mesures employées (la saumée pour les terres labourables, la séchoyrée pour les prés, la fossoy- rée pour la vigne.
(20) Monet et Claude Chabaut : syndics et trésoriers, arch. com.FF, reg. De 1415-1453 ; CC8 : comptes de 1438-1439, 1441 ; CC106, compte de 1452-1453. Arch. D2P.h Gentilly 1, f.131v, C116n f.9v, 13,22,27,28v,29.
(21) Julien et Monet Pons : arch.com.CC8 : compte de 1438-1439 ; arch. dépar .C 116, 9v, 12v ; 14v-, 15v20, 24v.
(22) Clément, Le monastère-collège de Saint-Martial d’Avignon, Avignon 1893.
(23) Le Barrêmien est le quatrième étage stratigraphique du Crétacé inférieur. Il tire son nom de la commune française de Barrême, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. Le Crétacé inférieur est la période la plus ancienne du Crétacé. On considère généralement qu'il s'est étendu de 146 Ma à 100 Ma.
(24) S. Gagnière, « Notes sur le plâtre, la chaux et les tuiles dans les constructions pontificales », dans Annuaire de la Société du Palais des Papes, LXIII-LXIV (1986-1987), p.32-36 (pour la chaux) ; M. Pazzis, Mémoire statistique sur le département de Vaucluse, Carpentras 1808, p0147 ; S. Gras, Description géologique du département de Vaucluse, Paris 1862 ; Carte géologique de la France à 1/50.000, et fascicule Avignon, Ministère de l’Industrie, BRGM., Orléans 1991. Je remercie Nicolas Brusset, auteur d’un rapport de stage effectué dans le cadre du « DESS Tourisme, culture et développement » à l’Université d’Avignon en 2002-2003, sous la forme de deux fascicules, Inventaire du patrimoine historique de la commune de Sorgues, et Le patrimoine historique, valeur sûre de la commune de Sorgues, il a recueilli à mon intention les témoignages de MM. Raymond Chabert et Robert Bézet, ce dernier ayant publié un complément à l’Histoire de Sorgues de Desvergnes, impr. Batailler à Carpentras 1995. M’ont été utiles au sujet de l’exploitation de la chaux les ouvrages ou articles de Philippe Bernardi, Métiers du bâtiment et techniques de construction à Aix-en-Provence à la fin de l’époque Gothique (1400-1550), Aix 1995 ; Ecole d’Avignon, Techniques et pratique de la chaux, Paris 1995 ; Jean-Louis Vayssettes, « Les tuiliers-chaufourniers de Villeneuve-lez-Avignon de la fin du moyen-âge à l’époque moderne », dans Arts du feu et productions artisanales. XVe Rencontres Internationales et d’histoire d’Antibes, Antibes 2000, p. 613-628. Philippe Bernardi a bien voulu interpréter les conditions de fonctionnement du four, de même que les termes de plusieurs fournitures dans le devis de construction du point de bois de 1460.
(25) Louis Binz, - Népotisme de Clément VII -, dans Genèse et début du Grand Schisme, Paris1980, p.107-123 (ici p.115) relève le remariage en 1403 de la nièce du cardinal Jean de Brogny, Pernette de Tremblay, avec Raymond de Laudun, baron de Rochefort, Bruno Galland, Papes d’Avignon et maison de Savoie, Rome 1998, p.369, citant les Vernety originaires du diocèse de Genève, le viguier d’Avignon en 1387 et notamment Jean de Verneto, nous révèle peut-être l’origine des Vernety de Sorgues. Antoine de Saint-Vallier était sans doute parent de Charles de Poitiers. C’est aussi le mari d’Eléonore Cabassol (Pansier, Les Boucicaut, p.268), troisième syndic d’Avignon en 1446 et 1452, régent de la viguerie en 1453 (L.H. Labande, Avignon au XVe siècle, Paris 1920, reprint Marseille 1975, p. 543, 550) ; Antoine menaçait d’engager une action en justice à la fin de l’année 1441 à l’encontre des retardataires du paiement du « vingtain de Cabassole », étant vraisemblablement l’un des prêteurs.
