APERÇU HISTORIQUE
L'origine du canal de Pierrelatte remonte à plus de trois siècles. Par lettres patentes du 13 juin 1693, le Roi Louis XIV le concéda à son cousin, le Prince de Conty, à titre perpétuel, avec autorisation d'établir dans le Rhône, près de Donzère, une prise d'eau destinée à arroser les territoires des com-munes traversées jusqu'à Mondragon, sur la rive gauche du fleuve.
Les héritiers du Prince procédèrent à un commencement d'exécution, ainsi qu'il résulte des protocoles datés de cette époque ; mais, à partir de sa création, le canal éprouva toutes sortes de vicissitudes.
Après la ruine des premiers entrepreneurs, Jean Huglas et Castillon, il devint successivement la propriété de divers concessionnaires qui finirent tous par se retirer en le cédant à perte. Vers la fin du XVIII eme siècle, on le trouve dans les mains des propriétaires arrosants qui s'étaient réunis en association pour l'exploiter. Au bout de quelques années, ils étaient aussi découragés que leurs prédécesseurs et, comme eux, ils prenaient le parti de se retirer.
Comblé pendant la Révolution, le lit principal fut rouvert sous le premier Empire, mais les irrigations ne fonctionnèrent que très irrégulière-ment jusqu'à janvier 1838, date à laquelle une société anonyme se mit résolument à la tête de l'entreprise.
Autorisée par Ordonnances Royales des 8 juin 1841 et 26 mars 1843, elle remonta la prise d'eau dans le Rhône jusqu'à l'entrée nord du défilé de Robinet, rétablit les anciennes dérivations et en ouvrit de nouvelles dans la commune de Pierrelatte.
En outre, dans le but de favoriser le développement des irrigations, elle mit des géomètres à la disposition des arrosants pour niveler les terres sur les parcelles engagées à l'arrosage. Elle accepta enfin que, du 15 janvier au 1er avril, les propriétaires qui désiraient arroser n'auraient qu'à se présenter au bureau du canal pour y faire inscrire la situation et la contenance de leurs parcelles.
Cette société pensa que le meilleur moyen d'augmenter ses revenus serait d'étendre les limites du périmètre tel qu'il avait été défini par les lettres patentes de 1693. A cet effet, elle obtint de les prolonger dans le département de Vaucluse jusqu'à la rivière la Mayne. Le projet définitif des travaux à exécuter fut approuvé le 13 octobre 1861. Mais cette société épuisa complètement ses ressources , le compte de chaque exercice se soldant par un déficit de 6 à 7 000 Francs. Un pareil état ne pouvait qu'aboutir à une mise sous séquestre du canal qui fut prononcée par décret impérial du 23 janvier 1861.
La prise de possession du canal par l'État fit sensation dans le pays. Il semblait aux riverains qu'une heureuse transformation allait s'accomplir. Malheureusement, l'exploitation fut plus catastrophique que par le passé : de 204 hectares arrosés pendant une période de 23 ans, de 1838 à 1861, on tomba à 152 hectares de 1861 à 1870. Considérant qu'il n'avait plus intérêt à maintenir plus longtemps le canal sous sa gestion, l'État le vendit aux enchères. Après plusieurs tentatives infructueuses, il se présenta un Maître des Forges, Léopold de la Vallée Poussin, qui s'en rendit adjudicataire.
Le nouveau concessionnaire reprit la question du prolongement du canal dans le département de Vaucluse mais, au lieu de l'arrêter à la Mayne, près d'Orange, il se proposa de le poursuivre jusqu'à l'Ouvèze, à Sorgues. Ce projet daté des 5 et 10 juin 1873 et celui de monsieur Tardieu du 30 mars 1859, dont il était la suite, furent soumis à enquête d'utilité publique, en vertu d'une décision ministérielle du 27 février 1876. Les résultats de cette enquête ayant été très favorables, l'administration fit connaître à monsieur de la Vallée Poussin, le 9 octobre 1876, qu'elle était disposée à provoquer la déclaration d'utilité publique des travaux et à demander le concours de l'État pour leur exécution. Avant qu'il puisse faire quoi que ce soit, monsieur Léopold de la Vallée Poussin fut déclaré en faillite.
