En regard du présent article, voici la copie d’une lettre, datée du 2 novembre 1829, qui est adressée « à monsieur de Blégier de Pierregrosse chez le baron de Lagarde au château de Fontgaillarde près Sorgues ».
En 1829, le service postal rural n’était pas organisé en France (il fallut attendre avril 1830)1. Notre village était dépourvu de bureau de poste, il n’y en avait que huit dans tout le Vaucluse. Le bureau de Pernes avait fonctionné par intermittence de 1793 à 1798, puis en 1814, mais il était fermé en 1829.
Avant la création du service postal rural, soit les personnes allaient chercher leur courrier au bureau, soit ce courrier était acheminé par des « piétons »2 qui assuraient ainsi un service postal secondaire. ils étaient rétribués par les communes et non par la Poste.
Il fallut attendre novembre 1838 pour qu’une distribution soit ouverte à Sorgues. De 1830 à fin 1838, Sorgues était une «boîte rurale » d’avignon. C’était un facteur rural qui assurait la distribution.
Le canal de Vaucluse prend naissance dans les eaux de la Sorgue sur le territoire de la commune du Thor, au moyen d’une digue qui était appelée la Cordelière, plus anciennement « la Prise du prévôt », plus antérieurement « Fourches de l’abbé » (furchas abbatis). À présent, cette prise a repris son nom initial. Ce canal avait été construit à une époque dont la date reste inconnue. On en trouve mention dans la charte de donation faite, le 9 juin 1101, par Rostaing de Béranger au chapitre métropolitain d’Avignon. Il conduit d’abord les eaux à l’ancien château d’Eguilles. Là, elles se divisent : une branche se rend à Avignon, l’autre à Sorgues.
Le canal du griffon et l'usine
L’origine du canal du Griffon est parfaitement inconnue. Au temps passé, la tradition voulait qu’il ait servi aux besoins du château des comtes de Toulouse avant d’alimenter le palais pontifical, d’où son nom primitif de « Valat doù Pape ». Le mot valat était l’expression consacrée pour indiquer un canal creusé à mains d’homme1.
A travers les siècles, la chambre apostolique a mentionné son existence par des actes ou décisions. Le 19 février 1545, elle louait par bail emphytéotique aux frères Belli « un fossé vulgairement appelé le valat du pape, avec sa prise d’eau et dérivation du côté du château et une petite place joignant ledit fossé proche des murailles du Pont de Sorgues »2.
Dans notre commune, l’eau claire et abondante a fourni au cours des siècles la force motrice nécessaire à la création de fabriques. On comptait déjà au XIVème siècle une papeterie, bientôt suivie d’une autre cent ans plus tard, plusieurs moulins à blé et « paradous», c’est-à-dire à fouler les étoffes, des filatures de soie, un martinet à poudre.
Au début du siècle dernier, monsieur VERLAY, propriétaire de l’usine à gaz, était concessionnaire de l’éclairage public. La commune était liée avec lui par un contrat qui devait échoir en 1914. Certaines villes voisines avaient renoncé à l’éclairage au gaz en faveur de l’éclairage électrique. Sorgues conservait des réverbères visités chaque soir par un allumeur muni d’une longue perche. Il allait de l’un à l’autre, ouvrait un certain robinet dissimulé dans le fût de la lampe et introduisait sa flamme dans la cage de verre. La cité s’éclairait peu à peu et non soudainement, comme à Avignon, Châteaurenard ou Courthézon. La municipalité s’exposait à de sévères critiques. Afin de dénouer la crise et de faire taire les reproches d’inactivité, après de longues discussions, une convention aboutit entre le propriétaire de l’usine à gaz et la municipalité : monsieur VERLAY devait fournir à la commune huit cents mètres cubes d’eau par jour puisés dans le quartier Chaffunes ; en contrepartie, il s’engageait à procurer l’éclairage public de cent lampes électriques du type dit « seize bougies ». Elles devaient être obligatoirement allumées tous les jours du coucher du soleil à minuit et de cinq heures du matin au lever du soleil. Monsieur VERLAY céda son contrat à la société SUD ÉLECTRIQUE, l’ancêtre d’Électricité De France.