(26) Gippier - plâtrier
(27) Instrument de fondeur qui sert à faire l'ouverture des fourneaux, pour faire couler le métal ; c'est un morceau de fer emmanché au bout d'une longue perche
(28) Terme de construction. Grand tréteau en charpente Pièce d'étai dans les réparations.
(29) Poteaux, piliers, madriers.
(30) La forme latine de Lege appliquée à Gabriel, l’un des fustiers, recouvre le patronyme de Laurent de Luey, rencontré ci-dessus en 1454 ; il a pu aboutir aux formes modernes de Loÿe, Deloye. Quant au capitaine Michel de Vera , il est désigné dans cette fonction dès 1444 ; il réunit le conseil de Sorgues en juin 1453 pour constituer des procureurs dans le procès de saisie de gages alors que des troupeaux sorguais se rendaient dans les alpages ; il participe à l’audition du compte d’Etienne Naguet (1454-1455). Ce Michel de Vera fit simultanément carrière à Avignon où il était admis comme viguier le 30 avril 1456, fonction qu’il exerça encore, brièvement semble-t-il , en 1462 comme à la fin de l’été 1464 (Labande, ouvr. Cit., p.543-547). D’après les documents utilisés pour cet article, il est possible de citer quelques capitaines (viguiers ou bailes) de Sorgues : Guillaume Raymond vers 1416-1417 (FF 1 reg. de 72 fol.) ; il avait représenté la commune à la séance des États de juillet 1409 ; Huguenin Jehan vers 1427-1428 (CC8) ; « Benardon », nouveau capitaine en janvier 1439 (compte) ; Bernard de NALEIZ (le même que le précédent ?) en mai 1441 (CC206). Le capitaine pouvait être assisté d’un lieutenant (ainsi vers 1444 : AA 1). Dans le texte latin du prix-fait le terme de « consuls » vient concurrencer en quelque sorte celui de « syndics ». Le pape Pie II venait précisément en mars 1460 de rétablir le titre antique de consul pour les syndics d’Avignon.
(31) Fin 1428, Guillaume des Baux faisait hommage au recteur par procureur pour onze fiefs comtadins dont Saint-Hippolyte-le-Graveyron. Ce duc d’Andria, comte de Montescaglioso, vivait toujours en Italie vers 1433-1436 et faisait administrer son domaine par Guillaume Tristan, seigneur de Clermont-Lodève (L. Barthélemy, inventaire chronologique …de la maison de Baux, 1882, n° 1797, 1802-1804) Il ressort de l’exposé des faits que vers 1454 le seigneur de Saint-Hippolyte était Etienne Vincent, de Marseille (FF1, registre mutilé). Je ne sais comment fut assurée la transmission de ce fief de la famille des Baux à Vincent. Les copies du privilège de 1225, renouvelé en 1254 se trouvent dans ce même registre. Certains vidimus datent ainsi de 1344 (riposte à Sarrians), 1348, 1377, 1386…
(32) Pour l’ordonnance de 1300, cf mon article « Pernes à l’aube du XIVème siècle », dans Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 8ème série, VI (1997), p.67-68. Les saisies de gages effectuées au Pigeolet sont mentionnées dans les comptes de 1438 et 1441 (CC8).
(33) À l’occasion des travaux effectués au XVe siècle, l’on distingue toutefois le pont « d’avant » et le pont « d’aval ».
(34) Comptes de 1427-1428, 1438-1439,1452-1453,1454-1455 (CC8 206). Lorsqu’il acquiert successivement en juillet et septembre 1428 une vigne puis des terres à Sorgues, Savari Grimaut est qualifié de bourgeois, puis changeur d’Avignon (minute de Jacques Girard : 3E675, f.229 et 283v).
