L'élection consulaire à Pont-de-Sorgues au 18ème siècle
L'origine des assemblées communales se perd dans la nuit des temps. Chaque communauté du Comtat, dès qu'elle faisait son apparition dans l'histoire locale, montrait que depuis longtemps elle était en possession d'institutions municipales. Elle avait son parlement, parlamentum, qui élisait le syndic ou consul. En 1366, Facolnet Talon, Jean Belliard et Bertrand Marcel furent les premiers syndics dont notre commune a conservé le souvenir(1). Jusqu'à la Renaissance, ces délégués communaux étaient ainsi nommés mais, lorsque la mode vint au souvenir de l'antiquité classique, l'appellation de consul (2) fut mise à l'honneur et toutes les communes, de la plus grande à la plus petite, obtinrent du vice-légat que leurs syndics portent, à l'avenir, le titre de consuls. Sous l'apparence d'autonomie, l'activité communale était soumise à l'autorité du viguier représentant direct du vice-légat.
Si nous ne connaissons pas l’origine de la première occupation de Gigognan, nous savons que les Romains colonisèrent les lieux et, pour mieux y parvenir, Tibère1 recommanda à ses gouverneurs « de tondre les brebis, de ne pas les écorcher »« …C’était le bonheur d’être soumis à l’Empire romain.2 » Les Romains apportaient dans leurs bagages la coutume de désigner les nouveaux domaines par un adjectif tiré des noms des légionnaires à qui ils étaient attribués. Ainsi la romanisation un peu poussée fit du soldat Gigius un cultivateur de condition libre, son exploitation rappelait cette particularité historique. Cette forme primitive s’est déclinée au cours des âges en : Gigonius, 1178 ecc.3 Saint Martini de Gigonano, 1195 de Gigoinano, 1253 ecc. Saint Vincentii de Giigognano, 1351 de Gighonhano, puis Gigongnan pour devenir Gigognan.4
Le 2 novembre 1896, l’automne fut particulièrement peu clément dans plusieurs régions de France, les pluies avaient gonflé de nombreux fleuves et rivières, notamment l’Yonne, la Marne, la Seine. Le Rhône inondait la région. À Beaucaire et sa contrée, les fermes des environs ne communiquaient plus que par bateau. Pour les malades, le pain, les pommes de terre et la viande, étaient expédiés de Nîmes sur du matériel d’artillerie nécessaire au transport des pièces. 1Dans Avignon, cinquante rues étaient sous l’eau. Le 7éme régiment du génie était fortement mobilisé pour venir en aide à la population. Durant ces épisodes douloureux, le personnel militaire manquait de sommeil. La fatigue, sans doute, fut la cause d’un évènement relaté par le Général Largier. Il l’évoquait dans ses souvenirs du temps où il était capitaine du 7éme génie en Avignon. Le maire, qui était alors Pourquery de Boisserin, était parti en barque rendre visite aux sinistrés de maison en maison. De son côté, l’Évêque en faisait de même. Or il advint qu’ils se rencontrèrent. Il s’ensuivit une altercation. Le capitaine du 7éme génie, Caustine, énervé par la fatigue du service, au cours de la discussion assez vive qui s’était engagée en arriva à gifler le magistrat municipal. Il lui en coûta trente jours d’arrêt de rigueur. L’affaire dut en son temps faire du bruit, car l’édile jouissait d’une extraordinaire popularité. À partir du 23 octobre 1896, Avignon était sous les eaux et la décrue s’amorça le 3 novembre.
(Articles publiés dans les annuaires des années 2003 et 2004-2005 de la Société des Amis du palais des papes et des monuments d’Avignon, reproduits avec son aimable autorisation)
PREMIÈRE PARTIE
Description et intérêt du compte
Le compte du trésorier Estève (Étienne) Naguet, tenu pour la communauté de Sorgues du 24 juin 1454, date de l’élection des syndics, au 24 juin 1455 se présente sous la forme d’un petit cahier papier de 12 feuillets écrits, broché sous une couverture parchemin (acte mutilé de 1391). Il est aujourd’hui microfilmé aux Archives départementales sous la cote 1 Mi 439.
Le tout est écrit en français teinté de provençal, sous l’invocation pieuse répétée au recto et verso de chaque feuillet « Jhesus » ; le montant numérique des opérations est donné au bas de chaque page. Le compte est tenu en florins (=24 sous), gros (=2 sous), sou (=12deniers) et deniers.
Cet article n’a pas l’ambition de traiter, à travers le personnel ecclésiastique, une importante tranche chronologique de la vie religieuse de Sorgues. il s’agit ici simplement d’une ébauche, de la pose de jalons, mais d’autant plus nécessaires que Louis Desvergnes dans sa monographie « Histoire de Sorgues, Pont-de-Sorgues résidence des papes » a beaucoup négligé ce chapitre, se bornant à fournir une simple liste de curés en exercice du XViième siècle à nos jours, carence que fort heureusement a corrigée en partie le volume « Sorgues au temps de la révolution »1. il faudra donc compléter ce petit travail en utilisant des fonds que le manque de temps ne m’a pas permis d’exploiter.