La Banque de France qui était créancière de la faillite dans la pro-portion de 95% continua d'exploiter le canal, en attendant qu'elle puisse le mettre en valeur par la construction de sa partie vauclusienne.
UTILITE DU CANAL DE PIERRELATTE
Dans le Vaucluse
L 'utilité de prolonger le canal jusqu'à Sorgues ne faisait aucun doute pour l'État, l'administration et le monde agricole en pleine crise par suite de l'apparition du phylloxéra, de la flacherie du ver à soie et de la disparition des cultures de garance. Les communes concernées par le passage des canaux soutenaient le projet. Elles voyaient dans l'arrosage le seul moyen de rendre à la culture des terres improductives. La mise à disposition de l'eau permettait de lutter contre l'invasion du phylloxéra par la submersion des vignes, comme à Mornas, par exemple.
A Sorgues
Le 11 novembre 1871, le Conseil Municipal émit le voeu de voir se prolonger le canal jusqu'à l'Ouvèze. Il ajoutait : «la culture de la vigne est devenue impossible dans notre zone ... » et continuait : «... le conseil demande aussi qu'en attendant la réalisation de ce projet, les propriétés, si funestement atteintes par la maladie de la vigne et qui, par leur nature, sont impropres à d'autres cultures, soient dégrevées des impôts qui les frappent... » D'autant que la future zone arrosable constituait l'une des parties de la commune où les irrigations étaient nécessaires : elles devraient permettre une reconversion de l'agriculture en zone de cultures fruitières et maraîchères.
Le projet de loi déclara d'utilité publique le prolongement du canal de Pierrelatte jusqu'à l'Ouvèze. Il fut voté par la Chambre des Députés et le Sénat et la loi promulguée le 22 août 1880. Des affiches furent placardées et insérées dans «Le Radical de Vaucluse» et «Le Moniteur Judiciaire» au cours du mois de janvier 1888. Elles annonçaient la procédure d'expropriation des terrains.
NOUVELLE CONCESSION
L' État transmit la concession à une nouvelle société anonyme qui prit le nom de «Société anonyme du Canal de Pierrelatte et Extensions» au capital de 6 millions de Francs. Elle était tenue d'exécuter non seulement l'élargissement de l'ancien canal et son prolongement, à travers les départements de la Drôme et de Vaucluse, mais encore les canaux secondaires, tertiaires, rigoles et dérivations destinés à amener l'eau en tête des propriétés desservies.
Les travaux furent exécutés par une société nouvellement créée dénommée «Société des Batignolles» . Ils mobilisèrent plus de 200 ouvriers (1).
Le canal principal fut achevé et inauguré par monsieur Méline, ministre de l'agriculture, le 28 avril 1884. La partie se jetant dans l'Ouvèze fut inaugurée en 1894, elle desservait également les communes de Châteauneuf du Pape et de Bédarrides; Les premières expériences de mise en eau eurent lieu du 26 mars 1884 au 20 mars 1885. Entre temps, le 7 juillet 1890, le ministre de l'agriculture nommait une commission afin qu'elle procède à la constatation de la mise en eau de la dérivation de Sorgues (2).
Le périmètre arrosable par le canal fut divisé en sept zones. La quatrième zone s'étendait des limites d'Orange à la rivière Ouvèze. La distribution des eaux comprenait, en dehors du canal principal, des canaux secondaires, tertiaires et dérivations, plus un deuxième réseau de rigoles d'intérêt collectif et privé. Un nouveau mode d'arrosage était appliqué par la Société concessionnaire, complètement différent de l'ancien, en ce sens que tous les canaux étaient établis en relief au-dessus du terrain naturel afin de permettre l'arrosage direct dans les propriétés traversées.