(35) Monique Zernen, Le cadastre, le pouvoir et la terre. Le Comtat Venaissin pontifical au début, du XVe siècle, Rome, 1993, p.28, cite « le droit de « reve » accordé plusieurs années de suite à Sorgues, destiné à permettre à la communauté de reconstruire des ponts » ; c’est sous le nom de « barre » qu’une imposition est accordée dans le même but à Pernes et à Velleron pour refaire un pont en commun (1428).
(36) J. Girard « Les Etats du Comté Venaissin depuis leurs origines jusqu’à la fin du XVIe siècle » dans Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 2e série, VII (1907), p.56, n.7.
(37) M.Zerner, ouvr. Cité, passim. H. Chobaut, Les débuts de l’industrie du papierdans le Comtat Venaissin XIVe-XVe siècles, Besançon, 1930, p12-16. Comptes de 1438-1439. Pour la vente du moulin, inventaire de Gentilly, sorte de livre terrier (Arch. Dép. 20 H Célestin de Gentilly1), fol.27, où Jean Hugues est qualifié de docteur, et AA2, F.12v.
(38) Un litige était en effet survenu du fait que le conseil de Sorgues voulait entraver les vendanges à Bédarrides et à Entraigues en y plaçant des croix en raison des « tasques » (part de fruit, le sixième de la récolte) exigibles par le pape et la « commune » de Sorgues. Le recteur du Comtat demandait que l’on laisse vendanger et les célestins de Gentilly et d’Avignon menaçaient d’excommunier si l’on n’enlevait pas les croix de leurs vignes de Saint-Martin qu’ils donnaient à bail aux gens d’Entraigues. La cour conservatoire des privilèges, siégeant à Carpentras, s’opposa à la sommation des célestins.
(39) Comptes de 1438-1439, 1441-1442, 1454-1455.L-H LABANDE, Avignon au XVe siècle, Paris 1920 (reprint Marseille, 1975), p. 547-549. Arch.dép., H Célestins de Gentilly1 pour l’inventaire terrier, art.10 pour l’achat de 1410. L’on voit qu’en 1365 une « tasque » perçue en indivis par le pape et les célestins nouveaux cessionnaires du droit, s’élève sur un quartier de terre au neuvième de ces fruits (inventaire terrier, f.20-22v°). Le même inventaire terrier situe vers 1644 l’audience non loin de la Grande rue à l’est de la rue du Château, en approchant semble-t-il, de « la porte du Ricaut », f.95-98.
(40) Pierre Fabre, évêque de Riez, mériterait une étude locale pour le riche patrimoine qu’il détenait à Sorgues, Entraigues et Avignon et en d’autres lieux. Il était le familier et secrétaire du cardinal Jean de Brogny (1342-1426) fondateur du collège Saint-Nicolas d’Annecy. Pierre Favre avait fait du cardinal son héritier. (L. Binz, « Le népotisme de Clément VII et le diocèse de Genève », dans Genèse et débuts du Grand Schisme d’Occident, Paris 1980, p.110 Pour la donation de la coseigneurie d’Entraigues et autres biens, Arch. dép. H Célestins d’Avignon, art.5, pièce 65.
(41) François Baron, Le cardinal Pierre de Foix le Vieux (1386-1464), Amiens, 1920.Comptes de 1438-1439, 1441-1442- et 1452-1453. Gallia christiana novissima, Arles, 1901, col.850-851. Série20H Gentilly 45 pour le document de 1528.L-H Labande, ouvr. Cité, p.285 n.1.
