Le vélo pourrait être à lui tout seul le sujet d'un important article dans cette revue des Études Sorguaises.

La période des années 1950 — 1960 est pour le vélo à la fois l'apogée de son histoire et le début de son déclin dans son rôle de moyen de locomotion, de première nécessité, de véhicule du pauvre et de cadeau de Noël le plus souhaité par les enfants.

Le vélo prend une place capitale dans la vie des enfants, des adolescents et des adultes dans ces deux décennies. Il devient un objet de liberté, de commodité et de jeu.

Se souvient--on des vélos qui s'entassaient dans la loge du concierge de la mairie les jours d'école et le dimanche, jour de cinéma ? Les écoliers ou les adultes qui déposaient leur vélo venaient de quartiers excentrés de Sorgues.

J'ai personnellement des souvenirs, d'autres se rappelleront aussi des rassemblements du matin sur le pont de la Sorgue à l'entrée du camp de Badaffier où les grands écoliers encadraient les petits pour se rendre aux écoles de filles ou de garçons. Ceux qui ne possédaient pas de vélo se faisaient « challer » sur le porte- bagage d'un autre, et gare aux pieds dans les « rayons » !

Qui n'a pas le souvenir des courses mémorables, véritables pelotons d'enfants, autour de la place de la Mairie entièrement consacrée à cette époque aux jeux des enfants et aux joueurs de boules (grosses ou pétanques) ?

Tous rêvaient de devenir des BOBET ou des COPPI en entendant crier sur leur passage :

« Baisse la tête, t'auras l'air d'un coureur » !

Cette petite introduction est le prétexte au véritable sujet de cet article : rendre hommage aux Sorguais s'étant illustrés au plan local, national ou international sur une selle de vélo.

Sur le plan local, les courses cyclistes étaient nombreuses. Chaque fête votive du plus petit village avait sa course. Les grands prix des commerçants fleurissaient dans 10 ou 15 villes du département.

Sur le plan national, les grands tours ou critériums et les grands classiques étaient très suivis à la télé (une chaîne en noir et blanc), à la radio ou dans une presse florissante et multiple.

Les héros de ces différents niveaux de courses avaient des « fans » et des supporters.

Les Sorguais de l'étape se nommaient : Antoine ABATE, Freddy DUROU ou Louis DELEUZE.

Jean MILESI, un Sorguais d'adoption (1961), Bas-Alpin d'origine, est venu enrichir le rang des champions sorguais.

Robert SABATIER, un autre Sorguais d'adoption (1960) a parcouru la planète cyclisme.

Ils ont tous un palmarès qui force le respect et, me semble-t-il, méritaient d'être mentionnés dans cette revue annuelle et indispensable des Études Sorguaises.

■ JEAN MILESI

Ses parents, originaires de Bergame (Italie), immigrent à Digne (04). Jean naquit en 1935.

Le jeune Jean tombe amoureux du cyclisme et fait ses débuts de courses au club athlétique de Digne où son père tenait un magasin de cycles en 1952.

En 1954, il signe à l'Amical Oraisonnais.

Les victoires s'enchaînent dans les courses locales et régionales.

En 1957, il gagne, chez lui, le Grand Prix du Corso de Digne. Il est, cette même année, champion de France militaire à Arcachon.

C'est après cette victoire et grâce à Jean Dotto qu'il devient professionnel.

En 1961, il vient habiter à Sorgues.

Il arrête sa carrière de professionnel en 1968 et ouvre à Sorgues, dans la florissante rue commerçante des Remparts, un magasin de vente et de pose de rideaux.

À cause de son grand appétit, il est surnommé dans le peloton « L'estomac ».

Il fut l'équipier des plus grandes légendes du cyclisme des années 50 et 60 : Jacques Anquetil, Raymond Poulidor, Federico Bahamontès (l'aigle de Tolède), Henry Anglade etc. Il porta les maillots les plus prestigieux : Mercier, BP, Margnat, Paloma, Libéria, Hutchinson, Ford France et BIC, les dernières années de professionnel, avec Jacques Anquetil.

Des dizaines de victoires ou places d'honneur dans les plus grandes courses nationales ou internationales :

- 7 tours de France de 1960 à 1966

- 3 tours d'Italie : 1962 — 1966 — 1967

- 3 tours d'Espagne : 1963 — 1967 — 1968.

Jeannot, comme tout le monde cycliste le nomme affectueusement, est un merveilleux conteur.

Dites-lui de vous parler de sa roue « carrée » avec laquelle il gagne à Arcachon le titre de champion militaire ou de cette étape du tour d'Italie en 1962 où il est le seul français à terminer un GIRO apocalyptique sous la pluie et la neige.

■ ANTOINE ABATE

Né à San Martino (Italie), Antoine Abate signe sa première licence de coureur cycliste à l'UCS du Président Chatain.

Il est professionnel en 1958. Sa carrière se termine en 1962.

Avant de passer professionnel, il est, comme Freddy Durou, l'un des maîtres du cyclisme local et régional.

Il gagne, à Avignon, le Grand Prix « Armand Thierry ».

Il gagne ou finit sur le podium plusieurs autres courses régionales (Sorgues, Pont St Esprit, Le Pontet, Marseillan, Montignac).

Il portera les maillots des équipes : Rochet — Margnat et Libéria Grammont.

En 1960, il gagne les 2 étapes du Critérium du Dauphiné, il finit 6e du classement général remporté par Jean Dotto, Poulidor sera 10e et Roger Rivière 11e.

En 1961, il participe au tour de France avec l'équipe France Centre Midi, avec le maillot Margnat-Paloma. Il finit 52e du classement général et 33e du classement de la montagne.

Il termine à la 9e place de la 12e étape après une échappée dans laquelle il trouve Milési (1 le).

Il fait équipe avec Jean Dotto, Jean Milési, Claude Mattio, Anatole Novak.

C'est Jacques Anquetil qui gagne le tour.

■ ROBERT SABATIER

Devenu Sorguais en 1960, né à Mondragon.

Il débute sa carrière au Vélo Club Mondragonnais.

Première victoire prémonitoire à Sorgues pour le Grand Prix de la Fête Votive.

Il gravit les échelons du cyclisme.

Il participe au tour de Suisse où il côtoie Freddy Kubler.

Il prend part au CRITÉRIUM DU DAUPHINE où il court avec Jean Robic.

Il participe à plusieurs critériums où il rencontre Louison Bobet et Jacques Anquetil. Il a toujours été amateur.


■ FRÉDÉRIC DUROU :

Le pur Sorguais. Le sprinter de grande classe !

En 1957, 16e au Grand Prix du journal l'Equipe,

• ler au Grand Prix Corso de Cavaillon — 2e G. Ruel

• Ier à Saint Auban (04) — 2e Baldassaroni

• lerà Bédarrides (84) — 2e José Gil • 1 er à Entrechaux (84) — 2e G. Bellone

En 1958, il fait le tour de Corse.

• 1er à Sorgues — 2e Abate

En 1962, il participe au tour du Dauphiné.

• Il gagne à Jonquières (84) — 2e Delpiano

A Marseillan (34) — 2e Abate

A Montignac (34) — vainqueur en solitaire

Plusieurs places de second.

Champion du Vaucluse à Pernes.

Freddy DUROU a vu sa carrière très pénalisée par son incorporation en Algérie.

Charles VALENTI

Extrait de la 26ème édition des Etudes Sorguaises "Vestiges et curiosités... des temps anciens" 2015