UNE BIEN CURIEUSE FAÇON D'AGIR
Au cours de l'année 1890, les travaux de construction du réseau de distribution se trouvaient assez avancés. Ils permettaient de donner l'eau à une grande partie des souscripteurs. Des avis furent adressés à tous les propriétaires intéressés. Tout en leur rappelant leurs souscriptions de 1870, ils avisaient que les eaux seraient à leur disposition dès l'ouverture de la saison d'arrosage et, par suite, ils les invitaient à faire connaître le point de leurs terres où ils désiraient les recevoir. Qu'ils aient usé ou non de l'eau mise à leur disposition, ces propriétaires furent portés d'office sur les rôles d'arrosage. (3). Cette décision mit en émoi notre commune.
Entre 1870 et 1874, les agents qui recueillaient les souscriptions usèrent bien souvent de ruse pour obtenir les signatures, dans le but d'augmenter la remise qu'ils touchaient sur chacune d'elles, (4). Les intéressés, après avoir attendu près de vingt ans leur exécution, alors qu'ils se croyaient dégagés depuis longtemps de toutes obligations, inopinément la Société du Canal de Pierrelatte leur intimait l'ordre d'avoir à désigner les points de prises d'eau et ce, pour certains, dans un délai ne dépassant pas quinze jours.
Nous pouvons imaginer le tollé que cela produisit chez nos concitoyens, d'autant que, pour quelques-uns, aucun travail n'était en cours d'exécution dans le voisinage de leurs propriétés. Certains ne possédaient aucun double de ces souscriptions, d'autres ignoraient l'engagement souscrit par leurs ayants droit.
Néanmoins, sans autres formes de procès, la Compagnie fit expédier des avertissements par le percepteur de Sorgues à des propriétaires dont on savait qu'ils n'avaient pas fait usage de l'eau, notamment, pour certains, en raison de la situation éloignée de leurs terres.
La Compagnie érigea en système cette manière d'agir, et d'autres communes subirent le même sort (5). Les petits et les faibles furent parmi les plus touchés : pour eux une action en justice était particulièrement difficile (6). Les maires des communes concernées réagirent énergiquement, en particulier Frédéric Granier, maire de Sorgues. Le 14 mars 1892, ils requirent l'arbitrage du ministre de la Justice (7). De plus, on assistait à un revirement d'opinion. Si nos campagnards appelaient de tous leurs voeux, dans les années 1870/1880, la création d'un réseau d'arrosage, il n'en était plus de même en 1890 : soit par défiance à l'égard d'une institution nouvelle, soit par appauvrissement général, leur volonté s'étant émoussée.
Pour faire plier les récalcitrants, la Société dut soutenir de nombreux procès qu'elle gagna (8). Ces procédures aggravèrent sa situation financière, son avenir devint incertain, d'autant que l'augmentation des recettes ne se réalisait pas selon les prévisions. Les instances engagées et le peu d'empressement des riverains à solliciter l'arrosage en étaient la cause. Une lettre du 4 septembre 1893 du ministre de l'Agriculture le confirme d'une curieuse manière : ne faut pas oublier que le sort de la Cie. est entre les mains de la Société des Batignolles, maîtresse, si elle le veut, de mettre fin à son existence (la société du canal de Pierrelatte)... »(9).
L'UTILISATION DES EAUX DU CANAL
Le Président de la République, par décret en date du 24 avril 1898, codifia l'usage de l'eau. L'agriculteur ne se trouvait pas dans un état de liberté absolue, l'arrosage avait lieu jour et nuit à compter du 25 mars jus-qu'au 25 septembre; Mais chaque propriétaire devait se conformer à un horaire précis de façon que l'eau soit équitablement partagée entre les usa-gers; La quantité attribuée à chaque utilisateur, quelle que soit la nature de la culture, était fixée à raison de 28 litres par seconde et par hectare pendant six heures par semaine. Les engagements étaient souscrits pour dix ans.