(42) Sur les Auger, L-H Labande, Avignon au XIIIe siècle, 1908 (reprint Marseille, 1975), p.258 et passim ; J. Chiffoleau, Les justicse du Pape, Paris 1984, p.288, 290 et passim : Augier et Bertrand Augier de Pont-de-Sorgues. Valérie Theis « Les stratégies d’implantation palatiale dans la région d’Avignon de Jean XXII à Clément VI (1316-1352), dans Patrick Boucheron et Jacques Chiffoleau, Les palais dans la ville. Espaces urbains et lieux de la puissance publique…, Lyon 2004 : Guillaume Auger perçoit pour le pape les revenus du péage de Sorgues en 1319-1320, 1338-1340. L’inventaire terrier de Gentilly, passim, et l’article 10 du même fonds permettent d’établir la généalogie des Auger-de-la-Penne-Faucher. Germain Butaud, Guerre et vie publique en Comtat Venaissin et à Avignon, vers 1350 vers 1450, thèse soutenue à Nice-Sophia Antipolis, 2001, p.817 : Jean de la Penne, fils d’un sergent d’armes et originaire d’Avignon, avait été caporal de douze lances à Bologne en 1371 et s’était installé à Sorgues. À l’époque de la confection du terrier de l’évêque Anglic Grimoard, vers 1366-1368, Jean de la Penne était encore damoiseau mais écuyer et familier du cardinal Rinaldo Orsini. Ses redevances à l’évêque consistaient dans le cens et la dîme pour un pré hérité semble-t-il, d’un Pierre Ortolan par l’intermédiaire d’une certaine Marguerite de la Penne (Le terrier …, édité par A-M- Hayez, Paris 1993, p.199 et n°.2). Parmi les confronts de la traille en 1417 est citée la bastide d’Isabelle Auger où il y a une habitation (hospitium), une vigne et un jardin, ainsi que bois et prés. Dans le compte de 1454-1455, Robert Faucher est peut-être le « Robin » qui achète à la commune 30 escandals de chaux et participe aux côté des syndics le 23 avril 1455) à la collation offerte au serrurier appelé comme arbitre dans le « débat du fer de l’église ». Dans un acte de vente du 8 septembre 1428, Robin Faucher, habitant la maison (domus) de la traille, est cité comme confrontant la terre concernée (minutes de Jacques Girard, 3E 5/675, f 229). Comptes du sel, 1376-1379, de Francesco di Marco Dantini…éd. Villain-Gandossi, Paris, 1969, p.63.Ms.2487 de la bibl. muni. d’Avignon, f 46 : « C’ensuit la manière pour le lever le petit péage du Pont-de Sorgues ». Pour la suppression temporaire du bac en 1484, Labande, Avignon au XVe siècle…p.391. L’on peut rechercher quelques éléments de comparaison sur des revenus de péage dans Louis Stouff, Arles à la fin du moyen âge, tome2, 1986, p. 729 : en baisse constante durant le premier quart du XVe siècle, le revenu était de 176 florins en 1432. À Sorgues, le produit de la barre communale et non de la traille était de 122 fl. 4 gros en 1455-1456, soit environ 70% de la recette arlésienne ; c’est important, toutes réserves faites sur les équivalences monétaires et les modalités de perception.
(43) Les Piémontais Michel de Valperga, coseigneur de Caumont, et son frère Louis, ce dernier fort en faveur auprès de Louis XI qui l’envoya en mission en Italie en 1487, furent capitaines et châtelains de Visan. Ils étaient gros créanciers de la ville d’Avignon (L.-H Labande, ouvr. cité p. 352, 377-378). Quant à Jean II Boucicaut (1365-1421), maréchal de France et gouverneur de Gênes pour Charles VI, il était le frère cadet de Geoffroy (mort en 1429) qui assiégea Benoit XIII dans le palais d’Avignon de 1398 à 1403.
