Il y a 100 ans, en octobre 1913, Siméon Ternier ouvre le cinéma leTivoli,événement immortalisé par Braque qui, travaillant à Sorgues avec son ami Picasso sur la technique du papier collé, utilise l’affiche d’annonce d’ouverture pour un tableau devenu célèbre: LeDamier de Braque. Sur l’affiche utilisée par ce dernier, on trouve les films projetés, LaPetite Fifi, Effort Suprême et Vers le Pardon,suivis d’autres représentations dont un western, Cow-boy Millionnaire ainsi que Petits métiers du Caucase, Polycarpe sur lefil et Revanche d’un Brave. Les films muets, en noir et blanc, avaient souvent un accompagnement musical donné par un orchestre.
(La majorité des informations ci-après proviennent de la cote 3P art.1690 déposée aux archives départementales de Vaucluse)
L’agglomération
En 1800, 1562 habitants peuplaient la circonscription territoriale sorguaise (1). L’agglomération, c’était trois cent soixante-treize maisons (2) qui s’enchevêtraient les unes dans les autres avec peu de cossues. La route numéro 15, de Paris à Marseille, suivait le bourg sur sa gauche. En août 1792, le « Bataillon des Marseillais » l’emprunta pour défendre, à Paris, la Patrie en danger : « ... Just l’aubo clarejo.quand travessavian lou vilajoun de Sorgo. Lis ome, li femo en camise, lou péu esgarbaia, avien sauta dóu lié, s’èron mes en fenèstro per nous vèire passa…(3)». Dans sa partie vauclusienne, de nombreux cantonniers l’entretenaient ; malheureusement pour les habitants, aucun arbre ne la jalonnait. La cité disposait d’un relais de poste qui tenait préparés des chevaux frais pour les cavaliers et les postillons.
La peste fut longtemps la première ambassadrice de la «Grande faucheuse », mais c’est le choléra « pathologie à progression brutale »1qui terrorisa le XIXe siècle européen. En France, la première manifestation de la maladie apparut en 1829, elle fut définitivement enrayée en 1837. Elle fit 100 000 morts, dont 20 000 à Paris et ses environs. Casimir Périer, président du conseil, et l’éminent savant Champollion furent parmi les nombreuses victimes.
Suzanne NGUYeN et moi-même, anne marie Do VaN LUoNG, avions fort peu de chance de naître « eurasiennes », mais la guerre de 1940 a modifié les circonstances, amenant à Sorgues des travailleurs indochinois. À nos pères et leurs compatriotes, nous voulons rendre hommage.
Le 29 août 1939, un arrêté du journal officiel de l’indochine française ouvrait le droit de réquisition aux personnes et aux biens sur tout le territoire de l’indochine. Il est ordonné de « lever immédiatement contingents d’ouvriers non spécialisés pour métropole.» « Pour recrutement, usez si nécessaire droit de réquisitions » spécifiait l’ordre. La force a été employée par certains pour accomplir cette mission. Certains recrutés ont dû abandonner femme et enfants, d’autres ont été embarqués sans avoir fait leurs adieux à leur famille. ils ont été 19550 recrutés dont 6900 pour le Tonkin, 1800 pour la Cochinchine, 10850 pour l’annam.
De 1907 à 1928, Marius et Thérèse Héraud furent fermiers au domaine Forestier, chemin de la Traille. Pour eux les semailles, les récoltes, la fenaison, le battage des grains et les vendanges se succédaient régulièrement, d’après l’alternance des saisons.
Au début de leur exploitation, le fauchage était un travail masculin et le ramassage féminin, sauf pendant la Grande Guerre où les femmes durent remplacer les hommes qui, dans la force de l’âge, se battaient au front; la mécanisation vint plus tard. La préparation du foin au râteau était longue, on calculait qu’il fallait, pour un faucheur, quatre femmes pour faner.