Sorgues se trouve en fin d'écoulement des eaux ; sans qu'il y ait gas-pillage, il y avait bien souvent pénurie. La Compagnie refusait d'admettre cette permanence ; pour elle, il n'y avait aucun dommage causé : «Si les arrosants s'étaient montrés plus consciencieux pour ne prendre que la quantité qui leur revenait et pendant le temps auquel ils avaient droit, tout aurait dû bien se passer...► déclarait-elle par la bouche de son ingénieur subdivisionnaire (10). Ce jugement était contredit dans une note interne par l'ingénieur en chef qui reconnaissait que, sans l'introduction d'un volume d'eau supplémentaire, les parties extrêmes de notre commune, c'est-à-dire les canaux dits de la Rivière, ne recevaient que 73% du volume alloué (1i).
Cette situation n'était pas sans provoquer des protestations. Au cours de la première décennie de ce siècle, monsieur Bonnet, propriétaire du château de Saint-Maurice, engagea maintes réclamations demeurées sans effet. Il s'était vu dans l'obligation d'appeler la Société devant le Conseil de Préfecture. Celui-ci, par décision du 20 février 1904, rendit un jugement favorable au demandeur, qu'il fit confirmer par le Conseil d'État le 16 avril 1904.
Les pertes de récoltes étaient fréquentes, les plaintes des agriculteurs nombreuses pour irrégularités dans la distribution, volume insuffisant, ou manque total d'eau.
En 1909, par lettre du 30 juillet, le chef d'exploitation du canal annonçait à monsieur Durant, propriétaire à Sorgues, qu'une enquête allait être faite en réponse à la réclamation qu'il avait adressée pour manque d'eau. En 1913, le même chef d'exploitation annonçait au même réclamant qu'il allait procéder au faucardement des herbes. En 1912, Denis Soulier, nouveau propriétaire du château Saint- Maurice, signalait au préfet la pénurie d'eau dont souffrait sa propriété; il continua ainsi, tous les ans jusqu'en 1920, semble- t- il.
LES INTEMPERIES
Les inondations
Les dommages causés par les crues du Rhône aggravaient la précarité financière de la Compagnie. Depuis 1896, notait un mémoire du 24 juin 1911, les inondations se montraient plus fréquentes et dévastatrices. Les canaux compris dans les champs des crues subissaient de lourds dégâts, par suite de glissements des berges, d'obstructions par des arbres, d'apports de sable et de limon qui remblayaient complètement les lits des che-naux. Elles compromettaient l'irrigation pour la saison suivante. La crue du mois d'avril 1909 emporta les rigoles de Malartigue et du quartier des Mourizards. La Compagnie fut obligée d'effectuer des travaux de terrasse-ment. Elle procéda à des enlèvements d'apports de limon aux rigoles du Pouli-Camin et à celles d'Argency (12). Ces rigueurs climatiques eurent pour effet une demande de dégrèvement de taxes par messieurs Onde et Malen, propriétaires, actions qui n'avaient aucune chance d'aboutir car la Compagnie s'opposait fermement à toutes restitutions d'impôts.
Les gelées
Les gelées étaient également destructrices d'ouvrages. Celles de l'hi-ver 1890/91 créèrent de gros désordres, les canaux et rigoles de la commune durent être restaurés (13).
LA GESTION DE L'EAU PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE.