(44) Comptes de 1427-1428, 1438-1439, 1452-1453, 1454-1455 . Le trentain accordé par le recteur Eudes de Villars le 19 janvier 1393 (ancien style ?) apparaît par rapport à ces nombreux vingtains autant modéré qu’exceptionnel (CC5). Sur les Cocils des Agaffins, inventaire-terrier de Gentilly, F.116, et L-H.Labande, Avignon au XVe siècle, p.555, où l’on voit que le conseil d’Avignon comprend en 1473 Jean comme maître des vivres, puis premier consul l’année suivante, Olivier trésorier en 1477. Les minutes des notaires de Carpentras de Pierre de Affis (actif au moins de 1437 à 1493, associé à son parent André, et ayant comme successeur Louis) et Jean Romieu (Romei, 1448-1480) sont conservées aux Archives départementales sous les cotes respectives 3 E 26/150-188 et 3E 26/371-381.
(45) Droit d'installation en chaire, payé par l'évêque entrant dans l'épiscopat.
(46) Fabre : forgeron en provençal..
(47) Périer : carrier en vieux français.
(48) Fr. Guyonnet, « l’église romane Saint-Sixte de Sorgues », dans Archéologie du Midi médiéval, 219 (2001), p.51-65. E. Clément Le monastère-collège de St-Martial d’Avignon, Avignon, 1893, p.311 : « Le vocable Saint-Sauveur fut ajouté à l’église paroissiale en souvenir de l’abbaye de Limoges, dont nos bénédictins suivaient volontiers les dévotions traditionnelles ». Je cite l’ouvrage sous bénéfice d’inventaires pour la dernière partie tant il laisse à désirer dans sa composition et dans le traitement écorché des noms propres. Documents utilisés sur les églises : comptes de 1439, 1442, 1452-53, 1454-55, FF : acte de 1225 en copie XVe s. Arch. dép. 1 G 5, pièce 67 (1279 en copie XVe s.) ; 20H Célestins de Gentilly 45 (1430, 1524,1528 : par ce testament, Jean de Saint-Rémy léguait 1 florin à l’église St-Sauveur (8 florins pour ses funérailles) ; il faisait héritière sa filleule, de parents décédés qui demeuraient à Sorgues, sa prédilection allant au couvent des dominicains d’Avignon : élection de sépulture, exécution du testament, héritage en l’absence de descendance de sa filleule ou de ses frères : au XVIe s., le légat François de Clermont unissait aux célestins la chapellenie de Ste. Catherine et celle qu’avait résignée son dernier recteur André Verneti, fondée vraisemblablement au maître-autel et sous le nom de Notre-Dame (et de la Ste. Vierge). 3e 67/166, à la fin de ce reg de notaire : inventaire communale de 1656-1657. R.Bailly, Dictionnaire des communes Vaucluse, 2e éd., 1985, p. 414 ; idem « Possession de Cluny dans le Comtat Venaissin », dans Avignon, Rhône et Comtat, 10 (1991), p.10-11, 14 ; École française de Rome, Jean XXII, Lettres secrètes, , n° 1416 et 1897(1322 et 1324) ; idem, Urbain V, lettres communes, n° 6140 (1363), 19152 (1367) ; idem, Grégoire XI, Lettres communes, n° 18163 (1372), L. Desvergnes, Histoire de Sorgues, 1929, rééd. 1978 : Robert Bezet, Histoire de Sorgues, complément à l’histoire de L. Desvergnes, impr. Carpentras, 1995 ; Luttrell et Blagg, The Royal Palace…p.166, 188, traduit dans Etudes Sorguaises, n° 10, 1997. G. Charvin, Statuts, chapitres généraux et visites de l’Ordre de Cluny, t.II, Paris 1967, p. 103, 109-210, 294, 335,350, 364, 380,410,480, et t.IX, 1979, p. 155, pour le différend à propos de la cure entre dom Tempier et dom Péru, clunisiens ; M. Prou et E. Clouzot, Pouillés des provinces d’aix, d’Arles et d’Embrun, Paris, 1923, p. 190-193 (taxes de 1475).
(49) Sur les menaces de guerre et les dispositions prises à Sorgues en mai 1433 et en 1438 notamment, voir G. Butaud, thèse citée, p.443, 522, 623.