Le jeudi 8 mai 1902, jour de l'Ascension, vers huit heures, une éruption volcanique de la Montagne Pelée anéantissait Saint-Pierre, la ville la plus importante de la Martinique. En quelques minutes, une population de prés de trente mille habitants périssait sous un torrent de lave et une pluie de feu.
Seul Louis-Auguste Cyparis, dit Samson, considéré comme l'unique survivant, condamné à un mois de prison dans une geôle bâtie à l'aide de grosses pierres comme une borie voûtée, fut rescapé.
Son témoignage publié dans les journaux le rendit célèbre. Le voici : e Il était 8 heures. On n'était pas encore venu m'apporter la ration du jour quand, tout à coup, un bruit formidable se fit entendre. Tout le monde criait au secours, je brûle, je meurs. Au bout de cinq minutes, personne ne criait plut excepté moi... ». (1)
Cette effroyable catastrophe, en s'abattant sur file, jeta la consternation en métropole et causa une commotion dans le monde (2) Le conseil des ministres décida, en signe de deuil, que le drapeau national, sur les édifices officiels, serait en berne trois jours de rang. Le gouvernement fit afficher dans tous les bureaux de poste un placard qui appelait en un seul élan à soutenir la Martinique. Il invitait à la générosité des communes.
Il invitait à la générosité des communes. Dans la séance du 3 juin, Auguste Bédoin, maire, devant les conseillers municipaux, donna lecture d'une lettre du 17 mai, adressée par M. Godin (3), président du comité de secours aux sinistrés de la Martinique. Il sollicitait le concours de la ville pour venir en aide aux victimes. Il soulignait l'extrême détresse des familles : «... il faut pouvoir envoyer aux malheureux réfugiés à Fort-de-France des vivres et des vêtements. De nombreux travailleurs sont, pendant un certain temps, privés de tout moyen d'existence. Il y a à secourir des veuves et des orphelins réduits à la misére.. », « Le conseil, s'inspirant de sentiments que suscite une si grande catastrophe, décida qu'une souscription publique serait ouverte. ». (4)
Nous ignorons si ce geste généreux émut les Sorguais mais, le 13 juillet 1902, une cavalcade fut organisée en faveur des sinistrés de la Martinique. La carte postale ci-dessus montrait le char des enfants, elle était adressée aux demoiselles Schlosing, petites-filles d'Henri Leenhardt.
La participation publique permit de recueillir rapidement 8.791.623 francs 85. Les dons vinrent du monde entier.
Raymond CHABERT
Extrait de la 30ème édition des Etudes Sorguaises "La trentième !" 2019
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(1) Wikipédia et témoignage de Jacquie Minaud.
(2) L'ILLUSTRATION des années 1899-1902, édition "Le livre de Paris" page IBO, année 1988.
(3) Jules GODIN naquit le 14 mars 1844 et II mourut le 21 décembre 1995. fi fut sénateur des Indes de 1891 é 1900 »WlkIpédia.
(4) Archives communales 1 D 8 page 142.