Très rapidement, le guerre modifia l'activité économique du départe-ment. Tous les domaines de la vie quotidienne furent fortement perturbés. Les hommes étaient soit au front soit utilisés dans des usines travaillant pour la guerre. La distribution de l'eau d'arrosage fut également frappée par le manque de main-d'oeuvre. Il en résulta une police des canaux insuffisante et un défaut de surveillance. Partout des prises d'eau clandestines fonc-tionnaient. Les vols d'eau de voisins à voisins étaient de plus en plus fréquents. Les matériaux de construction si nécessaires aux réparations des réseaux se faisaient rares. Les travaux d'entretien des canaux, faucardements, repurgements, réparations qui s'effectuaient chaque année aux mois de février et mars n'étaient plus assurés. Par suite du renchérissement de la main-d'oeuvre, la société tenta, pour moins les payer, d'employer des ouvrières italiennes. Ce fut un échec. Ces femmes ne pouvaient être utilisées à des travaux qui étaient au-dessus de leurs forces.
L'absence d'entretien, de réparations qu'exigeait le bon arrosage des terres finit par amener une véritable catastrophe en 1918, année où la sécheresse se prolongea d'avril à octobre (14). Les cultures potagères séchèrent sur place (15). La récolte de fraises fut plus ou moins normale en 1918, mais ne donna rien en 1919. Les cerisiers, principale richesse de la commune de Sorgues, alimentant un important marché d'exportation, souf-frirent également (16). Cent douze exploitants ou concessionnaires sorguais, représentant 105 hectares de terre, engagèrent une instance devant le Conseil de Préfecture (17). Ils estimaient le montant de leurs pertes à 142.271 francs (18). En décembre 1918, devant un mécontentement unani-me des propriétaires, la Société entreprit les travaux les plus urgents avec une équipe de dix prisonniers de guerre pendant trente jours. Cela ne fut pas suffisant, il aurait fallu le double de temps avec un rendement normal et le quadruple avec le rendement que l'on obtenait en pratique (19). Le Préfet de Vaucluse reconnut partiellement le bien-fondé des actions entre-prises par les propriétaires sorguais. La Société était soumise, selon le cahier des charges, à «l'exécution de ses obligations» (20), mais le Préfet conclut qu'il appartenait aux réclamants de provoquer en temps opportun des mesures nécessaires, la plupart étant mobilisés. Par arrêté préfectoral, un dégrèvement de taxes d'arrosage pour 1918 fut obtenu.
Devant ce manque de bonne volonté, une association des «Usagers des Eaux du Canal de Pierrelatte de Sorgues» fut créée le 9 mars 1919 avec, pour président, Denis Soulier. Devenu Maire, il continuera son engagement contre le coût élevé des taxes en faisant observer «qu'il n'était pas équitable de faire payer au prix fort des réparations qui auraient dû être exécutées bien avant-guerre..».(21). Le 13 juin 1929, il déclarera qu'il fallait rendre justice à la Société du Canal de Pierrelatte car de très sérieux efforts avaient été faits pour améliorer le service des irrigations (22), met-tant ainsi un point final à une bataille juridique de plusieurs aimées.
R. CHABERT
Extrait de la 13ème édition des Etudes Sorguaises "Sorgues dans sa diversité" 2001
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Sources Archives Départementales de Vaucluse ou A.D.
1° AD 7 S 52 fonds Ponts et Chaussées liasse 80
2° AD 7 S 56 Canaux 143
3° AD 7 S Canaux 47 4° AD 7 S Canaux 47 5° AD 7 S Canaux
6° AD 7 S Canaux
7° AD 7 S Canaux
8° AD 7 S Fonds des Ponts et Chaussées 77 folio 256
9° AD 7 S Canaux Fonds Ponts et Chaussées 57 folio 256
10° AD 7 5 45 chemin 28 1908 lettre du 29/04/1908
11° AD 7 S Canaux 25 mai 1908
12° AD 7 S canaux Fonds Ponts et Chaussées n°70
13° AD 7 S 48
14° AD 5 K5
15° AD 5 K 5
16° idem
17° AD 7 S Canaux 43
18° AD 5 K5
19° AD 7 S Canaux 43
20° AD 7 S Canaux
21° AD 7 S Canaux
22° AD 7 S Canaux 4